Une ministre israélienne en visite “privée” à Cuba – une première depuis 1973
Les “vacances familiales” de Miri Regev ne donneront lieu à aucune rencontre avec les autorités du pays communiste, qui n’a pas de liens diplomatiques avec Israël

Miri Regev, la ministre de la Culture, s’est rendue à Cuba pour des « vacances familiales privées », a annoncé son bureau mardi. C’est la première fois qu’un membre du gouvernement visite le pays depuis la rupture des relations diplomatiques avec Israël en 1973.
La visite, annoncée par le quotidien Haaretz, n’a pas été organisée par le ministère des Affaires étrangères, et ne comprendra aucune rencontre avec des représentants cubains, a indiqué un porte-parole du ministère au Times of Israël. Le ministère et le bureau du Premier ministre ont été informés de ce voyage, a-t-il dit.
« Il s’agit de vacances familiales privées, qui n’ont rien à voir avec son poste de ministre du gouvernement », a dit le porte-parole, ajoutant que Regev était partie dimanche pour une semaine et demi.
Le ministère des Affaires étrangères a refusé de s’exprimer sur ce voyage.

Sans ambassade israélienne dans le pays, c’est le Canada qui représente actuellement les intérêts d’Israël à La Havane, notamment auprès de la communauté juive du pays.
Malgré l’absence de relations diplomatiques officielles, les Israéliens entretiennent des relations commerciales avec Cuba – Rafi Eitan, ancien du Mossad et ancien député, y a fondé plusieurs entreprises dans l’agriculture et le bâtiment – et des Israéliens viennent souvent faire du tourisme dans le pays. Depuis 2003, les Juifs cubains peuvent venir en Israël.
Moins de 1 000 Juifs vivent actuellement à Cuba, contre 30 000 dans les années 1950, quand les Juifs ont, comme leurs compatriotes, fui le régime répressif de Cuba.
Le porte-parole de Regev n’a pas précisé si elle allait rencontrer des représentants de la communauté juive.

En décembre 2014, les Etats-Unis ont rétabli leurs relations diplomatiques avec La Havane, mettant fin à des décennies d’hostilité. En mars 2016, Barack Obama est devenu le premier président américain à se rendre sur l’île depuis 1928.
Pendant des décennies, Israël et les Etats-Unis ont été les seuls pays à soutenir un embargo économique contre le pays. Etant donné les étroites relations entre Washington et Jérusalem, il était attendu qu’Israël suive l’exemple d’Obama dans la détente avec Cuba. « Nous n’avons pas de conflit avec Cuba ; la déconnexion entre nos pays n’est pas naturelle », avait dit l’année dernière un responsable diplomatique israélien au Times of Israël.
Jérusalem considère que La Havane est un acteur crucial de la formation de l’opinion publique de la gauche d’Amérique latine, et souhaiterait donc rétablir des relations diplomatiques. Dans les années 1950 et 1960, des relations cordiales existaient, et Cuba a résisté à la pression arabe pour rompre les relations après la guerre des Six Jours de 1967.
Cuba a rompu les relations en 1973, non pas à cause de la guerre de Yom Kippour, mais parce que Fidel Castro voulait être élu à la présidence du Mouvement des non alignés.
Les relations israélo-cubaines se sont depuis détériorées. En 2010, Fidel Castro avait comparé la politique d’Israël envers les Palestiniens au génocide nazi des Juifs. « Il semble que la croix gammée du Führer soit aujourd’hui la bannière d’Israël », avait affirmé le dirigeant de 83 ans.

En 2014, il avait accusé Israël de « génocide » dans la bande de Gaza, et estimé que l’opération Bordure protectrice était « une nouvelle forme répugnante de fascisme. »
En 2010, Fidel Castro, qui avait été remplacé à la présidence par son frère Raoul quatre ans auparavant, avait cependant dit au journaliste américain Jeffrey Goldberg qu’Israël avait « sans le moindre doute » le droit d’exister en tant qu’Etat juif. Quand Goldberg lui avait demandé si La Havane allait envisager de reprendre des relations diplomatiques, il avait répondu que de telles choses prenaient du temps, mais sans rejeter cette possibilité.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.