Des écoles juives américaines accueillent des jeunes israéliens déplacés par la guerre
Au lendemain des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, Prizmah, a été contacté par de nombreux établissements désireux d'accueillir des élèves israéliens
JTA – Plus d’un mois après la rentrée scolaire, bon nombre d’écoles juives à travers les Etats-Unis accueillent de nouveaux élèves : des jeunes Israéliens dont les écoles ont été fermées en raison de la guerre.
Quelques jours après l’attaque sanglante du Hamas sur Israël le 7 octobre, alors que la guerre faisait rage, des responsables d’écoles désireux d’accueillir des élèves israéliens en pleine guerre se sont manifestés auprès de Prizmah, un réseau d’écoles juives d’Amérique du nord.
Jusqu’à présent, 50 écoles ont envoyé des demandes de renseignements, selon le directeur général Paul Bernstein, qui tente de trouver une solution à tous types de problèmes, allant de l’intégration d’élèves ne parlant pas couramment l’anglais à la couverture des dépenses imprévues pour les familles qui n’avaient pas anticiper de régler des frais de scolarité.
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« Accueillir un élève en cours d’année n’est pas une affaire triviale », a déclaré Bernstein à la Jewish Telegraphic Agency.
Bon nombre de ces écoles viennent d’accueillir des enfants israéliens, qui seront rejoints par d’autres cette semaine, ce qui témoigne, selon Bernstein, de la volonté des écoles juives de soutenir Israël et les Israéliens.
« Il s’agit d’une contribution importante d’une école à sa communauté », a-t-il déclaré. « Bien sûr, nous aurions tous préféré que ces Israéliens ne soient pas éloignés de leur famille et contraints de rester sur place, mais tant qu’ils sont ici et avec nous, chaque école entend faire tout ce qui est en son pouvoir pour les soutenir. »
Les vacances de Souccot touchaient à leur fin lorsque le Hamas a lancé son massacre, plongeant le pays dans la crise et rappelant un nombre considérable de réservistes israéliens au service. Pendant plus d’une semaine, les écoles sont restées fermées ; depuis, elles ont rouvert de manière sporadique. Certaines ont organisé des cours sur Zoom et d’autres, situées dans des zones relativement sûres et disposant d’abris anti-bombes adéquats, ont tenu des cours en personne, fréquemment interrompus. Deux semaines après le massacre, à peine 40 % des écoles autorisées à dispenser des cours en présentiel le font.
Compte tenu du climat d’incertitude, certaines familles qui se trouvaient aux États-Unis pour les vacances ont choisi de rester sur place. D’autres encore ont choisi de quitter temporairement Israël pour profiter de la sécurité et de la stabilité relatives des États-Unis.
Dans le nord du New Jersey, 14 élèves israéliens se sont inscrits à la fin de la semaine dernière à la Solomon Schechter Day School du comté de Bergen. Neuf autres étaient en pourparlers pour s’y inscrire, selon Steve Freedman, le directeur de l’école, qui a déclaré que la plupart de ceux qui se sont inscrits jusqu’à présent maîtrisaient bien l’anglais et avaient des liens familiaux dans la région.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, quatre familles de l’école ont déjà pleuré des proches tués en Israël.
« Ce n’est pas comme si nos enfants n’étaient pas au courant de la guerre qui fait rage en Israël, quelle que soit la façon dont leurs parents leur expliquent le conflit », a expliqué Mme Freedman. « Ils comprennent donc qu’il y a des familles qui sont ici en ce moment à cause de la guerre. Ils comprennent aussi que ces enfants qu’ils accueillent ont dû quitter leur maison et ils sont très heureux de les accueillir et de se faire de nouveaux amis avec eux, c’est vraiment très mignon. »
Les devoirs sont facultatifs pour les nouveaux élèves israéliens. Au fur et à mesure de leur intégration dans leur nouvelle école, les exigences évolueront, mais pour l’instant, les enseignants « cherchent à comprendre ce qu’ils sont capables de faire », a expliqué Freedman. Des ordinateurs portables supplémentaires ont été commandés pour les élèves plus âgés, qui utilisent des MacBooks en classe.
« Notre communauté est complètement submergée par ce que nous entreprenons, et ce de la manière la plus positive qui soit », a déclaré Freedman. « Il y a un réel sentiment de fierté parmi les membres de notre communauté. »
De nouveaux élèves se sont également inscrits dans des écoles à New York, dans le Maryland, en Californie et ailleurs dans le New Jersey. Dans la plupart des cas, les écoles ne comptent pas nécessairement sur le paiement des frais de scolarité.
« C’est pour nous une mitzvah de les accueillir tous et l’argent ne compte pas », a affirmé Freedman, dont l’école a pris la mesure rare de faire payer des frais de scolarité mensuels aux familles israéliennes, conscientes de leur désir de rentrer chez elles, et de dispenser de paiement les familles pour lesquelles c’est un obstacle.
