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D’autres révélations sur les abus sexuels « largement connus » du chef de ZAKA

Des victimes et des témoins racontent des incidents de violences systématiques de la part de Yehuda Meshi-Zahav, disant que son comportement n'était pas un secret chez les Haredim

Yehuda Meshi-Zahav, chef des services d'urgence de la ZAKA, arrive au temple bouddhiste Yan Yao Buddhist à Takuapa, en Thaïlande, le 5 janvier 2005. (Crédit : AP Photo/Richard Vogel, File)
Yehuda Meshi-Zahav, chef des services d'urgence de la ZAKA, arrive au temple bouddhiste Yan Yao Buddhist à Takuapa, en Thaïlande, le 5 janvier 2005. (Crédit : AP Photo/Richard Vogel, File)

De nouvelles personnes ont accusé le cofondateur et président des services d’urgence de ZAKA d’agressions et autres violences sexuelles, affirmant que ces abus étaient largement connus dans certains pans de la communauté ultra-orthodoxe.

La police doit commencer à examiner plusieurs accusations à l’encontre de Yehuda Meshi-Zahav, mais elle est dans l’obligation de trouver d’abord un cas qui puisse faire l’objet d’une enquête sans être soumis au délai de prescription, ont rapporté des articles de presse.

Afin de pouvoir poursuivre Yehuda Meshi-Zahav, les enquêteurs vont se concentrer sur d’éventuels plaignants ayant subi des abus de la part du rabbin au cours de la dernière décennie, les dossiers plus anciens étant considérés comme des « affaires classées sans suite », a indiqué la Douzième chaîne.

Cette enquête démarre alors qu’il semble, selon de nombreux témoignages, que le comportement de Meshi-Zahav était connu depuis des années dans la communauté ultra-orthodoxe, mais que la loi du silence s’est imposée et avait depuis été maintenue.

Meshi-Zahav est une personnalité éminente de la communauté haredi, et ZAKA est un élément important des services d’urgence israéliens sur le territoire de l’État juif et à l’étranger. Au début du mois, le rabbin avait remporté le prestigieux prix d’Israël récompensant son travail de toute une vie. Il a indiqué vendredi renoncer à ce prix – un renoncement que Merav Michaeli, cheffe du Parti travailliste, et Tamar Zandberg, députée du parti du Meretz, avaient appelé de leurs vœux.

Yehuda Meshi-Zahav, co-fondateur de ZAKA, s’exprime lors d’une conférence à Jérusalem, le 7 mars 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les premières accusations de violences sexuelles, de viol et d’abus ont été lancées par six personnes, hommes et femmes – certains étaient mineurs au moment des faits reprochés – dans un reportage d’investigation publié jeudi dans le quotidien Haaretz.

Shana Aaronson, directrice-générale de Magen, a expliqué que son organisation, une ONG qui œuvre à soutenir les survivants de violences sexuelles, avait eu connaissance de rumeurs au sujet du rabbin il y a quelques années mais que « personne n’était prêt à parler de ce qui était arrivé. Nous n’avons commencé à recevoir des témoignages spécifiques il y a seulement quelques mois ».

Tzviki Fleishman, qui travaille à Magen, a indiqué que le groupe avait d’ores et déjà reçu plus de six nouvelles plaintes.

« Nous devons les clarifier », a commenté Fleishman. « Nous avions déjà entendu des rumeurs à son sujet il y a des années mais nous n’avions rien de concret sur quoi travailler. »

Une femme, identifiée sous le nom de « Tal », a expliqué au site d’information Ynet que Meshi-Zahav avait exploité sexuellement sa mère et, qu’en conséquence, ses parents avaient divorcé. Elle a confié que le rabbin lui avait également fait des avances.

Des policiers patrouillent dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim à Jérusalem, le 5 juillet 2020. (Yonatan Sindel/Flash90)

« Tal » a expliqué que sa famille vivait dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim et que sa mère, qui était âgée de 20 ans lors de sa deuxième grossesse, était devenue dépressive. Selon elle, Meshi-Zahav avait profité de cet état de détresse mentale.

