Des personnalités appellent au boycott des ministres autrichiens du FPÖ
"Ne détournons pas les yeux : ce sont bien les héritiers du nazisme qui sont entrés en position de force dans le nouveau gouvernement autrichien", lit-on dans l'appel
Des personnalités de différents pays ont publié jeudi un appel à « mettre au ban de l’Europe » le nouveau gouvernement autrichien composé de la droite et de l’extrême droite et à boycotter la prochaine présidence de l’UE par l’Autriche.
« Ne détournons pas les yeux : ce sont bien les héritiers du nazisme qui sont entrés en position de force dans le nouveau gouvernement autrichien », avec l’arrivée de six ministres issus du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême droite), dont trois à des postes régaliens, écrit dans cette tribune, publiée notamment par LeMonde.fr, le collectif sous la houlette de Benjamin Abtan, président du Mouvement antiraciste européen – EGAM, et de l’ancien ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner.
Autriche : il faut mettre ce gouvernement au ban de l’Europe
Parmi les signataires, figurent des personnalités liées à la mémoire de la Shoah comme Serge et Beate Klarsfeld, dirigeants des Fils et Filles des déportés juifs de France, mais aussi l’ancien président du Timor oriental et prix Nobel de la Paix José Ramos-Horta, l’ancien ministre des Affaires étrangères espagnol Miguel-Angel Moratinos, l’ancienne Première ministre du Canada Kim Campbell, ou encore l’écrivain et cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh.
Fustigeant « le silence et l’apathie coupables » face à l’arrivée de l’extrême droite au gouvernement, les signataires disent « refuser l’idée selon laquelle la progression du nationalisme et la fin de la démocratie seraient une fatalité, et l’action contre les héritiers du nazisme, inutile voire illégitime ».
Ils estiment « au contraire qu’il est de la responsabilité (…) de tous de se confronter résolument à eux », expliquant ainsi leur appel à boycotter le nouveau pouvoir autrichien.
La formation du nouveau gouvernement du chancelier conservateur Sebastian Kurz n’a pas provoqué d’émoi chez les partenaires de l’Autriche.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s’est récemment refusé à « tout préjugé », affirmant que le gouvernement autrichien serait jugé « comme tous les gouvernements, sur ses actes » et pointant même son engagement « très clair en faveur de l’Europe ».
Pour sa part, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Zeid Ra’ad Al Hussein y a vu « un développement dangereux (…) dans la politique en Europe ».