Allemagne: suspension du procès d’un ex-garde nazi pour raison de santé
Johann Rehbogen, âgé de 95 ans, avait "connaissance de toutes les méthodes pour tuer", selon l'accusation
Le procès d’un ancien garde de camp nazi en Allemagne pour complicité présumée de centaines de meurtres a été suspendu jeudi en raison de la dégradation de l’état de santé de l’accusé, âgé de 95 ans.
« Une expertise médicale visant à établir si l’accusé est en état d’être jugé sera réalisée en janvier », a indiqué à l’AFP Gregor Saremba, porte-parole du tribunal de Münster où se déroulaient jusqu’ici les audiences.
« S’il est déclaré apte, le procès redémarrera à zéro ». En revanche, « en cas d’inaptitude durable, le procès et l’action publique prendront fin », a-t-il ajouté.
L’homme, Johann Rehbogen, souffre de problèmes cardiaques et rénaux et a dû être hospitalisé. Il n’est pour le moment plus en mesure de suivre les audiences. Ce procès ouvert en novembre est probablement un des derniers en Allemagne sur cette période, compte tenu de l’âge avancé des dernières personnes encore dans le viseur de la justice.
En tout, 14 audiences étaient prévues jusqu’à janvier et limitées à deux heures chacune afin de ménager le nonagénaire.
Johann Rehbogen est accusé d’avoir travaillé entre juin 1942 et septembre 1944 dans le camp nazi de Stutthof, près de Gdansk en Pologne, où quelque 65 000 personnes ont été tuées, essentiellement des femmes juives des pays baltes et de Pologne. Ce camp a été intégré au système d’extermination des Juifs en juin 1944.
L’accusé, qui avait « connaissance de toutes les méthodes pour tuer », a « délibérément approuvé les meurtres de centaines de personnes » même sans y avoir participé directement, selon l’accusation.
Il encourt jusqu’à 15 ans de prison, une peine symbolique vu son âge.
Ces dernières années, l’Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS pour complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, mais très tardive, de la justice allemande.
Cependant, aucun de ces condamnés n’est jusqu’ici allé en prison en raison de leur état de santé.