Des bénévoles de Taglit fleurissent les logements temporaires des habitants de Beeri
2 500 personnes, venues du monde entier, aident à aménager le kibboutz Hatzerim, où les kibboutznikim de Beeri ont été relogés en attendant la reconstruction de leurs maisons

Le site qui héberge les résidents évacués du kibboutz Beeri, dans le sud d’Israël, était en effervescence la semaine dernière. Des bénévoles parlant espagnol, portugais, anglais et français aidaient à décharger un gros camion chargé d’arbres, de bosquets et d’arbustes.
Vêtu de vert et coiffé d’un large chapeau souple, le chef jardinier Yogev Vanounou donnait des instructions sur un ton amical. « Prenons deux arbres d’ombrage », a-t-il dit à deux jeunes hommes, en expliquant que l’un des arbres était un moringa, connu pour ses bienfaits sur la santé.
Une femme poussait une brouette remplie de bêches tandis qu’une autre portait un plateau débordant de pieds de lavande.
Une demi-heure plus tard, des dizaines de personnes portant des gants de jardinage et des tee-shirts blancs arborant le logo du fameux programme Taglit-Birthright Israel se sont déployées dans toute la zone de l’enceinte réservée aux résidents seniors de Beeri. Réunis en petits groupes, ces personnes s’affairaient à semer.
Parmi eux, Vanounou et d’autres guides habillés de vert leur disaient quoi planter, où et comment. « Il faut un trou plus grand pour un arbre », disait l’un des guides. « Plante-le lentement ! », criait un autre.
Entendant parler portugais, Luis Gaz et son épouse Parola, les seuls membres de Beeri originaires du Brésil, sont sortis de leur maison pour accueillir les volontaires brésiliens. Luis leur a fièrement montré le drapeau du Brésil accroché à l’une de ses voiturettes de golf. « [Les terroristes du Hamas] ont volé l’autre voiturette avec le deuxième drapeau. Aujourd’hui, elle déambule dans Gaza », a-t-il plaisanté.

Cette initiative a permis à Taglit et à l’organisation israélienne à but non lucratif Venatata de travailler ensemble pour aménager des sentiers publics et des jardins privés pour chacune des 287 familles du kibboutz Beeri qui vivent temporairement à Hatzerim, dans le sud d’Israël.
Le 7 octobre 2003, sur les 1 000 habitants de Beeri, un paradis luxuriant comparé aux sables arides qui entourent Hatzerim, 101 ont été assassinés par des terroristes palestiniens du Hamas lors de leur déchaînement sauvage dans le sud d’Israël. Au total, plus de 1 200 personnes ont été massacrées ce jour-là et 251 autres ont été enlevées et emmenées de force dans la bande de Gaza – 59 y sont encore. Ce kibboutz, qui a été gravement endommagé, est en cours de restauration et de reconstruction ; ses habitants ne devraient pouvoir y retourner qu’à la fin de l’année 2026 au plus tôt.
Taglit-Birthright, surtout connu pour son programme de circuits de découverte d’Israël organisés à titre gracieux pour quelque 900 000 Juifs âgés de 18 à 26 ans, a mobilisé près de 2 500 bénévoles pour ce projet, qui a débuté le mois dernier à l’occasion de Tou BiShvat, la fête juive des arbres, des fruits, et de la nature, et se poursuivra jusqu’à Pessah, qui commence cette année le 12 avril.
Venatata (qui signifie « tu planteras » en hébreu, selon l’injonction biblique) a créé plus de 150 jardins à visée thérapeutique à travers le pays, en collectant principalement des fonds auprès d’entreprises dont le personnel se porte volontaire pour travailler à la plantation. Après le pogrom perpétré par le Hamas, la direction de Venatata a décidé de se concentrer sur les communautés de cette région, particulièrement touchée.

Pour sa cinquième visite en Israël, Georgina Alculumbre, 46 ans, de Buenos Aires, a rejoint deux amies, Gisela Albus et Gabriela Stolovisky.
Toutes les trois ont expliqué que ce voyage leur avait fait chaud au cœur et que leur interaction avec les Israéliens avait été plus enrichissante dans le cadre du volontariat que dans celui du tourisme. Deux jours auparavant, elles avaient aidé à préparer un asado argentin pour les soldats israéliens stationnés à la frontière libanaise. « Ils n’ont pas arrêté de nous remercier d’être venues », a raconté Alculumbre.

