La police roumaine révèle les liens israéliens aux entreprises d’options binaires illégales
La piste de l’argent de perquisitions récentes en Roumanie remonte à Chypre, en Bulgarie, et en Israël ; au moins 10 individus affrontent un procès
Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël
Les procureurs roumains sont prêts à poursuivre au moins dix individus impliqués dans des fraudes présumées au forex et aux options binaires qui agissaient illégalement sur le sol roumain, a déclaré la direction de l’enquête sur les crimes économiques de la police roumaine au Times of Israël.
Les dix individus ont été arrêtés le 25 mai pendant une importante série de perquisitions chez des courtiers en forex et options binaires dans toute la Roumanie. Selon un porte-parole de la police, l’opération a impliqué les forces spéciales et a consisté en 55 fouilles à Bucarest et dans les comtés de Buzau, Calarasi, Dambovita, Dolj, Giurgiu, Ialomita, Neamt, Olt, Prahova, Suceava, Teleorman et Vaslui.
Le porte-parole de la police a déclaré que la loi roumaine empêchait de nommer les suspects à ce stade. Cependant, il a déclaré que la plupart de l’argent obtenu par ces négociateurs présumés frauduleux trouvait son chemin vers des comptes bancaires en Bulgarie, à Chypre et en Israël, une partie de l’argent revenant ensuite aux suspects. Les récipiendaires finaux des fonds ne sont pas des résidents roumains, a-t-il indiqué. Au moins six entreprises sont impliquées dans des opérations a priori criminelles, a-t-il déclaré.
Des articles de la presse israélienne ont affirmé que plusieurs des individus arrêtés étaient israéliens, et que la plupart des entreprises non licenciées de forex ou d’options binaires opérant en Roumanie avaient des propriétaires israéliens.
La police roumaine a indiqué au Times of Israël que plus de 300 disques durs avaient été saisis pendant les raids en entreprise et à domicile.
Elle a déclaré que les employés des six entreprises illégales appelaient des individus en Europe et essayaient de les persuader d’investir sur les marchés financiers avec la promesse de retours sur investissement importants, alors que l’argent allait en fait directement sur le compte bancaire de l’entreprise et que la plupart des « investisseurs » perdaient tout leur argent.
Le quotidien financier israélien The Marker a affirmé que l’une des entreprises perquisitionnées par la police roumaine appartenait jusqu’à récemment à l’homme d’affaires israélien Itamar Patishi. Le quotidien roumain Romania Libera, citant les procureurs, a annoncé que YouTradeFX était l’une des entreprises concernées par les perquisitions.
YouTradeFX est lié à la compagnie israélienne USG Capital, qui a été fondé par le célèbre entrepreneur israélien Itamar Patishi, puis vendue à Tomer Sinaï, ancien propriétaire de l’équipe de football HaPoel Petah Tikva, qui a été arrêté en 2011 en tant que suspect dans un scandale impliquant le truquage présumé de matchs de football pour des paris illégaux. Cette affaire a ensuite été classée par manque de preuves.
L’Autorité des titres israélienne a récemment refusé à USG Capital une licence d’opération en raison des multiples pratiques frauduleuses découvertes pendant son inspection de l’entreprise. Cependant, YouTradeFW continue à cibler des clients à l’étranger.
Itamar Patishi est listé comme ancien directeur d’une entreprise appelée YouTrade Capital Markets Ltd., ainsi que comme responsable de YTF Trade Ltd., une entreprise basée à Chypre qui a ensuite changé son nom en AirFinance Pro Ltd. Et opère sur les plateformes de transaction BuzzTrade, Binary Royal, OptionsXI, CFD Royal et Uptrade 7.
Patishi a déclaré au Marker dans un communiqué qu’il ne travaillait plus dans le domaine du forex et des options binaires, qu’il n’avait pas possédé de compagnies dans cette industrie depuis au moins deux ans, et qu’il n’avait rien à voir avec l’opération roumaine.
Le Times of Israël a détaillé la fraude massive des entreprises d’options binaires israéliennes ces derniers mois, en commençant par un article intitulé « Les loups de Tel Aviv ». L’Autorité des titres israélienne a à présent interdit aux entreprises locales d’options binaires de cibler les Israéliens, mais elles sont toujours libres de démarcher des clients à l’étranger.
La France, la Roumanie, le Canada et d’autres pays enquêtent sur les opérations frauduleuses israéliennes dans leur pays. La police et les autorités judiciaires israéliennes n’ont jusqu’à présent pas voulu ou pas pu réprimer cette fraude, qui brasserait des centaines de millions de dollars par an.