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Extrême-Orient/COVID: les règles stimulent la créativité des communautés juives

Alors que la pandémie se normalise en Amérique du Nord, les pays asiatiques « zéro COVID » entament leur troisième année en affrontant une nouvelle vague

Purim à Shanghai, en 2020. (Crédit : Autorisation de Hannah Maia Frishberg / par l’intermédiaire de la JTA)
Purim à Shanghai, en 2020. (Crédit : Autorisation de Hannah Maia Frishberg / par l’intermédiaire de la JTA)

TAIPEI, Taïwan (JTA) – Indécise depuis janvier, la rabbine Martha Bergadine avait fini par se décider à quitter Hong Kong pour la première fois depuis deux ans afin de rendre visite à son fils, étudiant aux États-Unis.

Au début, le moment lui avait paru opportun : Hong Kong, fort d’une « politique dynamique COVID-19 » qui avait contribué à garder le virus sous contrôle, affichait l’un des taux d’infection et de mortalité les plus bas au monde. Pendant la majeure partie du mois de décembre, le nombre moyen de nouveaux cas quotidiens était resté inférieur à 10.

Arrive la variante Omicron. En décembre, alors que les cas de COVID-19 s’envolaient aux États-Unis et dans le monde entier, Hong Kong interdisait les vols en provenance de plusieurs pays, dont les États-Unis, pendant 14 jours, par mesure de prudence. Pourtant, début février, les cas se sont multipliés, par centaines. En mars, des dizaines de milliers de cas étaient signalés chaque jour et le taux de mortalité est devenu l’un des plus élevés au monde.

Bergadine, qui est rabbin et directrice de l’éducation de la Communauté juive unie (UJC) de Hong Kong, avait prévu de revenir à Hong Kong le 17 janvier, avec une quarantaine de deux semaines à l’hôtel. Mais du fait de l’interdiction des vols américains, elle a tenté ce que les Hongkongais appellent un « lavage » – passer deux semaines dans un pays tiers pour « laver » tout risque de virus avant de revenir à Hong Kong.

Bergadine s’est donc rendue en Finlande. Mais très rapidement, les vols directs en provenance de Finlande ont également été interdits par Hong Kong. Avec beaucoup de chance, elle a pu embarquer à bord d’un vol Helsinki/Amsterdam/Hong Kong, qui lui a permis de retrouver son mari et sa fille. Elle est sortie de quarantaine le 4 mars, un mois plus tard que prévu.

« Je suis soulagée d’être revenue. Le vol qui m’a ramenée ici a, par la suite, été interdit pendant deux semaines », a-t-elle précisé. « J’ai le sentiment d’avoir eu de la chance et d’avoir réussi à passer entre les gouttes. »

La pandémie que l’on connait depuis deux ans semble refluer en Amérique du Nord, où les communautés durement touchées par la COVID renouent avec une certaine normalité. À Hong Kong et en Chine, en revanche, le virus se propage avec une rage vengeresse qui rapproche mars 2022 de mars 2020.

L’UJC de Bergadine, l’une des nombreuses communautés juives de Hong Kong, a alterné événements en personne, en ligne et hybrides au cours des deux dernières années. La ville fait aujourd’hui face à sa cinquième – et pire – vague.

Les membres de la communauté, dont la plupart sont des expatriés, sont en grande majorité restés sur place ces deux dernières années, découragés autant par la perspective d’une quarantaine de deux à trois semaines dans un hôtel – synonyme de plusieurs milliers de dollars – que par des mesures changeantes, difficiles à anticiper.

« Prétendre que c’est facile serait vraiment faire preuve de mauvaise foi », assure Robin Roschke, président de l’UJC. « L’une des choses les plus difficiles pour les fidèles est de voir ce qui se passe dans leur pays d’origine sans pouvoir être avec leur famille, leurs amis. Nous avons fait en sorte d’être présents et solidaires pour nos fidèles. »

Illustration : Photo de groupe à l’occasion de Pourim, en 2021, au sein de la Communauté juive de Taïwan, où aucun masque n’était requis. (Crédit : Archi Chang)

Les communautés de Chine continentale et de Taïwan ont connu peu ou prou la même histoire. Les deux pays se sont appuyés sur des politiques « zéro COVID » pour contenir le nombre de cas et de décès, souvent sans le succès espéré. Les taux de vaccination relativement faibles chez les personnes âgées, entre autres raisons, ont permis au virus de franchir les frontières, impliquant des changements majeurs de politique en matière de confinement.

Face à la situation, certains Juifs ont choisi de quitter leur pays d’adoption. D’autres se trouvaient à l’étranger lorsque les confinements ont été annoncés, séparant des familles entières.

