Israël en guerre - Jour 528

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Reportage

A la frontière de Gaza, un hôpital de campagne mis en place par Tsahal demeure vide

Des Palestiniens blessés quittent Gaza par le passage d’Erez, mais bien peu restent pour un traitement médical ; Tsahal estime que c’est la faute du Hamas

Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Une salle d'examen à l'hôpital (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
Une salle d'examen à l'hôpital (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

PASSAGE D’EREZ, nord de la bande de Gaza – Les bannières de toile qui parsèment les routes israéliennes à proximité de la bande de Gaza disent l’humeur du public ces jours-ci.

« Inébranlables à la maison – victorieux sur le front », lit-on sur une pancarte. Une autre affirme qu’« Ensemble, nous allons gagner ».

Près des stations-service dans lesquelles des réservistes fatigués en uniforme poussiéreux prennent le petit déjeuner avec leurs familles, certaines bannières sont davantage belliqueuses. « Sommes-nous devenus fous ? Coupez l’électricité à Gaza immédiatement ! » peut-on lire sur une bannière tandis qu’une autre cite simplement le verset 38 du psaume 18 : « Je poursuis mes ennemis, je les atteins ; point de relâche avant que je ne les aie détruits ».

Mais au passage d’Erez, sur le périmètre nord de la bande de Gaza, l’atmosphère est beaucoup plus conciliante. Erez est la seule passerelle piétonne de Gaza sur Israël, et tout au long de l’opération Bordure protectrice, plus de 400 Palestiniens l’ont traversé dans les ambulances locales à la recherche d’un traitement médical dans des hôpitaux israéliens ou de Cisjordanie.

Le 21 juillet, l’armée israélienne a ouvert un hôpital de campagne militaire dans l’immense terminal frontalier, destiné à fournir un traitement d’urgence pour les civils blessés dans la bande de Gaza et pour ceux qui ne peuvent pas obtenir des soins médicaux dans les installations médicales de Gaza. Deux semaines plus tard, le bureau de presse du gouvernement a invité un bus de journalistes étrangers pour voir l’hôpital pour la première fois, en s’efforçant de montrer les efforts militaires israéliennes pour protéger la vie des civils palestiniens.

Avec un personnel permanent de 20 médecins, infirmières et médecins sur place, l’hôpital de campagne d’Erez dispose d’équipements de réanimation, d’une salle d’accouchement, d’une pharmacie, de services de laboratoire. Les spécialistes comprennent un pédiatre, un ophtalmologue et un gynécologue. Pourtant, malgré l’empressement apparent des professionnels israéliens de traiter les Palestiniens dans le besoin, l’hôpital était complètement vide vendredi.

Le lieutenant-colonel Rachel Mezan du Corps médical de Tsahal (à gauche) et le lieutenant-colonel Sharon Biton du COGAT à l'hôpital de campagne d'Erez - 1 Août 2014 (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
Le lieutenant-colonel Rachel Mezan du Corps médical de Tsahal (à gauche) et le lieutenant-colonel Sharon Biton du COGAT à l’hôpital de campagne d’Erez – 1 Août 2014 (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

Des animaux en peluche colorés reposaient intacts sur un lit d’hôpital propre dans la salle pédiatrique; des médecins en uniforme militaire et en manteaux blancs arpentaient les couloirs vides, avec des stéthoscopes autour du cou.

« Nous rencontrons une profonde méfiance des patients », a déclaré le lieutenant-colonel Sharon Biton de la Coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), la branche de l’armée chargée des affaires civiles palestiniennes, qui mettent en place l’hôpital avec le corps médical. Depuis sa création, l’hôpital a traité quelque 50 Palestiniens et a fourni un traitement d’urgence à quelques-uns, explique-t-il.

« Au début, les gens refusent que nous les traitions, mais plus tard, ils se calment et comprennent que nous sommes de leur côté. Nous sommes entièrement détachés des combats [de la bande de Gaza] », assure Biton au Times of Israel.

On pourrait s’attendre à plus d’activité dans cet hôpital étant donné le nombre élevé de blessés palestiniens à quelques kilomètres de distance dans les hôpitaux sous-équipés de Gaza. Biton explique que c’est la pression du Hamas qui explique la sous-utilisation de l’hôpital.

« Nous savons que l’ennemi empêche les gens de venir ici » dit-il. Les fonctionnaires du ministère de la santé de Gaza n’étaient pas immédiatement disponibles pour commenter.

Dans un cas cité par Biton, un enfant de sept ans a été amené à l’hôpital et rapidement diagnostiqué avec une leucémie. Avant d’être transféré à l’hôpital Shiba en dehors de Tel-Aviv, sa grand-mère a demandé à signer des formulaires d’admission israéliens.

« Au début, la grand-mère a dit qu’elle ne pouvait ni lire ni écrire, mais elle nous a dit ensuite qu’elle était directrice d’école, donc apparemment elle pouvait », estime Biton, qui supervise aussi la traduction arabe-hébreu à l’hôpital. « Quand je lui ai demandé pourquoi elle nous avait dit cela, elle a dit que nous devions comprendre la peur et la méfiance de base, ce que j’essaie de faire ».

Les quelques patients qui arrivent à Erez ont été soit repris par les unités de combat de Tsahal sur ​​le terrain, ou visés par l’UNRWA ou la Croix-Rouge. Une femme de 75 ans a été laissée par sa famille en fuite à Khan Younis et portée à Erez dans un état de déshydratation et de fatigue par des soldats israéliens. Un homme de 21 ans est arrivé dans un état grave avec des éclats d’obus dans le poumon. Tous deux ont été transférés vers des hôpitaux israéliens.

« Nos capacités sont destinées aux résidents de la bande de Gaza à venir pour qu’ils puissent recevoir un traitement médical » a déclaré Rachel Mezan, infirmière en chef du Corps médical et chef de l’hôpital de campagne. « Nous sommes très expérimentés dans ce type de mission. Nous avons mis en place l’hôpital rapidement et nous l’adaptons à l’évolution des besoins. Dans certains cas, nous avons vraiment réussi à sauver des vies ».

Mezan a pris part à de nombreuses missions humanitaires de Tsahal à l’étranger, et plus récemment, dans le cadre de l’équipe médicale israélienne envoyée aux Philippines après le typhon Haiyan en novembre 2013.

Tous les journalistes présents lors de cette tournée ne semblaient pas convaincus que l’hôpital vide représentait une bonne opération de relations publiques pour Israël. Au contraire. Certains ont même été enclins à croire que c’était plutôt un stratagème cynique destiné à recueillir la sympathie internationale. De la même manière qu’il est irréaliste de s’attendre à ce que les Palestiniens demandent de l’aide médicale à l’armée de l’ennemi.

« J’ai été surpris de voir qu’il n’y avait pas de Palestiniens ici », a déclaré un journaliste français. « Cela pourrait être très dommageable pour l’image d’Israël ».

Le journaliste a déclaré que plutôt que d’utiliser des images de l’hôpital vide qui terniraient Israël, il ferait mine d’ignorer complètement toute cette histoire.

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