Yad Vashem critique l’accord israélo-polonais sur la reprise des voyages des jeunes
Le mémorial de la Shoah en Israël s'élève contre la visite de sites historiques polonais de nature à pervertir l'histoire de la Shoah ; pour Lapid c'est "une honte nationale"
Le mémorial de la Shoah Yad Vashem a critiqué les termes du récent accord israélo-polonais fixant les conditions de reprise des voyages de jeunes en Pologne, au motif que certains lieux de visite ne conviennent pas à des voyages éducatifs.
Les termes de l’accord, publiés ce lundi par Haaretz, incluent des recommandations de visites de sites historiques polonais, parmi lesquels des sites commémorant des individus impliqués dans le meurtre de Juifs ou encore axés sur la victimisation de la Pologne du temps du nazisme.
La nouvelle a été critiquée par un certain nombre d’historiens israéliens.
Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a écrit sur Twitter que la « capitulation » d’Israël face à la Pologne dans le récent accord conclu entre les deux pays « est une honte nationale ».
« Pendant des années, les Polonais ont tenté par tous les moyens de cacher et de nier le rôle de nombreux Polonais dans l’extermination [des Juifs pendant la Shoah] – aux côtés des Justes parmi les Nations qui ont agi pour sauver des Juifs… Il est inacceptable que les voyages des jeunes qui viennent apprendre la Shoah servent à apprendre le récit polonais. »
« J’ai honte que le gouvernement israélien ait renoncé à sa morale et à ses principes », a-t-il déclaré, en tant que fils d’un survivant de la Shoah.
Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch (Likud), qui a participé à l’élaboration du nouvel accord, a déclaré que Lapid, sous le gouvernement précédent, « était responsable de la destruction des relations » avec la Pologne et « essaie maintenant de faire ce qu’il fait le mieux : ruiner les relations internationales ».
Kisch a insisté sur le fait « qu’il n’y a aucun changement dans les voyages [d’étudiants]. Tout le reste n’est que fake news ».
Yad Vashem a dit ne pas avoir été consulté pour la rédaction de cette liste et a souligné que l’apprentissage de l’histoire de la Shoah en Pologne doit également passer par celui du « rôle du peuple polonais dans la persécution, la dénonciation et le meurtre des Juifs, ainsi que dans leur sauvetage ».
Il lui semble que l’accord ne s’y oppose pas, mais que la liste des sites recommandés – parmi lesquels les étudiants devront choisir un seul site pour leur voyage – « comprend des lieux problématiques, qui ne devraient pas être les destinations d’un voyage éducatif » car ils sont susceptibles de tordre l’histoire de la Shoah ou de promouvoir « un récit incorrect sur le plan historique ».
Le musée a précisé que les étudiants ne seraient pas obligés de visiter de tels sites.