Cisjordanie: manifestation d’avocats palestiniens contre les décrets d’Abbas
Les manifestants dénonçaient le pouvoir jugé autoritaire du président de l'AP, dont le mandat a techniquement expiré en 2009 et son recours aux décrets présidentiels pour gouverner

Des centaines d’avocats palestiniens ont organisé lundi à Ramallah, en Cisjordanie, une rare manifestation contre le pouvoir jugé autoritaire du président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, dénonçant son recours aux décrets présidentiels pour gouverner.
« Oui à un Parlement élu », « Oui à un pouvoir judiciaire indépendant », « Non aux lois issues de décrets », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les manifestants près du bureau du Premier ministre de l’AP Mohammed Shtayyeh, lors de ce rassemblement organisé par l’Association du barreau palestinien.
« Notre demande est soit de stopper l’application ou d’annuler » une série de lois restrictives adoptées par décrets, a affirmé à l’AFP Suheil Ashour, président de l’organisation, estimant qu’elles restreignaient « les droits et libertés » des Palestiniens.
Les forces de sécurité palestiniennes ont bloqué l’accès au bureau du Premier ministre pour empêcher les manifestants de s’y rendre.
Le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) ne siège plus depuis 2007 en raison de divisions intestines entre le Hamas, groupe terroriste islamiste ayant pris le pouvoir dans la bande de Gaza, et le parti Fatah laïc du président Mahmoud Abbas, au pouvoir en Cisjordanie.

M. Abbas ne gouverne ainsi que par décrets.
Pour Farhan Abou Aïsha, un avocat, M. Abbas prend des décisions « dans l’obscurité ». « Le pouvoir législatif est absent en Palestine et l’autorité judiciaire est marginalisée », a-t-il regretté.
D’après des juristes palestiniens, le président Abbas, 87 ans, a émis quelque 400 décrets depuis qu’il a été élu en 2005. Son mandat devait se terminer en 2009.
Après avoir convoqué des législatives et une présidentielle pour avril 2021, les premières élections en 15 ans, M. Abbas les a finalement annulées, arguant que les scrutins n’étaient pas garantis à Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte annexée par Israël.
En juin 2021, la mort d’un militant des droits humains, Nizar Banat, alors qu’il était en détention aux mains des forces palestiniennes, avait provoqué une vague de manifestations contre l’Autorité palestinienne, appelant au départ d’Abbas.