Gil Birger, l’homme d’affaires soupçonné dans le « Qatargate »
L'entrepreneur basé dans le Golfe aurait déclaré avoir aidé à transférer de l'argent du Qatar pour le porte-parole de Benjamin Netanyahu, Eli Feldstein, par l'intermédiaire d'un lobbyiste américain

L’homme d’affaires Gil Birger a été interrogé par la police après lecture de ses droits dans le cadre du scandale du « Qatargate », a-t-il été révélé après la levée d’un embargo qui avait été imposé sur l’affaire.
Un dossier qui a connu une série de rebondissements importants au cours des derniers jours – avec notamment le témoignage qui a été apporté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant les enquêteurs.
Birger a été interrogé lundi, alors qu’il revenait de l’étranger.
De proches collaborateurs du Premier ministre sont soupçonnés d’avoir reçu de l’argent en échange de la diffusion de messages favorables au Qatar auprès des journalistes, au moment où cet État du Golfe jouait un rôle de médiateur dans les négociations entre Israël et le Hamas – des discussions qui portaient notamment sur la question de la remise en liberté, par le groupe terroriste, des otages qui avaient été enlevés dans le sud d’Israël lors du massacre du 7 octobre.
Dans des enregistrements dont le contenu a été révélé, le mois dernier, par la chaîne publique Kan, Birger, qui vit dans la région du Golfe, avait indiqué avoir transféré de l’argent de la part d’un lobbyiste américain employé par le Qatar à un proche collaborateur de Netanyahu.
גיל בירגר, שהודה בריאיון כי העביר כסף לאלי פלדשטיין, הוא איש העסקים שנחקר באזהרה בפרשת קטארגייט@eli_zil @TamarShunami pic.twitter.com/WtUyn1QwSZ
— גלצ (@GLZRadio) April 2, 2025
Birger avait expliqué que ce lobbyiste, Jay Footlik, l’avait approché pour lui demander de remettre des fonds à un assistant du Premier ministre, Eli Feldstein. Footlik lui avait dit procéder de cette manière pour « des raisons fiscales ».
« Il m’a demandé de lui venir en aide parce qu’il y avait des problèmes de TVA », avait dit Birger dans la séquence, faisant référence à la taxe israélienne sur la valeur ajoutée. « Je le connais [Footlik] depuis 25 ans. Je ne connais pas son domaine et je ne travaille pas en Israël. Il a travaillé avec [Feldstein] pendant quelques mois ; c’est lui qui l’a employé, ce n’est pas moi ».
« J’ai conclu des accords avec Jay sur de nombreux points », avait ajouté Birger.
Kan avait noté dans son reportage que pendant au moins une partie de la période où Feldstein devait travailler sous les ordres de Netanyahu, il n’avait pas reçu de salaire direct de la part du bureau du Premier ministre dans la mesure où il n’avait pas obtenu d’habilitation de sécurité.
Des sources anonymes proches de Birger et de sa société holding, qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat auprès de la Treizième chaîne, ont affirmé que les paiements avaient été transférés à Feldstein sans que l’homme d’affaires ne sache que ce dernier travaillait au sein du bureau du Premier ministre.
Dans l’enregistrement, Birger avait également affirmé que les services rendus par Feldstein étaient liés à la question des otages.
Mardi, un juge israélien a levé l’embargo qui était imposé au dossier, révélant la nature des soupçons qui pèsent aujourd’hui Feldstein et Jonatan Urich, un proche conseiller du Premier ministre qui était resté à son poste pendant de nombreuses années.
Le tribunal de première instance de Rishon Lezion a également prolongé la détention des deux hommes jusqu’à jeudi.

La police soupçonne Urich et Feldstein d’avoir entretenu des contacts avec un agent étranger, de blanchiment d’argent, de corruption, de fraude et d’abus de confiance.
Suite à la levée de l’embargo, le juge Menachem Mizrahi a résumé les soupçons de la police à l’encontre des deux hommes.
Au cours de la période couverte par l’enquête, a écrit Mizrahi, une société de lobbying américaine, The Third Circle, qui appartient à Footlik, avait contacté Feldstein afin de donner une image positive du rôle de facilitateur qui était alors assumé par Doha dans les négociations portant sur la libération des otages israéliens détenus par le Hamas dans la bande de Gaza.
Le juge a souligné que le Qatar souhaitait également que Feldstein diffuse des messages négatifs sur le rôle tenu par l’Égypte dans le cadre de ces pourparlers.
Urich avait servi d’intermédiaire entre The Third Circle et Feldstein qui avait reçu une compensation financière de la part de Footlik par le biais de Birger, a expliqué le magistrat.
L’audience de mardi a également révélé que la police pensait qu’Urich, en diffusant ses messages pro-Qatar, avait présenté ces informations comme provenant de hauts responsables du bureau du Premier ministre.
Lors de la même audience, la police a annoncé qu’elle avait interrogé Urich et Netanyahu dans la journée de lundi pour tenter de déterminer si Urich avait divulgué des informations confidentielles provenant du bureau de Netanyahu.

Netanyahu qui a aussi apporté son témoignage dans cette affaire lundi, après avoir été convoqué par l’unité Lahav 433, chargée des crimes majeurs. Il n’est pas soupçonné dans ce dossier. Le Premier ministre a dû brusquement quitter le tribunal dans le cadre de son propre procès pour corruption, qui n’a rien à voir avec l’affaire, de manière à pouvoir s’entretenir avec les enquêteurs en charge du « Qatargate ».
Il a déclaré, lors de son témoignage, qu’il n’avait pas connaissance des liens susceptibles d’exister entre Urich, Feldstein, le Qatar ou des représentants de l’État du Golfe, a signalé mardi la chaîne d’information N12.
Suite à l’arrestation de Urich et Feldstein, dans la journée de lundi, Netanyahu a diffusé une vidéo où il a accusé les forces de l’ordre d’avoir pris ses deux collaborateurs « en otage », suscitant l’indignation des familles des captifs qui se trouvent à Gaza depuis le 7 octobre et la colère des politiciens de l’opposition.