Israël en guerre - Jour 371

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En Israël, la high-tech de pointe au service des blessés de la guerre

L'intelligence artificielle analyse les scanners à l'hôpital Sheba et envoie des alertes téléphoniques aux médecins et à Hadassah, les soldats blessés se rétablissent rapidement grâce à la robotique

Le docteur Gal Yaniv,  chef de l'unité de chirurgie endovasculaire, à côté de son ordinateur à l'hôpital Sheba avec, sur l'écran, une notification de l'application Aidoc, le 28 décembre 2023.  (Crédit : Renee Ghert-Zand/Times of Israel)
Le docteur Gal Yaniv, chef de l'unité de chirurgie endovasculaire, à côté de son ordinateur à l'hôpital Sheba avec, sur l'écran, une notification de l'application Aidoc, le 28 décembre 2023. (Crédit : Renee Ghert-Zand/Times of Israel)

Une jeune femme de 23 ans avait été blessée par les rafales de tirs des terroristes du Hamas lors de leur attaque sauvage contre les participants de la rave-party Supernova, organisée aux abords du kibboutz Reïm, le 7 octobre. Une balle avait notamment traversé son œil gauche, se logeant dans la partie droite de son cerveau.

Le bilan, à la fin de cette journée effroyable, s’était soldé par le massacre, par les hommes du groupe terroriste et ses complices civils, de 1 200 personnes dans le sud d’Israël, des civils en majorité. 240 personnes avaient été enlevées et prises en otage dans la bande de Gaza, dont le plus jeune, Kfir Bibas, avait alors même pas 9 mois. Des milliers de personnes, comme cette jeune femme qui se trouvait au festival de musique électronique, avaient été blessées et emmenées en hâte dans les hôpitaux israéliens.

La jeune fille a heureusement survécu.

Elle et d’autres civils et soldats, qui avaient été également blessés, n’ont pas seulement à remercier aujourd’hui les médecins et les personnels de santé qui leur sauvé ont la vie – mais également les nouvelles technologies médicales qui ont été créées et développées en Israël.

Le taux de décès parmi les soldats blessés, dans la guerre en cours à Gaza, est de 6,7 % – ce qui représente moins de la moitié du même taux pendant la Seconde guerre du Liban et 2,5 % de moins qu’au cours de l’Opération Bordure protectrice, survenue pendant l’été 2014.

Une baisse qui peut être attribuée aux évacuations plus rapides des blessés pris en charge sur le champ de bataille et qui sont amenés dans les hôpitaux (des évacuations qui sont plus rapides, en moyenne, d’une heure et six minutes) et à de meilleurs équipements de protection. Mais pas seulement : les avancées médicales qui se sont basées sur les nouvelles technologies qui ont pu se développer depuis les conflits précédents tiennent également un rôle majeur dans l’amélioration de ce taux de survie.

Les équipes d’évacuation médicale de Lahak-United Hatzalah effectuent des missions de sauvetage aérien dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Autorisation de United Hatzalah)

L’intelligence artificielle qui rationnalise le traitement du patient

A son arrivée à l’hôpital Sheba de Ramat Gan, la jeune femme grièvement blessée lors de la rave-party a ainsi été soumise à une grande variété d’examens et une hémorragie a été localisée dans l’une de ses artères cérébrales.

« Ce jour-là, j’ai reçu une notification à chaque fois qu’un patient atteint d’une hémorragie cérébrale arrivait », commente le docteur Gal Yaniv, chef de l’unité de chirurgie endovasculaire à Sheba.

Une notification qui ne prenait pas la forme d’un appel de ses collègues de l’hôpital – mais celle d’une alerte automatique lancée par le biais de son ordinateur et d’une application téléphonique de la part d’une plateforme créée grâce à l’intelligence artificielle, Aidoc.

Tous les examens médicaux, à Sheba, sont enregistrés à l’aide d’un serveur dédié, programmé avec la technologie de détection des pathologies d’Aidoc. Un radiologue, lui aussi, inspectera les scanners, mais Aidoc réagit plus vite, ce qui est déterminant lorsque la survie d’un malade est en jeu et que chaque minute compte.

« Le temps, c’est la vie. Aidoc envoie les notifications au médecin concerné, indépendamment d’où il se trouve, pour traiter le problème. Quand ils ont la notification, ils peuvent analyser les résultats d’examen et commencer à rationnaliser le plan de traitement ou planifier une intervention si elle s’avère nécessaire, et ce sans attendre », explique Yaniv.

