Comment une « vraie juive Écossaise » a choisi de vivre en Zambie
Lynn Mendelsohn dirige un refuge animalier à Livingstone : "Mon identité juive est importante et j'aimerais être enterrée dans le cimetière juif. Je dis aux gens autour de moi que c'est ma communauté"
LIVINGSTONE, ZAMBIE – Cette ex-avocate de 57 ans qui se décrit elle-même comme la « juive écossaise typique » a abandonné sa vie professionnelle intense au Royaume-Uni pour s’installer dans une petite ville de Zambie, où elle dirige (24 heures sur 24) l’un des rares refuges animaliers du pays.
Lynne Mendelsohn a étudié à Glasgow et dans le Buckinghamshire, puis le droit à l’université de Newcastle, et ensuite travaillé à Londres pour des entreprises du secteur de la construction et de l’ingénierie.
Les dernières années, elle a surtout travaillé sur des projets éoliens offshore, avec de nombreux déplacements et des journées de travail de 12 à 13 heures, six jours et demi par semaine.
« A un moment, un litige s’est réglé sans procès, et pour la première fois de ma vie, j’ai pu prendre trois semaines de vacances », se souvient Mendelsohn.
« J’ai proposé à un ami de m’accompagner faire l’ascension du Kilimandjaro [en Tanzanie], faire un safari et découvrir Zanzibar. Ces trois semaines m’ont fait réaliser à quel point j’étais épuisée et que je ne voulais pas passer le reste de ma vie comme ça. »
« Je flirtais avec les 40 ans, le moment auquel on réfléchit au sens des choses », ajoute-t-elle.

Quelques mois après son 40ème anniversaire, elle tire un trait sur sa carrière d’avocate et s’achète un lodge à Livingstone, la ville zambienne la plus proche des célèbres chutes Victoria.
Plus jeune, elle avait toujours eu des animaux de compagnie, mais pas les compétences nécessaires pour devenir vétérinaire. « À 14 ans, je me suis fait virer du cours de physique et c’est mon amie qui faisait mes devoirs de maths », se souvient-elle.
C’est à cet âge qu’elle commence à faire du bénévolat auprès d’enfants défavorisés, handicapés ou orphelins, ou lors de ses voyages.
« J’ai pris conscience de mes privilèges », explique-t-elle. « Sur le Kilimandjaro, nous étions tous là, avec nos équipements d’escalade coûteux, alors que les enfants du coin souffraient de malnutrition. »

A la tête du lodge et de son restaurant, Mendelsohn et l’ami qui l’avait accompagnée pour l’ascension du Kilimandjaro réunissent des fonds pour permettre à 200 enfants zambiens d’être scolarisés. (Les frais de scolarité ont été abolis par la suite.)
Elle commence par ailleurs à recueillir des chiens et construire des chenils, un peu à l’écart, dans sa propriété. « Mais un hôtel-restaurant ne fait pas bon ménage avec des chiens qui aboient. »
En 2015, avec l’aide d’un Zambien ayant des connaissances vétérinaires, elle lance un programme de sensibilisation avec vaccination gratuite contre la rage pour les chiens, vermifuges et traitement anti-puces. « Cela a été un franc succès », dit-elle. « Nous avons pu traiter 250 chiens en l’espace d’une journée. »
Cela a conduit à la création du Zambezi Animal Welfare Services.

Le refuge qu’elle dirige aujourd’hui est le seul existant dans le sud de Lusaka et l’un des rares du pays.
Après la pandémie de COVID-19 qui a donné un coup d’arrêt au tourisme, elle revend le lodge.
Elle emprunte de l’argent pour acheter une ferme où, avec ses proches, amis des animaux, créent un refuge permanent qui emploie 12 Zambiens.
Au fil du temps, Mendelsohn divorce et est victime d’un vol à main armée au lodge, qui fait deux morts, un blessé et lui laisse comme séquelle un stress post-traumatique.

Son équipe et elle ont récemment vécu plusieurs décès de chiens particulièrement traumatisants, causés par des dons de nourriture pour chiens contaminés à l’ataflatoxine – une moisissure du maïs, qui est un ingrédient de la nourriture pour chiens.
La collecte de fonds est difficile, même si les salaires de ses employés, la nourriture du personnel et des animaux, l’électricité et l’eau ne représentent que 2 500 $ par mois (elle ne se verse pas de salaire).

Pour autant, elle n’a aucune intention de partir. Elle parle de cet homme, unijambiste avec ses béquilles, qui a parcouru trois kilomètres avec quatre chiens en laisse pour les faire vacciner et stériliser. « Comment pourrais-je arrêter alors qu’il y a des gens comme lui ? », dit-elle.
Elle poursuit : « Je n’arrête pas, mais j’adore vivre ici et je ne me suis jamais sentie autant chez moi, même si je suis étrangère et, à bien des égards, très différente. La plupart des Zambiens sont adorables et amicaux, et Livingstone est une petite ville : tout le monde me connaît, que je le veuille ou non. »

« Mon identité juive est importante », explique-t-elle, « mais pas la religion. Je dis aux gens qui m’entourent que c’est un peu comme ma
tribu. »

Elle conclut : « Je compte bien rester à Livingstone et être enterrée dans le cimetière juif. »
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