Brian Jadd, un fonctionnaire de Toronto en visite en Israël pour la cinquième fois, a indiqué que le projet l’avait rapproché de l’État juif. Il a expliqué que l’antisémitisme était en hausse à Toronto et que des manifestations anti-Israël avaient régulièrement lieu devant le centre communautaire juif qu’il fréquente. Il a ajouté qu’il cachait son étoile de David lorsqu’il était dans la rue.
Jadd a ajouté qu’il attendait de se rendre sur le site du festival de musique Supernova, non loin du kibboutz Reïm, où des terroristes ont massacré plus de 360 festivaliers le 7 octobre et enlevé plus de 40 autres. « J’ai 26 ans. Les gens qui y étaient avaient à peu près mon âge. Ça aurait pu être des amis à moi », a-t-il souligné.

Elvin Roytman, un agent immobilier de Brooklyn, n’était pas revenu en Israël depuis sa participation au programme découverte de dix jours organisé par Taglit, il y a vingt ans.
« C’est agréable de ne pas à avoir de lacrymogène dans sa poche », a-t-il déclaré, ajoutant que « pendant quinze mois, j’ai transporté une lame de rasoir pour retirer les affiches antisémites à Brooklyn et à Manhattan ».
L’activité de planter « est bonne pour l’esprit, le corps et l’âme », a-t-il souligné.
Daniel Alon, un installateur de climatisation semi-retraité originaire d’Argentine, est sorti de sa maison pour accueillir les bénévoles argentins. « D’où venez-vous ? », a-t-il demandé à l’un d’eux, qui a pointé du doigt vers le cœur d’Alon et a répondu : « Je veux être ici. »
« Kol hakavod [tout mon respect] à eux », a déclaré Alon.
« J’ai l’impression que tout le peuple d’Israël vient se porter volontaire. »
Son épouse Naomi s’est précipitée en larmes dans la maison, pour en ressortir quelques instants plus tard avec une boîte remplie de biscuits aux noix faits maison.
Dorielle Rimmer, la PDG de Venatata, a estimé qu’au moins 1 000 arbres et 50 000 autres végétaux seront plantés dans le sol sablonneux de Hatzerim d’ici Pessah, irrigués par des tuyaux fournis par l’entreprise mondiale de goutte-à-goutte Netafim, basée à Hatzerim. Elle a ajouté que l’organisation tente actuellement de lever des fonds pour créer trois grands jardins communautaires sur le site.
Une fois que les résidents de Beeri seront rentrés dans leur kibboutz reconstruit, Hatzerim s’étendra probablement dans la région, ou une nouvelle communauté s’y installera.
« Une opération gagnant-gagnant »
Gidi Mark, PDG international de Taglit-Birthright Israel, a indiqué au Times of Israel que l’organisation avait fait participer 10 000 personnes à la visite de découverte de dix jours depuis le 7 octobre et 10 000 autres personnes aux activités de bénévolat. La plupart de ces derniers étaient des participants aux dix jours de découverte, a-t-il expliqué. « Dès qu’ils se salissent les mains dans cette terre, ils deviennent acteurs de l’histoire juive et israélienne », a-t-il poursuivi, qualifiant cette expérience de « gagnant-gagnant ».
Riky Grunewald, originaire d’Argentine, a dirigé un groupe venu de ce pays. Guide touristique en Israël depuis 25 ans, il a déclaré qu’il pouvait « remercier » Taglit-Birthright d’avoir été son premier employeur depuis le 7 octobre 2023.

Ce programme est également bénéfique à d’autres égards : Emanuel Kogan, étudiant de 29 ans originaire du Tennessee, et Keely Young, vendeuse de voitures de 27 ans originaire du Colorado, ont eu un « coup de foudre » pendant leur semaine de bénévolat et ont désormais l’intention de se marier. Keely a participé à un voyage de découverte de Taglit-Birthright il y a trois ans. Les parents israéliens d’Emanuel, originaires de Moldavie, ont quitté l’État hébreu pour les États-Unis lorsqu’il avait 10 ans. Mark a indiqué que 150 000 personnes ont rencontré leur conjoint dans le cadre de ce programme populaire.
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