Israël en guerre - Jour 434

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Francesca Albanese estime qu’Israël n’avait pas le droit de faire la guerre au Hamas après le 7 octobre

Sur le plateau de Piers Morgan, la rapporteuse spéciale de l'ONU critique les mandats d'arrêt limités de la CPI contre Netanyahu et Gallant, qu'elle veut voir livrés à un tribunal international

La rapporteuse spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens Francesca Albanese apparaît dans l'émission Piers Morgan Uncensored, le 26 novembre 2024. (Crédit : YouTube ; utilisé conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)
La rapporteuse spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens Francesca Albanese apparaît dans l'émission Piers Morgan Uncensored, le 26 novembre 2024. (Crédit : YouTube ; utilisé conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)

Reconnaissant à contrecœur que le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 « pourrait être qualifié » de terrorisme, la rapporteuse spéciale des Nations unies (ONU) sur les territoires palestiniens, Francesca Albanese, a néanmoins souligné sur le plateau de Piers Morgan que la guerre menée par Israël contre le Hamas à Gaza est, selon elle, illégale.

Le 7 octobre 2023, quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut des communautés du sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. Ces massacres ont déclenché la guerre en cours à Gaza, qui s’est ouverte sur 7 fronts, avec l’Iran et ses mandataires, dont le groupe terroriste chiite du Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen et d’autres groupe en Syrie et en Iraq, disant agir en soutien au Hamas.

Interviewée mardi par le célèbre journaliste britannique Piers Morgan, dans son émission Uncensored sur YouTube, Albanese a affirmé que « le jour où Israël a été attaqué, il avait tous les droits de se défendre, de protéger ses citoyens sur son territoire et de repousser l’attaque par toutes les mesures nécessaires et proportionnelles – ce qui signifie utiliser la force, y compris la force létale, arrêter, et détenir toutes les personnes impliquées et trouvées sur son territoire – comme cela s’est produit les 7, 8 et 9 octobre ».

Mais, a-t-elle poursuivi, « Israël n’avait pas le droit de mener une guerre contre les Palestiniens de Gaza ».

Lorsque Morgan a souligné qu’Israël avait « certainement le droit de poursuivre les 3 000 terroristes qui avaient franchi sa frontière, massacré sa population et emmené les otages à Gaza, car cela ne s’arrête pas à la frontière », Albanese lui a répondu qu’il devait être « faire très attention à ses mots, car cette logique de ‘œil pour œil’ pourrait justifier les événements du 7 octobre ».

« Le fait de qualifier ces actes de terrorisme ne justifie pas les actions menées par Israël depuis », a-t-elle affirmé, avant d’ajouter que « mener une guerre » n’était pas une réponse « proportionnée ».

Albanese a également déclaré à Morgan que, selon elle, l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) concernant le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant était trop restreinte. Elle estime que l’examen devrait couvrir l’ensemble de l’offensive menée par Israël au-delà de ses frontières.

Albanese est connue pour ses déclarations antisémites, anti-Israël et pro-Hamas.

Le 11 octobre 2023, soit quatre jours après le pogrom, Albanese avait exprimé des doutes quant à la véracité des informations rapportant des viols et des agressions sexuelles. Elle avait affirmé que ces allégations étaient diffusées par les États-Unis et Israël dans le but d’attiser les tensions.

En février, les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur d’Israël ont indiqué qu’Albanese était interdite d’entrée en Israël à la suite d’un tweet qu’elle avait adressé au président français Emanuel Macron dans lequel elle affirmait que « les victimes du 7/10 n’ont pas été tuées en raison de leur judaïsme, mais en raison de l’oppression israélienne ».

Plus récemment, lors d’une réunion à l’université de Harvard, Albanese a également affirmé que lorsque le Hamas parle de tuer des Juifs (le terme utilisé étant Yahoud), il ne parle pas vraiment des Juifs.

Au micro de Morgan mardi, Albanese a évoqué les mandats d’arrêt récemment délivrés par la Cour pénale internationale (CPI) et a appelé les autorités israéliennes à livrer Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant à la justice internationale.

