Israël rejette l’enquête sur l’UNRWA, « un arbre empoisonné et pourri dont les racines sont le Hamas »
Pour le ministère des Affaires étrangères, le problème ne concerne pas "quelques mauvais fruits" ; il accuse le rapport d'ignorer la gravité de la situation et de n'offrir que des changements superficiels
Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré lundi que l’implication du Hamas au sein de l’agence controversée des réfugiés palestiniens aux Nations Unies, l’UNRWA, était tellement profonde « qu’il est impossible de savoir où se termine l’UNRWA et où commence le Hamas » alors qu’un panel d’enquête vient de rendre public son rapport sur les liens entretenus par le groupe terroriste avec l’organisation.
Le rapport assure qu’Israël n’a pas fourni d’éléments venant appuyer les accusations qui avaient été lancées par l’État juif à l’encontre de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient – le pays avait mis en cause un nombre significatif de ses employés, affirmant qu’ils étaient membres de factions terroristes. Il
a aussi indiqué que l’UNRWA avait mis en place des politiques « solides » visant à garantir la neutralité des personnels de l’agence – même s’il y a encore des problèmes avérés à ce niveau-là.
Cette enquête a été placée sous l’autorité de l’ex-cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, qui avait été nommée à ce poste après qu’Israël a accusé douze employés de l’agence d’avoir pris une part active dans le massacre perpétré par les hommes armés du Hamas dans le sud d’Israël. Dans la matinée du 7 octobre 2023, les terroristes avaient ainsi tué près de 1 200 personnes et ils avaient pris 253 personnes en otage, déclenchant la guerre à Gaza. L’État juif avait ajouté qu’une trentaine avait aidé ou facilité ces crimes et qu’au moins 12 % du personnel de l’UNRWA entretenaient des liens avec des organisations terroristes.
« Si plus de 2 135 employés de l’UNRWA sont membres du Hamas ou du Jihad islamique et qu’un cinquième des directeurs des écoles de l’UNRWA sont des activistes du Hamas, le problème de l’UNRWA, à Gaza, ne se résume pas à quelques mauvais fruits », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, peu avant la publication du rapport. « C’est un arbre empoisonné et pourri dont les racines sont le Hamas ».
Le rapport « ignore la gravité du problème et il ne propose que des changements superficiels », a noté pour sa part le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Concernant le rapport qui a été émis, ce n’est pas à cela que ressemble une véritable enquête, une enquête approfondie », a continué le communiqué.
« Il ressemble au désir d’éviter le problème et de ne pas l’appeler clairement par son nom », a-t-il poursuivi.
Le ministère a également fait savoir que l’UNRWA ne faisait pas partie de la solution à Gaza et que ce ne serait jamais le cas, demandant aux nations donatrices d’apporter leurs fonds à d’autres organisations humanitaires.
Les accusations lancées par Israël contre les employés de l’UNRWA avaient amené seize pays à suspendre leur financement à l’agence – un financement à hauteur de 450 millions de dollars. Ce qui avait porté un fort coup à l’UNRWA aux prises avec la crise humanitaire qui secoue Gaza depuis le lancement de l’offensive israélienne au sein de l’enclave côtière.
Cela fait longtemps qu’Israël se plaint de l’agence, qui avait été fondée en 1949 pour prendre en charge les réfugiés palestiniens. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réclamé sa fermeture, disant qu’elle était gangrénée par les factions terroristes et qu’elle cherchait, de manière injuste, à perpétrer la crise des réfugiés palestiniens.
Le responsable de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, Philippe Lazzarini, avait mis en garde, au mois de mars, contre une « campagne délibérée et concertée » dont l’objectif était de mettre un terme à ses activités. L’UNRWA emploie 32 000 personnes dans tous ses secteurs d’opération dont 13 000 à Gaza.
L’UNRWA a expliqué qu’elle avait rompu les contrats de dix des douze employés qui ont été accusés par Israël d’être impliqués dans l’attaque du 7 octobre et que les deux autres sont morts. Un organe de supervision des Nations unies effectue actuellement une enquête distincte qui est consacrée aux accusations lancées par l’État juif contre ces douze personnes.