2 combattants pro-Iran tués et 5 soldats syriens blessés dans un 3e raid israélien
Des sources de renseignement occidentales ont déclaré que les frappes avaient touché une série de bases aériennes dans le centre de la Syrie, où se trouve du personnel iranien
Deux combattants pro-iraniens ont été tués et cinq soldats syriens blessés en Syrie lors d’un raid aérien dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Damas accusant Israël d’avoir mené cette opération.
Ce raid, survenu à Homs (centre), est le troisième visant la Syrie en moins de quatre jours. Israël a annoncé avoir abattu dimanche un drone survolant son territoire.
Des images circulant sur les réseaux sociaux montraient des explosions et des volutes de fumée dans le ciel tôt samedi.
« Aujourd’hui (dimanche) vers 00h35 (21h35 GMT samedi), l’ennemi israélien a mené une agression aérienne depuis le nord-est de Beyrouth en visant des positions dans la ville de Homs et sa province », a indiqué l’agence officielle syrienne SANA, citant une source militaire, ajoutant que plusieurs missiles avaient été interceptés par la défense antiaérienne. La Syrie prétend régulièrement intercepter avec succès les frappes israéliennes, mais les analystes militaires doutent de ces affirmations.
Une source militaire syrienne a déclaré à SANA que « vers 00h35 du matin, l’ennemi israélien a mené une agression aérienne depuis le nord-est de Beyrouth, visant certains points de la ville de Homs et de sa campagne ».
Dimanche, « les frappes ont tué deux combattants pro-iraniens dont les nationalités demeurent pour l’instant inconnues et ont blessé cinq membres de la Défense aérienne syrienne », a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Les deux combattants ont été tués lorsqu’un « dépôt d’armes appartenant aux forces du Hezbollah libanais au sein de l’aéroport militaire de Dabaa, dans la zone au sud-ouest de Homs, a été détruit » par ces frappes, a précisé M. Abdel Rahmane, dont l’ONG possède un vaste réseau de sources en Syrie.
Selon l’OSDH, les missiles ont ciblé plusieurs positions militaires des forces syriennes affiliées à l’Iran. Un incendie s’est aussi déclaré dans un centre de recherches.
Des sources de renseignement occidentales ont déclaré à Reuters que les frappes avaient touché une série de bases aériennes dans le centre de la Syrie, où se trouve du personnel iranien.
أحد الفيديوهات المتداولة لأحد المناطق التي اصيبت بإعتداء صاروخي اسرائيلي بريف #حمص وسط #سورية . pic.twitter.com/ATcHBTzKUs
— Khaled Iskef خالد اسكيف (@khalediskef) April 1, 2023
Les deux sources ont indiqué que les frappes visaient la base aérienne de Tiyas, également connue sous le nom de T-4, située près de la cité antique de Palmyre dans le gouvernorat de Homs, et l’aéroport d’al-Dabaa près de la ville d’al-Qusayr, également dans le gouvernorat de Homs, à proximité de la frontière libanaise. Cette zone est connue pour la présence de membres du Hezbollah libanais, une importante organisation terroriste soutenue par l’Iran, et d’autres groupes et milices pro-iraniens.
T-4 serait l’un des deux principaux aéroports – l’autre étant l’aéroport international de Damas – où atterrissent souvent les compagnies aériennes iraniennes transportant des armes de grande taille destinées au Liban. Les armes sont ensuite stockées dans des entrepôts de la région avant d’être acheminées par camion vers le Liban.
Les frappes aériennes de samedi sont intervenues un jour après que les médias syriens ont déclaré que des frappes aériennes israéliennes avaient touché la capitale Damas pour la deuxième fois cette semaine. L’OSDH a déclaré que ces frappes visaient un dépôt d’armes destiné aux forces gouvernementales et aux groupes soutenus par l’Iran, au sud de Damas.
Damas a été ciblée deux nuits consécutives, jeudi et vendredi, par des raids imputés par le régime syrien à l’État hébreu.
Jeudi, le raid aérien a blessé deux soldats syriens, selon le ministère de la Défense syrienne, qui a également fait état de dégâts matériels.
L’état de santé des deux soldats n’a pas été précisé dans l’immédiat. Ces dernières années, de nombreux soldats syriens servant dans des unités de défense aérienne ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes.
Et vendredi, un nouveau raid a tué deux Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, dont l’un a succombé à ses blessures dimanche, d’après Sepahnews, le site des Gardiens.