« S’ils n’avaient rien à craindre, ils se présenteraient devant les tribunaux. Ils se défendraient simplement devant la CPI. Que craignent-ils s’ils n’ont rien fait de mal ? », a-t-elle déclaré.

En réponse au pogrom et aux massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre, marqués par des actes d’une brutalité extrême, y compris des violences sexuelles confirmées par une enquête de l’ONU, Israël a riposté par des frappes aériennes sur Gaza, suivies d’une incursion terrestre plus tard dans le mois. L’objectif déclaré était de démanteler le Hamas, qui contrôle Gaza, et de libérer les otages.

L’interview a été suivie d’un débat animé par Piers Morgan, réunissant un panel de quatre personnalités pour discuter des sujets abordés. Alan Dershowitz, avocat américain, et Jonathan Conricus, ancien porte-parole de Tsahal, ont défendu Israël.

Face à eux, le journaliste et auteur britannique Matt Kennard et Katie Halper, animatrice du podcast A Jew For Ceasefire Now, ont présenté une position critique envers Israël.

Albanese a affirmé que les mandats de la CPI étaient « nécessaires » et « dus depuis longtemps », ajoutant qu’ils étaient « très pertinents ».

« Il existe des preuves accablantes que la famine a été utilisée comme outil de guerre, ce qui ne peut être justifié sous aucune circonstance », a ajouté Albanese au micro de Morgan.

Dershowitz a souligné que les mandats d’arrêt, qui empêchent Netanyahu de se rendre dans d’autres pays pour « défendre les intérêts d’Israël », sont également préjudiciables à la CPI parce qu’ils ont été délivrés de manière inappropriée.

Le principal procureur de la Cour, Karim Khan, « aurait dû se rendre en Israël pour examiner les deux parties concernées, or, suite aux accusations de harcèlement sexuel dont il a fait l’objet, il a annulé ce voyage parce qu’il souhaitait délivrer les mandats d’arrêt le plus rapidement possible », a-t-il expliqué.

Conricus a abondé dans ce sens, qualifiant Khan de « louche et contestable » et le processus de « totalement défectueux ».

« Toutes les conclusions sont basées sur des informations erronées ou incomplètes. Il me semble qu’il existe des preuves vérifiées par des sources non israéliennes qui contredisent ces allégations », a-t-il déclaré, sans toutefois citer de sources spécifiques.

Morgan a répliqué en soulignant que le refus de Tsahal de permettre aux journalistes étrangers d’entrer dans la bande de Gaza pour couvrir la situation a empêché la présentation de telles preuves et suscité des soupçons à l’égard d’Israël.

Alors que les quatre panélistes ont convenu que les journalistes étrangers devraient être autorisés à entrer à Gaza, Kennard — qui a qualifié Israël de « régime terroriste voyou » mais a refusé d’appliquer cette étiquette au Hamas ou de qualifier son attaque du 7 octobre de terrorisme — a accusé Israël de cibler délibérément les responsables des médias palestiniens pour les empêcher de rapporter ses prétendus crimes contre l’humanité, une affirmation catégoriquement démentie par Israël.

L’avocat Alan Dershowitz quitte la cour fédérale à New York, le 2 décembre 2019 (Crédit : Richard Drew/AP)

Conricus a également souligné que le principal obstacle à une couverture fiable de la situation à Gaza était le Hamas, qu’il a accusé de contrôler les médias palestiniens dans l’enclave.

« J’en ai été le témoin direct. Au lieu de rapporter les crimes de guerre commis par le Hamas, qui sont pourtant bien documentés, les journalistes sur place ne les couvrent pas, car le Hamas les en empêche par des mesures de répression et de censure », a-t-il déclaré.

Le mois dernier, Israël a publié des documents qui, selon lui, prouvaient que des journalistes éliminés par Tsahal étaient dans les rangs du Hamas ou du Jihad islamique palestinien, une allégation que le gouvernement israélien répète régulièrement depuis le début de la guerre il y a treize mois.

De nombreux journalistes cités travaillaient pour la chaîne Al-Jazeera, basée au Qatar, interdite et bloquée par le gouvernement israélien depuis avril dernier.