« Au cours d’un événement entraînant un nombre massif de victimes, comme cela a été le cas le 7 octobre et comme ça l’est encore dans la guerre, Aidoc est particulièrement utile pour nous aider dans le processus de tri et pour nous permettre d’accorder la priorité aux soins de certains patients », continue-t-il.

Yaniv est co-fondateur et médecin-chef au sein d’Aidoc, qui offre 17 solutions basées sur l’AI pour les examens de radiologie (rayons X, tomodensitométrie…) La compagnie a été établie à Sheba, en 2016 et ses technologies sont utilisées par l’hôpital depuis 2018. Aujourd’hui, ce sont environ 1 200 hôpitaux qui utilisent la plateforme dans le monde entier.

Grâce à sa technologie basée sur l’intelligence artificielle avancée, l’équipe de l’unité neurovasculaire, à l’hôpital Sheba, a été en mesure de prendre rapidement en charge la victime du festival de musique électronique Supernova. Une angiographie a permis de déceler un minuscule anévrisme dans son cerveau qu’il a fallu soigner immédiatement pour empêcher une nouvelle rupture particulièrement dangereuse et qui aurait probablement été mortel.

« Heureusement, tout a été pris à temps, tout a été traité de manière appropriée et la jeune femme est actuellement en train de se rétablir de cette blessure et des autres dans notre centre de rééducation », s’exclame Yaniv.

Des robots chirurgicaux pour enlever les balles et les éclats d’obus

Le professeur Leon Kaplan opère un soldat blessé, lui enlevant une balle avec l’aide d’un robot dans un acte de chirurgie mini-invasive de la colonne vertébrale à l’hôpital Hadassah, au mois de décembre 2023. (Autorisation : Hadassah)

A l’hôpital Hadassah de Jérusalem, le docteur Josh Schroeder, chef du département de chirurgie des déformations rachidiennes, utilise les robots dans son travail depuis dix ans.

« Les chirurgies avec assistance robotique sur des scolioses et autres déformations sont notre pain quotidien. Le robot nous oriente s’agissant de placer des vis pédiculaires, par exemple », indique Schroeder.

Alors que les technologies robotiques existent depuis un moment dans le secteur chirurgical, Schroeder, aux côtés du professeur Leon Kaplan et du professeur Meir Liebergall, les ont utilisées de manière innovante, fin décembre, pour soigner un soldat qui avait reçu une balle qui s’était coincée dans le sacrum, le gros os triangulaire qui se trouve à la base de la colonne.

Il n’était pas possible de laisser la balle là où elle était dans la mesure où elle aurait pu toucher les nerfs qui descendent le long de la jambe.

« Le soldat avait initialement été amené dans un autre hôpital et les médecins avaient dit qu’ils ne pourraient opérer qu’en ouvrant le corps. Nous avons déclaré que de notre côté, nous pouvons faire un acte de mini-chirurgie invasive, avec une assistance robotique. Ce qui ne prend également qu’une heure et demie au lieu d’une demi-journée », déclare Schroeder.

Les chirurgiens de Hadassah se sont appuyés sur le système robotique de guidage Mazor, qui est vendu par la compagnie israélienne Medtronic. Hadassah possède un robot de ce type sur tous ses campus, à Jérusalem. La chirurgie en elle-même a eu lieu à l’hôpital Ein Kerem.

La balle retirée d’un soldat de l’armée qui avait été blessé et qui a été pris en charge par les chirurgiens de l’hôpital Hadassah avec une assistance robotique, au cours d’une intervention mini-invasive, au mois de décembre 2023. (Autorisation : Hadassah)

L’équipe a téléchargé les images de tomographie par ordinateur avant l’opération et deux scans aux rayons X. Le robot a fusionné toutes ces données, calculant l’endroit exact où les chirurgiens devaient intervenir pour extraire la balle.

« Nous avons également utilisé le robot pour des chirurgies mini-invasives visant à soigner des fractures dans les colonnes vertébrales des soldats, à enlever des éclats d’obus ou à traiter des blessures variées essuyées par les victimes du 7 octobre », explique Schroeder.

« Nous pouvons le faire parce que le robot nous donne la parfaite trajectoire pour aller régler le problème », continue-t-il.

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