Des scientifiques allemands se dressent contre l’antisémitisme et soutiennent Israël
Le président de la Société Max Plank explique pourquoi il était important pour son groupe de ne pas annuler son voyage en Israël, comme l'ont fait de nombreux autres depuis le 7 octobre
Alors que certaines universités, aux États-Unis, sont actuellement sous le feu des critiques, accusées de laisser libre cours aux comportements ouvertement antisémites sur leurs campus et que de nombreux universitaires boudent leurs homologues israéliens, une institution allemande affiche son amitié à l’égard d’Israël.
La Société Max Planck a ainsi choisi de ne pas annuler une visite qui était prévue au sein de l’État juif, à la fin du mois de novembre, pour célébrer le 50e anniversaire de son programme de bourse, un programme placé sous l’égide de la Fondation Minerve – et qui a permis les échanges, entre Israël et l’Allemagne, de plus de 2 000 jeunes chercheurs.
Selon le président de la Max Planck Society, le professeur Patrick Cramer, envoyer des messages de soutien après le déclenchement de la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre, n’était certainement pas suffisant. A cette date, les terroristes avaient commis un massacre dans les communautés du sud d’Israël, une attaque qui a fait 1 200 morts. Le groupe terroriste a également pris 240 personnes en otage, dont 137 sont toujours retenus dans l’enclave.
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« Nous avons voulu dire à nos collègues, en face à face, qu’ils ne sont pas seuls. Notre principal message, c’est que nous sommes conscients de leur souffrance et ça, nous voulions le leur dire », explique Cramer.
Cramer et quatre de ses collègues de la Société Max Planck et de la Fondation Minerve, une de ses filiales, ont ainsi rencontré plus de 40 présidents d’universités, d’instituts de recherche et d’associations scientifiques israéliennes, le 28 novembre, à l’occasion d’un dîner à Jérusalem.
Dans leurs discours ou au cours de conversations plus informelles, les Israéliens ont tous exprimé la même appréciation sincère pour la solidarité dont a fait preuve la Société, dont le siège est à Munich – c’est la plus importante organisation de recherche non-universitaire allemande, qui comprend 85 institutions différentes.
« J’ai reçu du soutien de la part de responsables et de scientifiques allemands, mais vous voir ici est différent. Vous êtes la première institution ou organisation de recherche étrangère à être venue en Israël depuis le 7 octobre », a commenté le professeur Arie Zaban, président de l’université de Bar Ilan, lors d’un discours adressé aux scientifiques allemands.
« Vous faites preuve de clarté morale et vous vous tenez à nos côtés. Veuillez nous aider à faire avancer notre science ici, en Israël, que ce soit en matière de collaboration, d’échanges, de subventions, de garantie que nous pourrons bénéficier de financements de l’Union européenne », a-t-il ajouté.
La visite faite par les Allemands a donné aux Israéliens l’occasion de parler des difficultés qu’ils ont rencontrées lors de ces deux derniers mois. Cramer a d’ores et déjà évoqué l’une d’elles – la mobilisation des chercheurs israéliens rappelés dans la réserve militaire – dans une déclaration officielle qui a été émise le 11 octobre par sa Société.
Le président de l’Institut Weizmann, le professeur Alon Chen, a noté qu’à cause de cette mobilisation et du fait que les instituts et universités de recherche étrangers (cela a notamment été le cas de la Société Max Planck) ont immédiatement fait quitter l’État juif à leurs étudiants et à leurs post-doctorants, les laboratoires de recherche du pays fonctionnent au ralenti, à la moitié de leurs capacités habituelles.
Cramer confie au Times of Israel que certains de ses collègues israéliens lui ont dit que depuis le début de la guerre, leurs collaborateurs, les organisateurs de conférence et les publications de recherche de premier plan, à l’international, les boudaient. Ce qu’il trouve inacceptable, ajoute-t-il.
« Je me suis d’ores et déjà entretenu avec mes collègues de Weizmann et j’ai offert d’accueillir à Berlin une conférence qui devait avoir lieu en Israël. Nous offririons la salle mais les scientifiques israéliens géreraient l’événement comme c’était prévu initialement », déclare-t-il.
« Tout le monde peut se rencontrer dans un endroit sûr, où on peut facilement se rendre. Ce serait une manière de donner un peu à nos collègues israéliens le sentiment qu’ils peuvent continuer à mener leur vie professionnelle comme d’habitude, dans cette période difficile ».
Si Cramer reconnaît et déplore la souffrance de la population civile palestinienne dans le cadre de la guerre, le communiqué officiel qui a été émis par la Société Max Planck a condamné à voix forte l’attaque commise en Israël par le groupe terroriste – une condamnation sans équivoque.
Contrairement aux dirigeants des universités qui, aux États-Unis, se refusent à dire clairement qu’appeler au génocide du peuple juif est dangereux et constitue un acte de harcèlement, Cramer explique que son positionnement à l’égard de l’antisémitisme est résolu.
« Dans les démocraties, on peut critiquer les décisions politiques, un parti politique ou un gouvernement – une critique qui est souvent nécessaire. Mais il ne doit y avoir aucune tolérance à l’égard de l’antisémitisme et c’est quelque chose, de notre part, que nous établissons clairement », confie Cramer au Times of Israel.
Ce rejet sans ambiguïté aucune est crucial – en particulier au vu de l’histoire du prédécesseur de la Société Max Plant, la Société Kaiser Wilhelm, qui avait employé des sympathisants et des collaborateurs du régime nazi dans les années 1930 et 1940. Un grand nombre de ses membres juifs – notamment Albert Einstein et Lise Meitner — avaient été dans l’obligation de fuir l’Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale.
Quand ils se trouvaient à Jérusalem, Cramer et la délégation qui l’accompagnait se sont rendus à Yad Vashem, déposant une gerbe en mémoire de deux anciens membres de la Société Kaiser Wilhelm, Fritz Epstein et Fritz Duschinsky, assassinés à Auschwitz, et de Marie Wreschner, qui s’était donnée la mort pour échapper à la déportation.
Chen, à l’Institut Weizmann, estime que la communauté scientifique allemande a été exemplaire dans son soutien apporté à Israël et dans sa dénonciation de l’antisémitisme.
« Le soutien des scientifiques et du gouvernement allemands sont uniques si on les compare à ce à quoi nous assistons aujourd’hui aux États-Unis », s’exclame Chen.
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