GB: une ex-députée du Labour dit avoir été accusée de double loyauté pour Israël
Louise Ellman, qui a quitté le parti après 55 ans, accuse des membres d'épouser des thèses antisémites et de nourrir une "obsession" pour Israël

Une député juive du Parti travailliste britannique ayant quitté la formation la semaine dernière dit avoir été mise de côté par les nouveaux militants d’extrême gauche qui refusaient d’utiliser son nom dans des publications et l’ont accusée de double loyauté envers Israël.
L’élue de Liverpool Rivserside Louise Ellman avait annoncé dans une lettre sa démission du parti dont elle était membre depuis 55 ans. Elle a accordé un entretien au site du Telegraph publié mercredi dans lequel elle explique que depuis qu’elle est devenue députée en 1997, de nombreux nouveaux militants ayant rejoint le parti « soutenaient des théories du complot antisémites et venaient de groupes révolutionnaires communistes ».
Louise Ellman a également accusé de nombreux membres du parti de nourrir « une ‘obsession’ pour Israël au détriment d’autres questions intérieures ou étrangères ».
« Un membre m’a dit, ‘Qu’est-ce que ça fait d’être élue députée d’un parti démocratique dans ce pays, mais de représenter un parti fasciste à l’étranger ? », a-t-elle rapporté.
Lors d’un incident récent relaté dans l’article, « un groupe de nouveaux militants de gauche dure ont refusé d’utiliser son nom en raison de son soutien d’Israël. Ils faisaient ainsi référence à elle par ‘la députée’, utilisant le terme ‘sioniste’ de façon péjorative, et un des membres a hurlé ‘Non, non, non’ lorsqu’elle a suggéré qu’ils l’appellent Louise ».

« Ça m’a angoissée », a-t-elle confié. « Il y toujours eu de l’antisémitisme à gauche, ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il n’était pas dominant au parti travailliste jusqu’à ce que Jeremy Corbyn en devienne le dirigeant. Je crois que c’est parce qu’il vient de l’extrême-gauche, qui porte des opinions conspirationnistes sur le monde liées au pouvoir et au contrôle, souvent ces théories se transforment en théories antisémites sur les Juifs qui détiendraient le pouvoir et contrôlerait tout ».
Lorsqu’elle s’est plainte en personne à Corbyn, Louise Ellman dit avoir été insultée par sa réaction. « Il a écouté ce que j’ai dit, [mais] n’a pas répondu de façon signifiante. Il a écouté et m’a parlé d’un autre membre juif qui était là depuis longtemps. Cela prouvait tout simplement qu’il ne pouvait pas ou ne voulait pas reconnaître la gravité du problème ».
« Il y a une montée rapide de l’antisémitisme… qui n’est pas pris au sérieux et qui n’est traité que quand l’affaire devient publique », a-t-elle accusé.
Elle a été une voix très critique de la gestion de l’antisémitisme au sein du parti et de Corbyn. Dans sa lettre de démission, Ellman a écrit être « profondément dérangée » par la recrudescence de l’antisémitisme et qu’elle ne pouvait plus soutenir un vote travailliste qui pourrait conduire Corbyn à devenir Premier ministre.
« Je crois que Jeremy Corbyn n’est pas apte à servir en tant que Premier ministre », a-t-elle ainsi écrit.
I have made the truly agonising decision to leave the Labour Party after 55 years. I can no longer advocate voting Labour when it risks Corbyn becoming PM. I will continue to serve the people of Liverpool Riverside as I have had the honour to do since 1997. pic.twitter.com/3BTzUacZvo
— Louise Ellman MP (@LouiseEllman) October 16, 2019
« Corbyn, qui a passé trente ans sur les bancs parlementaires à fréquenter, sans jamais s’opposer, aux antisémites, aux négationnistes de la Shoah et aux terroristes, a attiré le soutien de trop nombreux antisémites », a-t-elle écrit
« Des membres juifs du parti ont été intimidés, insultés et forcés à quitter le parti. Les antisémites se sont sentis à l’aise avec des théories du complot qui se sont diffusées, a-t-elle écrit. Un parti qui permet au racisme anti-juif de se développer ne peut pas être qualifié de parti anti-raciste. »
Elle a déclaré que sa décision était un « véritable crève-cœur », mais a précisé qu’elle ne rejoindrait pas un autre parti, affirmant qu’elle reviendrait au parti travailliste quand il aurait un nouveau chef. « Je ne peux pas rester au Parti travailliste sous son actuelle direction », a-t-elle déclaré à la BBC jeudi. « Mais j’espère que je pourrai revenir dans ma maison politique une fois de nouveaux dirigeants élus. »

Plus tôt ce mois-ci, Ellman avait été confrontée à une motion de défiance prévue la veille de Yom Kippour par une antenne locale du parti en raison de sa critique de Corbyn et de ses remarques de septembre où elle disait « comprendre pourquoi les Juifs envisageraient sérieusement de quitter la Grande-Bretagne si Corbyn devenait Premier ministre ».
Le vote de confiance a été annulé après que des officiels travaillistes de la région nord-ouest ont déconseillé de procéder à ce vote
M. Corbyn a fait l’objet d’attaques répétées, y compris au sein du parti, pour avoir permis à l’antisémitisme de s’y propager et pour avoir refusé d’adopter pleinement la définition de l’antisémitisme de l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) dans le nouveau code de conduite du Labour.

Le parti travailliste a été secoué par des accusations d’antisémitisme depuis que Corbyn, un militant d’extrême-gauche, a été élu à sa tête en 2015. Le parti a de nouveau été au centre de l’attention médiatique après la diffusion d’un reportage de la BBC dans lequel un certain nombre d’anciens officiels du parti l’ont accusé, lui et ses alliés, d’entrave dans les efforts pour traiter le sujet.
En mai, l’Equality and Human Rights Commission (EHRC) du Royaume-Uni a annoncé qu’elle avait lancé une enquête officielle sur les accusations d’antisémitisme au sein du parti Travailliste.
L’EHRC, le principal organisme de lutte gouvernementale contre le racisme, a dit qu’il allait mener une enquête pour déterminer si le parti dirigé par Corbyn avait harcelé et attaqué des Juifs en infraction de l’Equality Act de 2006 du Royaume-Uni.
En février, la député travailliste Luciana Berger a quitté le parti en le qualifiant « d’institutionnellement antisémite » et, le mois dernier, elle a annoncé rejoindre les Libéraux démocrates.
Dans son entretien avec le Telegraph, Louise Ellman a indiqué qu’elle avait réfléchi pendant plusieurs semaines avant de démissionner, ce dont elle n’avait informé personne — même pas sa famille — avant de prendre une décision finale.
« Ça devait être ma décision à moi, rien qu’à moi ».
Stuart Winer a contribué à cet article.