Des archives révèlent les incertitudes d’un Ben Gurion « pas sûr d’être à la hauteur »
Les angoisses du Premier ministre fondateur, consignées dans ses journaux intimes, seront exposées à Sde Boker, avec les archives du "rêve devenu réalité"
Les angoisses et les activités quotidiennes de David Ben Gurion sont révélées dans des documents qui seront dévoilés lors d’une nouvelle exposition regroupant des pièces d’archives ayant appartenu au Premier ministre fondateur de l’État d’Israël.
Jusqu’à présent, les archives des journaux de Ben Gurion n’étaient pas accessibles au public, mais une nouvelle installation permettra de les exposer au complexe de recherche et d’éducation Midreshet Ben Gourion, près de Sde Boker dans le sud du pays, le kibboutz où il s’est retiré et où il est enterré, selon le site d’information Ynet.
En 1953, l’année précédant sa démission de son premier mandat de Premier ministre, Ben Gurion avait été invité à répondre à un questionnaire par des militants du Mapai, le prédécesseur de l’actuel parti travailliste.
A la question « quelles fonctions occupez-vous dans le cadre de votre travail ? », il avait répondu : « j’occupe les postes de Premier ministre et de ministre de la Défense. Je ne suis absolument pas convaincu de les exercer correctement », a-t-il répondu.
« Ces rôles constituent-ils un fardeau pour vous en raison de l’étendue des dossiers dont vous êtes responsable ? »
« Pas un fardeau, mais plutôt une angoisse », répondait-il.

Le directeur général du Ben Gurion Heritage Institute a déclaré que les documents révélaient une facette rarement vue du Premier ministre légendaire.
« Ces archives sont un rêve devenu réalité. Nous en découvrons toujours plus, comme avec ce questionnaire dans lequel Ben Gurion écrit qu’il n’a pas confiance en ses capacités à faire les choses correctement. Et il est considéré comme ‘Mr. Confiance-en-soi' », a déclaré Eitan Donitz à Ynet.
Dans un document datant de 1958, pendant le second mandat de Ben Gurion, le Premier ministre s’était plaint au ministre des Finances de l’époque, Pinchas Sapir, qu’un fonctionnaire du ministère aurait divulgué des détails sur les pourparlers à venir aux États-Unis.

« Je suis étonné par la publication faite par le porte-parole du Trésor », écrivait Ben Gurion.
« Pourquoi annoncer ce que nous allons exiger avant que cela ne se produise ? Pourquoi se vanter ? Pourquoi ont-ils oublié l’avertissement judicieux selon lequel un homme ne doit pas se vanter de ses intentions avant d’avoir prouvé qu’il est capable de les réaliser ? Examinez la question et si possible, corrigez. »
En triant les documents, les archivistes ont découvert des papiers et des carnets inédits, notamment les journaux intimes de l’ancien Premier ministre, estampillés des initiales « D.B.G. » en anglais, et révélant sa vie quotidienne.
« Nous avons découvert les journaux intimes originaux de Ben Gurion, des documents que nous pensions perdus depuis longtemps », a déclaré le directeur des archives, le Dr Adi Portugez, expliquant à Ynet que l’ancien Premier ministre utilisait ces carnets pour consigner tout ce qu’il faisait – de ses prières dans une synagogue à son apparition à une représentation de la pièce « Le Roi et moi ».
« J’ai présenté ma démission au président », écrivait Ben Gurion dans son journal le 7 décembre 1953.
Quelques jours plus tard, le 14 décembre, il écrit : « Je suis allé à Sde Boker ce matin. »

À la fameuse date du 29 novembre 1947, lorsque les Nations unies ont adopté le plan de partition, Ben Gurion avait dressé une liste de ce qui serait nécessaire pour établir un État : un gouvernement, une capitale, une armée, un tribunal, un drapeau, un hymne, une constitution, une monnaie, des ports, une police et des aéroports.
Mais cette page particulière du journal n’a pas encore été retrouvée par les archivistes.
« Elle n’a pas encore été retrouvée, mais je suis optimiste car nous avons découvert beaucoup d’autres documents », a déclaré M. Portugez.
Parallèlement, cette semaine, la Maison Ben Gurion à Tel Aviv, un musée situé dans le bâtiment qui a servi de résidence à l’ancien Premier ministre, a rendu hommage à l’équipe masculine de football des moins de 19 ans d’Israël, qui est arrivée pour la première fois en finale d’une compétition européenne de football, en publiant les talons de billets et les lettres que Ben Gurion avait écrites aux équipes et à l’association de football pour les féliciter de leurs victoires.
« L’une des premières choses que Ben Gurion avait compris était que l’État d’Israël devait être reconnu au niveau international », a déclaré Ran Levy de la Maison Ben Gourion à la Douzième chaîne. « Et même s’il n’aimait pas le football, après avoir reçu les conseils de dirigeants mondiaux, il avait compris l’importance de créer une équipe nationale de football qui jouerait dans le monde entier. »