Iran: le Parlement rouvre sur fond de ralentissement des contaminations
Plus des deux tiers des 290 députés se sont réunis en l'absence du président de l'Assemblée, Ali Larijani, en quarantaine après avoir contracté la maladie Covid 19
Le Parlement iranien a tenu sa première session mardi après six semaines d’interruption à cause du nouveau coronavirus, dont la propagation semble continuer à ralentir en Iran, selon les chiffres officiels.
Plus des deux tiers des 290 députés se sont réunis en l’absence du président de l’Assemblée, Ali Larijani, en quarantaine après avoir contracté la maladie Covid 19.
Selon l’agence semi-officielle Isna, 30 autres députés ont été testés positifs au virus.
Le Parlement avait fermé ses portes le 25 mars. Des images de la télévision d’Etat ont montré des députés proches les uns des autres, en dépit des consignes de distanciation sociale martelées par les autorités.
Selon Kianouche Jahanpour, porte-parole du ministère de la Santé, l’Iran a recensé entre lundi et mardi 133 nouveaux décès provoqués par la maladie.
Cela porte à 3.872 morts le bilan de la pandémie en Iran, pays de loin le plus touché par le fléau au Proche et au Moyen-Orient.
Selon M. Jahanpour, 2.089 nouveaux cas de contamination ont été confirmés entre lundi et mardi. Il s’agit du septième jour de baisse consécutive de cet indicateur depuis son pic de 3.111 cas journaliers atteint le 31 mars.
Depuis la reconnaissance des premiers cas de contamination par le virus en février, l’Iran a déclaré 62.589 cas confirmés de malades du Covid-19.
A l’étranger, certains soupçonnent les chiffres officiels iraniens d’être sous-estimés.
Selon M. Jahanpour, 3.987 patients étaient dans un état critique mardi.
Depuis le début de l’épidémie en Iran, 27.039 malades hospitalisés ont guéri et sont rentrés chez eux, a encore dit M. Jahanpour, indiquant par ailleurs que la pays avait mené plus de 211.000 tests de la maladie.
Pour tenter de limiter la propagation du nouveau coronavirus, les autorités n’ont pas imposé de confinement mais elles demandent à la population de rester chez elle « autant que possible ». Elles ont aussi eu recours à d’autres restrictions comme la fermeture de la plupart des commerces jugés non essentiels.
Lors de leur session, les députés ont débattu une initiative de loi visant à imposer un confinement à l’échelle nationale pour un mois.
Selon Isna, le texte a été rejeté: une majorité de députés se sont rangés à l’avis de ceux faisant valoir qu’une telle décision achèverait de ruiner l’économie nationale déjà exsangue à cause des sanctions américaines.
Le président Hassan Rouhani a annoncé dimanche que les autorités avaient donné leur aval à la reprise de certaines activités économiques, « étape par étape », à partir du 11 avril.
Selon le Comité national de lutte contre le nouveau coronavirus, présidé par M. Rohani, les activités économiques à « faible risque » de propagation du virus peuvent commencer à reprendre à partir de samedi en dehors de Téhéran.
Mais les autorités n’ont pas précisé exactement la nature de ces activités à « faible risque », et certains les accusent d’envoyer des signaux contradictoires à la population.
« D’un côté, il y a le ministère de la Santé qui plaide pour des mesures plus rigoureuses (contre la maladie) et de l’autre des responsables chargés des affaires économiques qui prennent des décisions laissant penser à la population que le coronavirus, après tout, n’est pas si dangereux », a ainsi critiqué Mohsen Hachémi, président du conseil municipal de Téhéran, cité par Isna.
Cité par l’agence officielle Irna, Hamid Souri, médecin épidémiologiste membre du Comité national de lutte contre le coronavirus, et opposé à la reprise de l’activité, a estimé que toute personne reprenant le travail était une « bombe à sous-munitions » en puissance pour son entourage, compte tenu du grand nombre de cas de personnes contaminées et asymptomatiques.