« Dans le dos de mon père, [Meshi-Zahav] a transformé ma mère en esclave sexuelle », a-t-elle déclaré, ajoutant que Meshi-Zahav s’en était pris à cette dernière pendant plusieurs mois.

« Un jour, mon père est revenu à la maison de manière inattendue et il les a trouvés ensemble, et cela a entraîné le divorce de mes parents. Yehuda a brisé notre famille », a continué « Tal », qui a finalement quitté la communauté haredi à l’âge de 12 ans.

Plusieurs années plus tard, elle a rencontré Meshi-Zahav dans un magasin situé de la rue Jaffa, à Jérusalem, à proximité du siège de ZAKA.

Lorsque Meshi-Zahav l’a reconnue, a-t-elle continué, il lui a dit : « Peut-être pourrais-tu venir à mon bureau et je pourrais ainsi apprendre à mieux te connaître, tout comme j’ai connu ta mère ? »

Après avoir initialement quitté la boutique, honteuse, elle a précisé être retournée vers Meshi-Zahav, lui faisant part de sa colère.

À l’époque, elle avait une amie qui travaillait dans le magasin et qui, comme elle, avait quitté la communauté religieuse. « Tal » a déclaré qu’après sa rencontre avec Meshi-Zahav, cette amie était venue la voir, en larmes, lui disant qu’elle revenait du bureau du rabbin et que ce dernier s’était laissé aller à des attouchements et qu’il l’avait obligée « à faire des choses » contre une somme de 100 shekels.

Une autre amie lui avait confié, par le passé, que Meshi-Zahav lui avait proposé une importante somme d’argent s’il pouvait la regarder en train de se livrer à « un acte de bestialité », a poursuivi « Tal ».

« Cet homme est un pervers », a-t-elle dit, se souvenant qu’après avoir entendu que Meshi-Zahav allait obtenir le Prix d’Israël, elle avait commencé à « trembler de tout son corps ».

« Cela m’a rappelé tant de choses », a-t-elle ajouté. « Je pleure mais en même temps, je suis heureuse qu’en fin de compte, tout soit révélé au grand jour. »

Selon « Tal », les violences de Meshi-Zahav ont touché des milliers de personnes.

Yehuda Meshi-Zahav, président de l’organisation d’intervention d’urgence ZAKA, le 4 février 2010. (Yaakov Naumi/Flash90)

« Il ne s’est jamais arrêté », a-t-elle déclaré. « C’est un fou. »

« Tal » a expliqué qu’après avoir raconté son expérience sur Facebook, elle avait été contactée par des dizaines de personnes qui ont affirmé avoir subi des violences de la part du rabbin – des témoignages émanant notamment d’employés de ZAKA.

Elle a indiqué que, même si elle leur avait tous dit de porter plainte, ces victimes lui avaient indiqué ne pas être en capacité de le faire.

« Tous ces gens ne veulent pas avoir à gérer ça aujourd’hui », a-t-elle noté.

Jusqu’à présent – et après le reportage initial de Haaretz, la semaine dernière – personne n’a porté plainte, a rapporté le site d’information Ynet.

Photo d’illustration : Des bénévoles de ZAKA sur les lieux d’un accident à Beit Shemesh, le 18 janvier 2018. (Yaakov Lederman/Flash90)

Yaakov, qualifié d’ancien proche de Meshi-Zahav, a raconté qu’il avait entendu parler d’éventuelles violences de la part du rabbin il y a longtemps. Même si lui-même, a-t-il affirmé, n’a jamais été témoin de tels incidents, il a noté que les rumeurs à ce sujet étaient connues au sein de la communauté et qu’un ami lui avait dit que Meshi-Zahav avait tenté d’avoir des relations sexuelles avec lui.