« Ils ne sont pas des bénéficiaires de la charité. C’est une question de dignité », a-t-il déclaré. « Nous tâtons le terrain avec chaque famille pour qu’elle se sente à l’aise et fasse ce qu’elle peut sans se sentir gênée d’aucune manière. »
L’école Rodeph Sholom de Manhattan a adopté la même approche, selon Danny Karpf, le directeur de l’école.
« Notre message est simple : ‘Venez' », a-t-il déclaré. » Nous faisons en sorte que les gens payent ce qu’ils peuvent payer sur une base mensuelle, pendant qu’ils sont ici « .
Dans l’ensemble, le processus d’admission habituel a été réduit à l’essentiel.
« Il nous faut un numéro de téléphone, connaître l’identité des parents, pouvoir les joindre en cas d’urgence, savoir s’il les enfants ont des allergies », a expliqué Karpf en énumérant les exigences les plus élémentaires. « Nous devons connaître l’âge de l’enfant pour savoir dans quelle classe le mettre, et ensuite on se débrouille ».
Parmi la dizaine de nouveaux élèves de Rodeph Sholom, nombreux sont ceux qui ne parlent pas anglais. Mais l’école est déjà équipée pour cela, a expliqué Karpf, car elle a un programme pour les enfants qui ne parlent pas couramment l’anglais, et un programme en hébreu pour ceux qui parlent cette langue.
Les prochaines étapes, a-t-il dit, consistent à trouver le moyen d’accueillir le plus grand nombre possible d’élèves dans l’école, puis à collecter des fonds pour répondre à leurs besoins. (Une initiative israélienne visant à soutenir les écoles juives a déjà distribué des ressources pour aider à aborder le sujet de la guerre, mais n’a pas encore débloqué de fonds.)
« Nous avons tant de familles dans notre communauté qui sont directement touchées de tant de façons différentes », a déclaré Karpf. « C’est un moyen pour nos enfants qui étaient déjà ici, qu’ils soient israéliens ou non, de se sentir plus engagés dans le conflit, de découvrir comment ils peuvent aider à consoler et à soutenir les enfants qui sont directement touchés par les attaques contre leur famille et leurs amis. »
Lundi, la Joseph Kushner Hebrew Academy & Rae Kushner Yeshiva High School (JKHA), une école orthodoxe du New Jersey, a annoncé qu’elle avait déjà accueilli 11 élèves issus de cinq familles et qu’elle en attendait d’autres.
« Nous sommes reconnaissants à nos professeurs de la JKHA qui assurent une transition sans heurts des élèves dans leur établissement, et qui collaborent avec les familles pour veiller à ce que leurs enfants s’adaptent et bénéficient d’une transition sans heurts dans notre établissement et auprès de nos élèves en cette période difficile », a écrit l’école sur Facebook.
A Rockville, dans le Maryland, deux frères et sœurs israéliens ont commencé les cours mercredi à la Charles E. Smith Jewish Day School, une école pluraliste qui dispose déjà de ressources pour soutenir les élèves israéliens. (L’école accueille de nombreux enfants issus de familles de diplomates israéliens en poste à Washington, DC). Trois autres élèves devraient commencer les cours cette semaine, dont deux frères et sœurs, et des demandes de renseignements ont été envoyées aux écoles primaires, aux collèges et aux lycées.
L’école, qui pleure la perte d’un jeune diplômé tué vendredi dernier alors qu’il servait dans l’armée israélienne, a mis en place des conseillers et un programme pour les élèves qui ne parlent pas encore couramment l’anglais. À la fin de la semaine, les nouveaux élèves avaient déjà reçu des invitations à participer aux activités du week-end, a déclaré Dorie Ravick, directrice des admissions à l’école primaire.
« J’ai parlé à l’une des familles qui reçoit l’un des nouveaux élèves dimanche. Ils font donc vraiment de leur mieux pour bien accueillir tout le monde », a-t-elle déclaré.
Selon Ravick, les enfants ne comprennent pas tous la raison de l’arrivée de leurs nouveaux camarades de classe.
« Ils ne savent pas forcément pourquoi ils viennent parce qu’ils sont encore assez petits », dit-elle. « Les plus jeunes sont simplement ravis d’avoir un nouvel ami. »
Des comités d’accueil ont également vu le jour dans d’autres écoles, les familles juives locales cherchant à faire une différence en cette période de crise.
« Nos parents se démènent pour que ces familles se sentent les bienvenues, à tel point que nous devons leur dire : ‘Laissez-leur du temps, ils ont besoin de temps pour s’acclimater' », a confié Freedman, de l’école Solomon Schechter Day School dans le New Jersey. « C’est dans les moments difficiles que l’on voit le meilleur de ce que nous sommes ».
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