Darmanin saisit la justice contre l’Insoumise Obono pour « apologie du terrorisme »
"Ce qu'il s'est passé le samedi 7 octobre en Israël n'avait rien à voir avec de la 'résistance'", a notamment réagi la Marine Tondelier après les propos de la député LFI sur Sud Radio
Gérald Darmanin a saisi mardi la justice pour « apologie du terrorisme » contre la députée de La France insoumise Danièle Obono pour avoir dit que le Hamas « résiste à une occupation », une nouvelle escalade verbale dix jours après l’attaque perpétrée par le groupe terroriste islamiste palestinienne contre Israël.
« Vous vous excluez du champ républicain » en refusant de qualifier le Hamas de « terroriste » ou en le considérant comme un « mouvement de résistance », a lancé Elisabeth Borne aux Insoumis lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale
« La justice est saisie. Elle tranchera », a ajouté la Première ministre.
« Le Hamas, ‘un mouvement de résistance’ ? Non ! c’est un mouvement terroriste », avait écrit dans la matinée le ministre de l’Intérieur sur X, deux heures après l’intervention de Danièle Obono, proche de Jean-Luc Mélenchon, sur Sud Radio.
.@Deputee_Obono : "Oui, le Hamas est un mouvement de résistance. C’est un groupe politique islamiste qui a une branche armée, et qui résiste à l'Israël"https://t.co/QKa5Efuc2W pic.twitter.com/iMVJOem2xE
— Sud Radio (@SudRadio) October 17, 2023
Le gouvernement accuse régulièrement LFI d’accointances avec l’islam politique.
Et, au lendemain de l’attaque sans précédent du Hamas contre l’Etat hébreu, le 7 octobre, Mme Borne a dénoncé des « ambiguïtés révoltantes » sur la situation en Israël, estimant que « l’antisionisme » de LFI était « parfois une façon de masquer une forme d’antisémitisme ».
« Manipulations »
Poussée à plusieurs reprises par le journaliste à dire si le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, est « un mouvement de résistance », Danièle Obono finit par répondre: « Oui ». « C’est un mouvement de résistance qui se définit comme tel ».
« C’est un groupe politique islamiste qui a une branche armée (…) qui a pour objectif la libération de la Palestine, qui résiste à une occupation ».
Ces déclarations ont provoqué une pluie de réactions indignées de l’ensemble de l’échiquier politique.
La députée a posté un message d’explication sur le réseau social X (ex-Twitter).
« Assez de manipulations! J’ai dit que le Hamas était un groupe politique islamiste qui déclare inscrire son action dans la résistance à l’occupation de la Palestine. C’est un fait. Ni une excuse ni un soutien ni une caution pour ses crimes de guerre abjects contre les civils israéliens », a-t-elle écrit.
Chez LR, Eric Ciotti a saisi le bureau de l’Assemblée nationale « pour demander des sanctions et la levée de l’immunité parlementaire » de Danièle Obono.
« LFI franchit un cap dans l’ignominie », a de son côté estimé sur X le responsable du Rassemblement national Jordan Bardella, jugeant que « ceux qui, à gauche, maintiennent des liens avec cette formation sont complices dans le déshonneur ».
« Révulsant »
Au sein de la Nupes, les propos de Mme Obono ont également fait bondir. Car c’est précisément parce que certains responsables insoumis, au premier rang desquel Jean-Luc Mélenchon, refusent depuis dix jours de qualifier le Hamas de « terroriste » que l’alliance de gauche est au bord de la rupture.
Le député PS Jérôme Guedj, qui ne siège plus dans l’intergroupe « depuis ce (mardi) matin » à la suite de cette crise, a jugé « révulsant » les déclarations de l’élue LFI.
« C’est bien la preuve qu’ils (Les insoumis) n’ont pas compris ce qui motivait notre désaccord fondamental », a regretté son collègue Arthur Delaporte devant des journalistes à l’Assemblée nationale.
« Bon maintenant ça suffit. Ce qu’il s’est passé le samedi 7 octobre en Israël n’avait rien à voir avec de la ‘résistance' », a fulminé la cheffe des écologistes Marine Tondelier.
Dans un tweet semblant prendre acte d’une explosion de la Nupes, M. Mélenchon a résumé la position officielle de LFI: « cessez-le-feu, libération des otages, corridor humanitaire, fin du blocus de Gaza, condamnation de tous les crimes de guerre » et « solution politique de l’ONU avec deux Etats viables aux frontières sûres, France non-alignée ».
Fidèle à cette ligne, la présidente du groupe Mathilde Panot a accusé ceux qui font « croire que nous n’avons pas condamné les crimes de guerre du Hamas, ce qui est faux ».
« Au moins une quinzaine de parlementaires » LFI sont « menacés de mort », a-t-elle assuré.