« Les gens disent qu’il est un grand pervers », a commenté Yaakov. « Je me souviens que nous avions ri du fait qu’il pourrait même se contenter d’un chat en jupe. »

Il a ajouté que des connaissances de Meshi-Zahav lui avaient confié qu’ils avaient mis en garde contre une candidature du chef de ZAKA à la Knesset parce que son passé risquait de resurgir.

« Mais ils n’ont pas pensé que les choses seraient révélées avec la remise du Prix d’Israël », a dit Yaakov. « Il n’y croyait pas lui-même. »

Yaakov a estimé qu’en renonçant à son prix, Meshi-Zahav a affiché sa culpabilité et que d’autres cas d’abus sexuels seraient bientôt connus.

Il a prédit que davantage de témoignages de violences sexuelles émergeraient dans les prochains jours.

« Avec les médias qui font le buzz, les gens réaliseront vraiment qu’il a fait des choses que quelqu’un d’ordinaire ne fait pas », a-t-il ajouté.

Yaakov a affirmé que Meshi-Zahav avait pu échapper aux enquêtes de la police pendant si longtemps parce qu’il avait aidé les forces de l’ordre dans d’autres circonstances, en leur donnant des informations.

Et d’autres témoignages font dorénavant état d’un comportement inapproprié de Meshi-Zahav.

Frieda Goldstein, 29 ans, a raconté à Ynet qu’elle n’avait que 18 ans quand elle a reçu des messages à caractère sexuel de la part du rabbin. Elle a indiqué que Meshi-Zahav lui avait demandé de la rencontrer mais qu’elle avait refusé l’offre, même si la raison de sa volonté de la rencontrer avait piqué sa curiosité.

« Quand je lui ai dit pourquoi je ne voulais pas le voir, alors il commencé à me décrire ce qu’il me ferait si nous nous rencontrions. Il a écrit : ‘Je te ferai asseoir sur une table et je te sodomiserai.' »

Goldstein a expliqué qu’en tant que jeune fille ultra-orthodoxe, le contenu du message l’avait choquée. Lorsqu’elle avait parlé de cette mésaventure à son entourage, « tout le monde m’a dit que c’était un pervers et qu’il s’en prenait aux mineures. Personne n’a été surpris ».

Une autre femme, Noga Tal, a dit à Ynet que ses grands-parents vivaient près de l’habitation de Meshi-Zahav et qu’elle allait leur rendre visite quand elle était petite fille. Elle a déclaré avoir entendu à l’époque des rumeurs sur les agressions sexuelles du rabbin mais « qu’au sein de la communauté ultra-orthodoxe, ce type d’incident disparaît sous le tapis ».

Sur les six témoignages présentés par Haaretz, le plus ancien date de 2003 et le dernier de 2011. Le reportage ajoute que de nombreux résidents de plusieurs quartiers ultra-orthodoxes de Jérusalem avaient connaissance des actes commis par Meshi-Zahav mais qu’ils n’ont rien dit et qu’ils n’ont rien fait savoir aux autorités.

Un homme affirme ainsi dans le journal que Meshi-Zahav a abusé de lui quand il était adolescent et qu’il n’a réalisé que des années plus tard qu’il avait été son « escort, son prostitué dans tous les sens du terme ».

Meshi-Zahav avait fait les gros titres au mois de janvier, quand ses parents sont tous les deux décédés de la COVID-19 à quelques jours d’intervalle, et moins d’un mois après la mort de son petit frère – mais d’une cause différente.

Il a été un critique virulent de certaines autorités ultra-orthodoxes pendant la pandémie, qui ont minimisé l’importance du virus. Il a notamment condamné les responsables haredim dans un entretien accordé au Times of Israël au mois d’octobre.

Fondée en 1989, ZAKA est un des services d’urgence les plus identifiables en Israël et le groupe est intervenu au cours de différentes catastrophes naturelles dans d’autres pays.

En plus d’offrir des services d’urgence et d’aider dans les opérations de recherche et de sauvetage, ZAKA intervient aussi pour aider et identifier les cadavres suite à des attentats terroristes, des crashs aériens et autres catastrophes.

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