« Le sang de ces martyrs de haut rang ne sera pas vain », a affirmé dimanche le porte-parole de la diplomatie iranienne Nasser Kanani, évoquant le raid de vendredi.
Téhéran « se réserve le droit de riposter (…) au moment et à l’endroit appropriés », a-t-il prévenu.
Au cours des dernières années, Israël a mené des centaines de frappes aériennes dans le pays contre des positions du régime, mais aussi contre celles des forces iraniennes et du Hezbollah, alliés de Damas et ennemis jurés d’Israël.
Alleged Israeli airstrikes targeted sites near Homs in central #Syria on Saturday night, the third such strikes to target Syria in a week.
Initial reports indicated that the Dabaa airbase near al-Qusayr was targeted by the strike. pic.twitter.com/UpSgUHsEdz
— ToniMrad (@murat_toni) April 1, 2023
En règle générale, l’armée israélienne ne commente pas les frappes spécifiques en Syrie, mais elle a reconnu avoir effectué des centaines de sorties contre des groupes soutenus par l’Iran qui tentaient de prendre pied dans le pays au cours de la dernière décennie.
L’armée israélienne affirme qu’elle s’attaque également aux cargaisons d’armes destinées à ces groupes, dont le principal est le Hezbollah. En outre, des frappes aériennes attribuées à Israël ont visé à plusieurs reprises des systèmes de défense aérienne syriens.
First photos tonight of reported strikes by #Israel near Homs. Some indications it may have been targeting al-Dabaa Air Base. Would note Israel has struck here before, including, per @Israel_Alma_org, targeting a Matla-ul-fajr #Iran VHF 3d radar.https://t.co/HR8KITHQf1 pic.twitter.com/2nV0bOeAc8
— Jason Brodsky (@JasonMBrodsky) April 1, 2023
Israël a frappé deux fois en mars l’aéroport d’Alep, ville du nord de la Syrie où les groupes relevant de l’Iran et de ses alliés ont une grande influence.
Le 7 mars, le premier raid a fait trois morts et le 22 mars, le deuxième a provoqué des dégâts matériels, selon l’OSDH.
L’une des frappes de la semaine dernière a également visé un dépôt de munitions souterrain à l’aéroport militaire adjacent de Nairab, selon deux « sources de renseignement régionales » anonymes qui ont parlé à l’agence de presse Reuters. Les sources ont déclaré que le site était utilisé pour stocker des systèmes de guidage de missiles qui avaient été livrés par des vols cargo iraniens.
Ce mois-ci également, Israël a effectué une rare frappe de jour contre des cibles dans le nord-ouest de la Syrie, blessant trois soldats et causant des dégâts, selon SANA.
« Lourd tribut »
Israël a annoncé dimanche avoir abattu un drone.
« Des hélicoptères et des avions de combats ont été déployés pour poursuivre un appareil volant non identifié qui semble être entré en territoire israélien depuis la Syrie », a déclaré l’armée israélienne dans un communiqué.
« L’appareil a été abattu dans une zone découverte », a-t-elle précisé, tandis qu’un porte-parole de l’armée a confirmé à l’AFP que l’engin était sans pilote.
Enfin, dimanche soir, une voiture piégée a explosé à Damas, a annoncé l’agence d’État syrienne SANA, citant une source policière. « Une bombe a explosé dans une voiture civile, y mettant le feu sans faire de victime », selon la même source.
Le ministère de l’Intérieur a déclaré que « deux personnes ont été légèrement blessées » dans l’attentat, qui a touché un pick-up.
Il est impossible pour le moment de savoir qui est responsable de l’attaque et qui était ciblé.
La Syrie est ravagée par une guerre civile, déclenchée par la répression en 2011 de manifestations prodémocratie et qui s’est complexifiée au fil des ans avec l’intervention de plusieurs pays et groupes armés étrangers.
Lors de la réunion hebdomadaire de son cabinet, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré « exiger un lourd tribut de la part des régimes qui soutiennent le terrorisme, au-delà des frontières d’Israël », sans pour autant confirmer la responsabilité d’Israël dans les raids.
Bien qu’en proie à d’importantes manifestations contre un projet controversé de réforme judiciaire, l’État hébreu demeure « déterminé » à combattre ses « ennemis sur tous les fronts, partout et à chaque fois que c’est nécessaire », a-t-il martelé.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.