Une ex-otage agressée sexuellement par son geôlier « de la manière la plus horrible qui soit » témoigne à l’ONU
Amit Soussana dénonce le "silence accablant, voire le déni" des atrocités dans son discours au Conseil de sécurité ; Mia Schem : "mon ravisseur me rappelait constamment qu'il m'avait vue nue"

L’ex-otage Amit Soussana a raconté mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies l’agression sexuelle qu’elle a subie dans les geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas, exhortant l’organe international à protéger les captifs restants tout en dénonçant le déni des atrocités commises à leur encontre.
Dans un discours prononcé devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Soussana, qui a été libérée lors du cessez-le-feu conclu fin novembre, a déclaré que son ravisseur l’avait forcée à entrer dans la douche et qu’il l’avait agressée sexuellement sous la menace d’une arme « de la manière la plus horrible qui soit ».
« Il respirait bruyamment et avait un visage monstrueux, semblable à celui d’une bête », a-t-elle expliqué, ajoutant qu’il avait minutieusement planifié l’agression, « complotant et attendant le moment de faire ce qu’il voulait ».
Soussana a déclaré qu’elle était « retenue captive seule, enchaînée à la cheville avec une chaîne métallique, incapable de bouger et obligée de demander l’autorisation d’aller aux toilettes ».
Son ravisseur, a-t-elle dit, « n’arrêtait pas de me poser des questions sexuelles privées tout en s’asseyant à côté de moi en sous-vêtements, en soulevant mon tee-shirt, en me touchant et en me demandant constamment quand mes règles seraient terminées ».
« Je savais exactement ce qu’il avait l’intention de faire, mais je n’ai rien pu faire pour l’en empêcher », a poursuivi Soussana.
Hamas Captivity Survivor Amit Soussana Testifies at UN Security Council
"I urge you, It is your responsibility to protect human rights, to combat terrorism, and to bring those responsible for these heinous crimes to justice. The world is watching, waiting for the UN Security… pic.twitter.com/mtrzCXHVNH
— Bring Them Home Now (@bringhomenow) October 23, 2024
« Lorsque l’agression a pris fin, je n’avais même pas le droit de pleurer ou d’être triste », a-t-elle déclaré.
« Je n’avais personne pour me réconforter et j’ai été obligée d’être gentille avec la personne qui venait de m’agresser sexuellement de la manière la plus horrible qui soit. »
« Il ne se passe pas un jour sans que je pense à ce que cet homme terrible m’a fait, mais je me rappelle sans cesse que je suis libre maintenant et qu’il ne peut plus me faire de mal », a souligné Soussana.
Quelques jours après avoir été agressée, elle a été transférée dans un nouvel endroit avec « différents terroristes du Hamas lourdement armés » qui l’ont torturée, suspendue la tête en bas, battue et humiliée.
« Même si j’étais terrifiée, je me sentais chanceuse de ne pas être avec l’homme qui m’avait violée », a-t-elle dit.
« Finalement, j’ai été emmenée dans un tunnel 40 mètres sous terre, un espace semblable à un tombeau où nous avions l’impression d’être enterrées vivantes. Nous avons été détenues dans des conditions tellement inhumaines. »
Il n’a pas été précisé à quels autres otages Soussana faisait référence.
Soussana a déclaré qu’elle se souvenait « très bien » du jour où elle a été arrachée à son domicile de Kfar Aza.

