La possibilite de trêve et d’accord sur les otages fait grimper la bourse et le shekel
Les analystes prévoient un rebond du shekel en raison des négociations pour un long cessez-le-feu à Gaza, qui contribueraient à apaiser les tensions à la frontière avec le Liban
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le shekel s’est apprécié et les actions de la bourse de Tel Aviv ont augmenté mardi, suite à des informations faisant état d’une intensification des efforts en vue d’un accord de trêve prolongé à Gaza et d’un accord potentiel pour la libération des otages détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas, apaisant ainsi les craintes des investisseurs d’une escalade régionale plus large.
La monnaie locale s’est appréciée de 2 % et s’échangeait à environ 3,74 pour un dollar, contre 3,81 vendredi. L’indice de référence TA-125 de la Bourse de Tel Aviv était en hausse de 1,1 %, tandis que l’indice TA-35 des valeurs vedettes était en hausse de 1,3 %.
L’indice TA-90, qui suit les actions ayant la plus grande capitalisation boursière non incluse dans l’indice TA-35, a légèrement augmenté de 0,6 %, tandis que l’indice TA-Bank a bondi de 2,2 %.
« La nouvelle de la possibilité d’un cessez-le-feu qui pourrait inclure la libération d’otages stimule l’optimisme et l’élan positif du marché », a expliqué Sabina Levy, responsable de la recherche chez Leader Capital Markets, au Times of Israel. « Toutefois, la situation géopolitique reste fragile et les investisseurs se concentreront sur une éventuelle escalade des tensions le long de la frontière nord, ce qui pourrait continuer à peser sur l’économie et à creuser le déficit. »
L’élan en faveur d’un cessez-le-feu potentiel s’est renforcé après que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé lundi le Hamas à accepter la dernière proposition « extraordinairement généreuse » d’Israël pour une trêve à Gaza afin de garantir la libération des otages, dans le cadre d’un effort diplomatique visant à mettre fin à la guerre.
Le marché boursier israélien et le shekel ont rebondi après avoir enregistré des pertes au début du mois, les investisseurs attendant de voir la réponse d’Israël à la première attaque directe de drones et de missiles lancée par l’Iran contre le pays et craignant une escalade du conflit avec le Hezbollah, groupe terroriste basé au Liban, au nord du pays.
Israël est en guerre avec le Hamas à Gaza depuis sept mois, une guerre lancée en réponse au massacre perpétré par le groupe terroriste dans le sud d’Israël le 7 octobre, au cours duquel il a assassiné près de 1 200 personnes et en a enlevé 253 autres pour les emmener à Gaza, où plus de la moitié d’entre elles se trouveraient encore.
Pour sa part, le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a depuis lors lancé des attaques quasi quotidiennes contre des communautés israéliennes et des installations militaires le long de la frontière nord, au moyen de roquettes, de drones, de missiles antichars et d’autres moyens. Il affirme qu’il le fait pour soutenir Gaza dans la guerre d’Israël contre le Hamas. Israël a menacé le Hezbollah d’entrer en guerre s’il ne se retire pas de la frontière et continue de menacer les communautés du nord, d’où quelque 70 000 personnes ont été évacuées afin d’éviter les combats.
La guerre à Gaza a déjà eu un lourd impact sur l’économie israélienne, qui s’est contractée de 20,7 % en glissement annuel au cours des trois derniers mois de 2023 par rapport au trimestre précédent, les dépenses de consommation, le commerce et l’investissement ayant été réduits. Dans l’ensemble, l’économie israélienne a progressé de 2 % en 2023, après une croissance rapide de 6,5 % en 2022.
Bank of America (BofA) a averti dans un rapport cette semaine que la guerre continue de peser sur l’équilibre budgétaire d’Israël et que, par conséquent, le déficit devrait se creuser pour atteindre 6,5 % du PIB en 2024. L’économie devrait croître de 2,4 % cette année et de 3,5 % en 2025 dans le cadre d’une lente reprise, selon BofA.
« Selon la durée du conflit, le coût de la guerre pourrait être plus élevé », a déclaré Zumrut Imamoglu, économiste chez BofA. « Selon nous, il existe une prime de risque significative sur la monnaie, et elle a une marge de manœuvre pour s’apprécier une fois le conflit terminé. »
« Cela soutiendra la désinflation au cours de l’année prochaine », a ajouté Imamoglu.
Dans son rapport, la BofA a souligné que l’excédent de la balance courante d’Israël se renforçait grâce aux « importations modérées », lesquelles devraient continuer à soutenir le shekel. La banque américaine a estimé que le shekel pourrait encore gagner du terrain face au dollar dans les mois à venir, pour atteindre un niveau de 3,55 à la fin de 2024 et de 3,50 au début de 2025.
Au cours du mois d’avril, le shekel s’est affaibli d’environ 3,7 % par rapport au dollar, portant la baisse de la monnaie locale cette année à environ 5,3 %, selon les données de la Bourse de Tel Aviv.