Des responsables de ZAKA auraient dissimulé les crimes présumés du fondateur
Des membres du service d'urgence seront interrogés par les enquêteurs ; des personnalités publiques auraient été au courant des agissements attribués à Yehuda Meshi-Zahav

La police soupçonnerait des personnalités de la communauté ultra-orthodoxe d’avoir eu connaissance des abus sexuels présumés commis par le cofondateur de l’organisation de services d’urgence ZAKA, Yehuda Meshi-Zahav, et d’avoir gardé le silence sur ces allégations.
Des responsables de ZAKA étaient également au courant des agissements présumés et ont œuvré pour faire taire l’affaire, a rapporté la Treizième chaîne lundi, ajoutant que de hauts responsables de ZAKA devraient être interrogés dans les prochains jours.
Meshi-Zahav a été initialement accusé jeudi d’agression sexuelle, viol et abus sur six personnes. Ces accusations ont été révélées dans un reportage d’investigation du journal Haaretz. Plus d’une dizaine d’autres témoignages ont fait surface depuis, mais on ignore combien d’affaires sont concernées par le délai de prescription.
Meshi-Zahav est une personnalité éminente au sein de la communauté ultra-orthodoxe. ZAKA est un élément majeur des services d’intervention d’urgence d’Israël dans le pays et à l’étranger.
Les allégations contre Meshi-Zahav ont été formulées par des hommes et des femmes, dont certains étaient mineurs au moment des faits allégués.

Meshi-Zahav a déjà fait l’objet d’une précédente enquête pour abus sexuels à la fin des années 1980, a indiqué lundi la Treizième chaîne, précisant que deux femmes ont porté plainte contre lui, mais se sont ensuite rétractées, apparemment en raison de pressions extérieures.
Meshi-Zahav aurait déclaré à des proches, selon la chaîne : « je n’ai jamais commis d’actes illégaux… Il y avait des relations consentantes avec différentes femmes, mais rien n’a été fait sous la contrainte et rien n’était contraire à la loi. »
Son avocat, Ephraim Dimri, a déclaré à la Treizième chaîne que son client était préparé à coopérer dans l’enquête.
« Il n’a rien à cacher. Il n’a vu aucun témoignage. Tout ce que nous avons vu est dans les médias. S’il est appelé et confronté à un quelconque témoignage, il répondra », a déclaré Dimri.
La police a commencé à examiner les accusations portées contre Meshi-Zahav dimanche et devra trouver une affaire viable dans le délai de prescription. La police se concentrera sur la recherche de plaignant de la dernière décennie, car les cas antérieurs sont considérés comme des affaires classées, selon la Douzième chaîne.
Meshi-Zahav s’est présenté sans y avoir été invité à l’unité de police chargée des crimes graves (Lahav 433), dans le but, selon Dimri, de laver son nom et de confronter les preuves qui pèsent contre lui.

Les officiers présents sur place ont refusé de prendre sa déposition car il n’a pas encore été convoqué pour être interrogé.
La Treizième chaîne a cité de hauts responsables des forces de l’ordre qui ont qualifié de « coup de pub » l’apparition de Meshi-Zahav au poste de police.
Les médias israéliens ont rapporté que la police a réussi à entrer en contact avec l’une des victimes présumées de Meshi-Zahav, qui se trouverait dans les délais de prescription. La femme aurait confié aux journalistes, sous couvert d’anonymat, que le fondateur de ZAKA l’a violée il y a plusieurs années, mais elle a refusé la demande de la police de porter plainte.
Aucune plainte pouvant être utilisée contre Meshi-Zahav au tribunal n’a été officiellement déposée depuis le reportage.
Certaines victimes ont probablement peur de se manifester, compte tenu de la stature éminente de Meshi-Zahav dans la communauté ultra-orthodoxe et des liens qu’il entretient depuis longtemps avec les forces de l’ordre.
Selon le radiodiffuseur public Kan, l’une des victimes présumées qui a fait part de son histoire aux médias ces derniers jours a été bombardée de menaces de la part des partisans de Meshi-Zahav, l’avertissant de répercussions si elle continuait à parler.