Caricature d’Hanouna: Barrot dénonce « l’instrumentalisation » de « codes antisémites » par LFI
"Une faute morale parce qu'une nouvelle fois, venant de La France insoumise, on voit une forme d'instrumentalisation des codes antisémites les plus nauséabonds", a dit le ministre

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est dit « choqué » dimanche par l’affiche de la France insoumise (LFI) représentant Cyril Hanouna, et a dénoncé une « instrumentalisation des codes antisémites les plus nauséabonds », lors d’un entretien sur Radio J.
« Cette opération, c’est à la fois une faute morale et c’est une faute juridique », a déclaré M. Barrot. « C’est dégradant et cela appauvrit notre débat politique ».
« Une faute morale parce qu’une nouvelle fois, venant de La France insoumise, on voit une forme d’instrumentalisation des codes antisémites les plus nauséabonds », a-t-il dit.
« Et c’est une faute juridique parce que (…) diffuser un hyper-trucage, c’est-à-dire une deepfake, sans le consentement de la personne et sans préciser qu’il s’agit d’une deepfake, et bien c’est puni de 15 000 euros d’amende et d’un an d’emprisonnement », a-t-il ajouté.
Le tollé provoqué par un visuel montrant le visage de Cyril Hanouna, d’origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive, sème le trouble jusque dans les rangs de LFI.
L’image, diffusée mardi sur les réseaux sociaux par LFI pour battre le rappel des manifestations du 22 mars contre le racisme, a été rapidement retirée face au tollé suscité dans l’ensemble de la classe politique.
Elle a été élaborée à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle, a précisé vendredi le député et cadre insoumis Paul Vannier, reconnaissant une « erreur ».
Le chef de LFI Jean-Luc Mélenchon avait lui en revanche dénoncé jeudi la « propagande des réseaux d’extrême droite » et juré que son mouvement n’a « rien à voir avec le racisme ».
Un élu LFI a confié à l’AFP sous le sceau de l’anonymat que « ce visuel n’aurait jamais dû exister », même s’il se dit « sûr que ça n’a pas été fait avec une intention antisémite ».
« Mais qu’à aucun moment, de la conception à la diffusion, personne n’y ait pensé… Il y a un problème de culture politique », déplore cet élu, qui émet deux hypothèses : « Soit ça a été validé et c’est un problème de ligne politique, soit c’est pas validé et c’est un problème d’organisation ».
Dans les deux cas, « il y a une responsabilité à assumer » pour reconnaitre « qu’on a fait une connerie ». Et dans l’organisation du parti, celle-ci revient aux « membres chargés de la ‘coordination des espaces’, au titre de la ‘bataille médiatique’ « , souligne-t-il.
Façon de désigner sans les nommer deux figures majeures de LFI, proches parmi les proches de Jean-Luc Mélenchon : le coordinateur en chef Manuel Bompard, qui a hérité de la circonscription marseillaise de son mentor, et la députée de Paris Sophia Chikirou, ex-conseillère en communication du triple candidat à la présidentielle.
De son côté, l’animateur a assuré vouloir intenter « une action en justice », qualifiant LFI de « bien pire que l’extrême droite ».