L’avocate, âgée de 40 ans, est l’une des 251 personnes à avoir été enlevées lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël, le 7 octobre, tuant plus de 1 200 personnes, principalement des civils – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle. Ce massacre avait déclenché la guerre à Gaza.
« Cela a commencé comme un samedi matin paisible, un jour férié en Israël », a-t-elle raconté, « mais la tranquillité a été brisée par le bruit de milliers de missiles tirés depuis Gaza, suivi par l’approche terrifiante de tirs d’armes lourdes ».
Barricadée dans son mamad – abri anti-atomique -, Soussana tremblait de peur.
« Au moment où une grenade a explosé dans mon salon, ma maison a été envahie par des terroristes lourdement armés et habillés en civil », a déclaré Soussana.
Pieds nus et en pyjama, elle a pris la couverture de son lit pour se couvrir le corps et elle a été « traînée hors de [sa] maison en flammes jusqu’à la frontière de la bande de Gaza, sévèrement tabassée en chemin ».
« J’ai eu l’impression qu’ils prenaient plaisir à me faire du mal. Ils ont même touché mes parties intimes alors que j’essayais de leur résister », a poursuivi Soussana.
« Je leur ai résisté, tout en sachant que cela pouvait entraîner ma mort, mais à ce stade, j’étais prête à mourir », a-t-elle déclaré.
« J’ai craint pour mon corps et mon âme plus que pour ma vie, alors j’ai résisté. »
Une vidéo tournée ce jour-là montre Soussana tentant désespérément de s’échapper alors qu’elle est traînée par un groupe de terroristes à travers les champs et à l’intérieur de Gaza.
« Mon visage et mon corps étaient couverts d’ecchymoses et gonflés. L’orbite de mon œil a été brisée et je souffre toujours d’une blessure au genou », a déclaré Soussana à l’ONU.
« Il est de votre responsabilité de protéger les droits de l’Homme, de combattre le terrorisme et de traduire en justice les responsables de ces crimes odieux », a-t-elle fait remarquer à l’assistance.
« Le monde regarde et attend que le Conseil de sécurité de l’ONU soit à la hauteur de son mandat. »

Soussana était l’une des nombreuses survivantes de violences sexuelles liées aux conflits qui se sont adressées au Conseil de sécurité lors d’une cérémonie marquant le quinzième anniversaire du mandat de l’ONU sur les violences sexuelles en période de conflit.
Elle a expliqué qu’en prenant la parole, elle honorait la promesse qu’elle avait faite aux autres otages « en racontant [son] histoire, même s’il est douloureux de revivre ces horreurs ».
« Je ne peux pas rester silencieuse à cause de ma promesse, mais aussi à cause du silence écrasant, voire du déni, des atrocités qui ont été commises et qui continuent d’être commises à l’encontre de tous les otages toujours bloqués à Gaza, depuis 383 jours angoissants », a-t-elle souligné.
Israël a accusé l’ONU de minimiser les violences sexuelles commises lors de l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre 2023.

Pramila Patten, l’envoyée des Nations unies pour les crimes sexuels, a dirigé une mission de recherche en Israël au mois de janvier qui a constaté des preuves de violences sexuelles à la fois lors de l’assaut et à l’encontre des otages.
Soussana a déclaré à l’ONU qu’elle avait rencontré Patten au mois de janvier et a elle félicité l’émissaire d’avoir tenu sa promesse « de ne jamais renoncer à obtenir la libération des otages ».
Soussana avait été la première otage libérée à parler publiquement des abus sexuels qu’elle a subis alors qu’elle était retenue en otage à Gaza. Elle avait raconté son calvaire dans une interview accordée au New York Times en mars.
En début de semaine, Mia Schem, qui avait également été libérée lors du cessez-le-feu de novembre, a déclaré qu’elle avait été victime de harcèlement sexuel alors qu’elle était détenue à Gaza par le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Dans une interview diffusée dimanche sur la chaîne HOT3, elle a déclaré qu’elle était arrivée chez son ravisseur en saignant abondamment et avec son bras « désarticulé », et qu’elle s’était évanouie, s’effondrant sur le sol de la salle de bain, alors qu’elle essayait d’insérer un tampon, sous le regard de la femme de son geôlier qui se tenait juste à côté d’elle.
Elle s’était réveillée, nue dans un lit.
Par la suite, elle a expliqué que son ravisseur lui « rappelait constamment qu’il [l]’avait vue sans sous-vêtements ».
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.