En juin, un tribunal israélien a établi un lien direct entre la consommation de contenus d’Al-Jazeera et des attentats terroristes perpétrés en Israël. Le jugement a également conclu qu’il existait un « lien étroit » entre Al-Jazeera et le Hamas, et que certains reporters de la chaîne à Gaza étaient devenus des « collaborateurs et partenaires » du Hamas, voire avaient eux-mêmes participé à des actes terroristes.

Revenant sur des propos tenus le mois dernier, dans lesquels elle exhortait l’ONU à envisager la suspension d’Israël en tant qu’État membre, Francesca Albanese a également accusé Israël de violer régulièrement le droit international et d’insulter les représentants et les organisations de l’ONU plus que tout autre pays au monde.

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan, dans la Cour d’honneur du Palais Royal, à Paris, le 7 février 2024. (Crédit : Dimitar Dilkoff/AFP)

Parmi les crimes présumés imputés à Israël figurent le meurtre de 240 membres du personnel de l’ONU et des attaques contre des soldats de la paix de l’ONU au Liban, selon les accusations d’Albanese.

Israël affirme que plus de 10 % du personnel de l’Office des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Gaza est lié à des organisations terroristes. Il soutient également que le matériel éducatif utilisé par l’UNRWA incite à la haine d’Israël et glorifie le terrorisme.

En février, Tsahal a révélé l’existence d’un centre de données souterrain du Hamas situé directement sous le siège de l’UNRWA dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a ciblé à plusieurs reprises des centres de commandement du Hamas et des combattants qui, selon elle, se dissimulent dans des écoles administrées par l’UNRWA.

Des troupes de Tsahal opèrent dans la bande de Gaza dans une image autorisée à la publication le 24 novembre 2024. (Crédit : armée israélienne)

Israël a également été accusé de génocide à plusieurs reprises, notamment dans le cadre d’une affaire intentée par l’Afrique du Sud devant la CPI.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 42 000 personnes auraient été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent, bien que ce bilan ne puisse être vérifié et qu’il ne distingue pas entre civils et combattants. Israël affirme avoir tué environ 18 000 terroristes dans les combats et 1 000 autres terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.

Israël insiste sur le fait qu’il cherche à minimiser les pertes civiles et accuse le Hamas d’utiliser les civils de Gaza comme boucliers humains, en combattant depuis des zones habitées, y compris des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.

Au cours de cette interview, Albanese a également déclaré que les implantations israéliennes en Cisjordanie, qu’elle a qualifiées de « colonies », constituaient des crimes de guerre. Elle a ajouté « qu’Israël devait mettre fin à l’occupation, car celle-ci favorise les violences ».

Des véhicules de l’armée israélienne lors d’un raid militaire près de Jenin, en Cisjordanie, le 19 novembre 2024. (Crédit : Zain JAAFAR / AFP)

Elle a également critiqué l’administration du président américain sortant Joe Biden, affirmant que les États-Unis avaient accordé à Israël davantage d’aide militaire, économique, financière et politique au cours des 14 derniers mois qu’à aucun autre moment de leur histoire.

« Je comprends, en tant qu’Européenne, pourquoi les Juifs ont un lien si profond avec Israël. Mais ce que je remets en question, c’est la responsabilité d’un État tiers. Comment les États membres réagissent-ils face à un État qui, depuis 50 ans, commet un génocide, occupe illégalement un territoire et pratique un apartheid ? », a-t-elle déclaré.

Albanese a conclu en exprimant l’espoir que le nouveau président américain, Donald Trump, « s’éloigne de ce précipice et fasse ce qu’il faut ».

Dershowitz s’est montré optimiste quant à la réélection de Trump, saluant sa « fermeté à l’égard de l’Iran » – un soutien majeur de groupes terroristes tels que le Hamas et le Hezbollah libanais chiite – qu’il considère comme un levier probable pour parvenir à la paix.

« La paix dans la région passera par le désarmement de l’Iran », a-t-il affirmé.

Le président américain Donald Trump (à gauche) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se serrent la main au Musée d’Israël à Jérusalem, mardi 23 mai 2017. (AP Photo/Sebastian Scheiner, dossier)

Kennard a toutefois qualifié Trump de « désastre pour la cause palestinienne », affirmant qu’il « agit dans l’intérêt d’Israël ».

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