GB : L’extrême-droite sommée de rester à l’écart de la marche contre l’antisémitisme
Avant un défilé massif à Londres, les leaders juifs déclarent que l'extrémiste Tommy Robinson et ses soutiens "ne sont pas des alliés" de la communauté
Avant une manifestation qui pourrait bien être le plus important rassemblement contre l’antisémitisme en Grande-Bretagne depuis 90 ans, les leaders de la communauté juive ont sommé Stephen Yaxley-Lennon, un chef d’extrême-droite, de se tenir à l’écart du rassemblement, a fait savoir le Guardian dans la journée de vendredi.
La manifestation prévue dimanche à Londres, à l’initiative du groupe Campaign Against Antisemitism, pourrait réunir environ 40 000 personnes – avec une présence significative de non-Juifs.
Le fondateur de l’English Defense League, Tommy Robinson, aurait déclaré qu’il soutenait les objectifs poursuivis par la marche.
Mais les organisateurs ont rejeté toute possibilité de s’associer avec l’extrême-droite. « Contrairement à ce que semble croire Tommy Robinson, les voyous enivrés d’extrême-droite qui sont venus ‘protéger le Cénotaphe’ le jour de l’armistice, certains criant ‘Zieg heil’ et d’autres envoyant à l’hôpital des agents de police, ne sont pas les alliés de la communauté juive et ils ne sont pas les bienvenus à notre marche de solidarité », aurait fait savoir un porte-parole de Campaign Against Antisemitism, des propos rapportés par le Guardian.
« Nous sommes impatients de voir celles et ceux qui apportent un soutien authentique à notre communauté se réunir, et nous invitons tous nos alliés à marcher les uns à côté des autres en signe de solidarité avec les Juifs britanniques », a ajouté le porte-parole.
Robinson, un ancien hooligan qui s’était initialement fait remarquer dans les stades de football, avait créé l’EDL pour protester contre les manifestations islamiques dans sa ville natale de Luton. Il avait rapidement attiré de nombreux membres de l’extrême-droite, son groupe s’élargissant au niveau national. Il fait campagne depuis longtemps contre les crimes qui sont commis, selon lui, par les migrants musulmans.
Par ailleurs, des journalistes juifs de la BBC ont annoncé que le règlement de la corporation ne leur permettait pas d’aller défiler, ce week-end.
De nombreux journalistes qui avaient demandé l’autorisation de prendre part au défilé de Londres ont confié aux médias britanniques que la compagnie avait mis en avant « les règles portant sur son impartialité » pour les décourager de prendre part au rassemblement.
Selon ces règles, les personnels des salles de rédaction et autres « ne peuvent pas prendre part à des manifestations ou à des rassemblements publics sur des questions controversées ».
Les journalistes juifs ont alors fait valoir que les discriminations dénoncées par le mouvement de protestation ne devaient pas être considérées comme une « question politique » ou « une problématique controversée », disant à leurs dirigeants que « le racisme, c’est le racisme », a signalé le Telegraph. Ils ont ajouté que si la BBC désapprouvait le racisme, alors ses employés devaient pouvoir manifester pour le condamner.
« La BBC dit avec beaucoup de clarté que l’antisémitisme est odieux », a commenté dans un communiqué un porte-parole de l’entreprise. « Nous avons établi des directives autour des manifestations, ce qui explique que différentes considérations sont prises en compte en fonction du poste assumé au sein de la BBC ».
« Nous n’avons émis aucune communication en direction du personnel au sein de l’entreprise concernant la marche spécifique qui aura lieu ce week-end, mais cela ne signifie pas que des discussions en lien avec les directives n’ont pas eu lieu entre collègues », a-t-il continué.
Cette marche devrait être la plus importante manifestation des membres de la communauté juive britannique depuis la Bataille de Cable Street, en 1936, au cours de laquelle les Juifs antifascistes s’étaient unis à leurs voisins d’East End pour empêcher l’entrée de la British Union of Fascists. Approximativement un quart de million de personnes – un mélange de Juifs, de dockers irlandais, de membres de la classe ouvrière locale et de communistes – s’étaient rassemblés alors pour empêcher le défilé fasciste, autorisé par le gouvernement, de traverser un quartier juif de Londres.
Gideon Falter, directeur exécutif de Campaign Against Antisemitism, a déclaré au Jewish Chronicle que « nous avons été témoins d’une criminalité de masse, avec notamment une glorification du terrorisme, un soutien affiché à l’égard d’une organisation terroriste interdite comme le Hamas, ou des incitations à la haine raciale ou religieuse à l’encontre des Juifs. La triste vérité est que les Juifs ne se sentent pas en sécurité dans notre capitale ».
Un mouvement de protestation pro-palestinien plus large, qui pourrait attirer 100 000 personnes, est prévu samedi à Londres. Et un autre encore plus important – 300 000 personnes y ont participé, selon les estimations – avait eu lieu dans la capitale britannique, il y a deux semaines.
Comme cela a été le cas également dans les autres pays de toute l’Europe, la Grande-Bretagne a connu une hausse nette du nombre d’incidents antisémites depuis l’assaut meurtrier commis par les hommes armés du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre – un massacre qui a entraîné la guerre actuelle dans la bande de Gaza. Certains incidents sont survenus lors de défilés pro-palestiniens dans le monde entier, avec des manifestants qui ont entonné des slogans antisémites.
L’AFP a contribué à cet article.