L’ancienne coordinatrice de l’éducation de Kehilat Shanghai – l’une des communautés juives organisées de Shanghai – faisait partie de ces malchanceux. Elle a assuré ses cours d’hébreu à distance depuis les États-Unis, sans pouvoir revenir. Même s’il était encore possible de programmer et organiser des événements en personne en Chine en mars 2020, la plupart des activités autres que les fêtes religieuses et dîners de Shabbat avaient été suspendues.

Pour autant, « on n’a pas assisté à un exode », a indiqué Scott Pollack, membre de longue date de Kehilat Shanghai, qui a décidé de faire venir ses parents, âgés de 80 ans, depuis leur maison en Californie peu après le début de la pandémie. « Nos derniers grands rassemblements ont été Rosh HaShana et Yom Kippour. Les chiffres étaient assez élevés, mais pas alarmants. »

Scott Pollack avec sa famille au Nouvel An lunaire. En 2020, il a fait venir ses parents, au centre de la photo, de Californie à Shanghai afin que la famille puisse être réunie pendant la pandémie. (Crédit : Gracieuseté de Scott Pollack / via la JTA)

Pour les Juifs progressistes de Shanghai – en majorité des expatriés venus du monde entier pour raisons professionnelles –, la pandémie a posé un autre problème. Avant 2020, la communauté comptait sur des rabbins itinérants pour célébrer les principales fêtes religieuses. Les dirigeants laïcs étaient en pleine négociation pour dépêcher un rabbin à temps partiel afin de diriger la communauté lorsque la pandémie a frappé en 2020.

Ces projets sont, pour l’instant, suspendus car certains pensent que la Chine et Hong Kong pourraient bien demeurer fermés au monde jusqu’en 2024, bien que l’ancien épidémiologiste en chef de Chine ait déclaré que « dans un proche avenir, à un moment approprié, il y aura une feuille de route à la chinoise pour vivre avec le virus ».

L’absence de clergé professionnel à la tête de la communauté progressiste de Shanghai a incité la communauté dans son ensemble à s’impliquer davantage.

Rosh Hashanah à Shanghai, en 2021. (Crédit : Autorisation de Hannah Maia Frishberg / via la JTA

« Au final, le résultat a été magnifique », s’est réjoui Pollack, « le fait que les membres de la communauté se soient mobilisés et aient appris à lire des prières qu’ils n’avaient jamais eu à apprendre auparavant. »

« Il est extrêmement intéressant d’examiner 2020 à l’aune de 2022 pour mesurer combien nous avons été réactifs, mais aussi faire le constat qu’aujourd’hui, nous sommes l’un des derniers pays à ne pas pouvoir tenir d’offices, de prières et d’événements dans un cadre totalement normal », a déclaré Hannah Maia Frishberg, coordinatrice de l’éducation de Kehilat Shanghai.

« Les masques sont toujours nécessaires : on part du principe que la plupart des gens sont vaccinés, qu’ils ont un passe sanitaire en règle. »

La semaine dernière, la Chine a connu la plus forte hausse du taux de contagion au niveau national depuis 2020 (à l’exclusion des cas détectés chez les voyageurs entrants) et met, depuis, en œuvre des mesures extrêmement strictes, peut-être même les plus strictes depuis le début de la pandémie. Une province entière a ainsi été mise en quarantaine et fermée au reste du pays, pour la première fois en deux ans. À Shanghai, les événements en personne et les rassemblements – et notamment les festivités de Pourim – ont été reportés.

Purim à Shanghai, en 2020. (Crédit : Autorisation de Hannah Maia Frishberg / par l’intermédiaire de la JTA)

Cette année, les dirigeants savent bien davantage tirer parti des technologies, a précisé Josh Lavin, président des communications et secrétaire du conseil d’administration de l’UJC. Et cela se traduit dans l’offre en ligne à distance du groupe, plus « riche en effets vidéo et de montage, afin d’en faire des contenus conçus pour la mise en ligne », a-t-il déclaré.

L’UJC s’est adaptée suffisamment souvent pour être prête à tout changement et envisage même de poursuivre ses activités en mode hybride, même au-delà du COVID. Cela fait désormais partie de la vie à Hong Kong.

« Le peuple juif a connu des moments très difficiles. Ô combien. Et en comparaison, ce que nous vivons est difficile, oui, mais sans commune mesure », a précisé Roschke.

« Je suis sûr que la communauté connaîtra à nouveau des jours meilleurs. La période n’est pas facile, mais il n’y a rien que nous ne sachions gérer. Nous, les Juifs, connaissons bien tout cela. »

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