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La véritable histoire de la série « The Plot Against America » de HBO

Oui, Charles Lindbergh était antisémite ; non, il ne s'est pas vraiment présenté à la présidence des États-Unis… mais l'idée n'est pas que le fruit de l'imagination de Philip Roth

Charles Lindbergh pose aux côtés du Spirit of St. Louis, l'avion dans lequel il a effectué la première traversée de l'Atlantique en solitaire et sans escale. (Bettmann/Getty Images, via JTA)
Charles Lindbergh pose aux côtés du Spirit of St. Louis, l'avion dans lequel il a effectué la première traversée de l'Atlantique en solitaire et sans escale. (Bettmann/Getty Images, via JTA)

JTA – La nouvelle série télévisée basée sur le roman de Philip Roth The Plot Against America, [Le Complot contre l’Amérique], réalisée par David Simon, le créateur de « The Wire », a commencé le 16 mars sur HBO et a fait sensation auprès des critiques et des fans.

Cette série étrangement captivante, qui emprunte certaines informations à la vie de l’auteur juif iconique et à un moment crucial de l’histoire américaine, dépeint une réalité alternative dans laquelle l’isolationniste Charles Lindbergh bat Franklin D. Roosevelt à l’élection présidentielle de 1940 et encourage les comportements antisémites dans tout le pays.

L’histoire suit la famille juive Levin – le jeune Philip, son frère Sandy et ses parents, Bess et Herman – dans une Amérique qui tourne au fascisme, où l’antisémitisme est devenu courant et banal.

Si « The Plot Against America » est une œuvre de fiction, elle comporte de nombreux extraits d’émissions d’actualité de l’époque et plusieurs histoires vraies. Séparons les faits de la fiction et explorons les personnages et les événements historiques réels qui se cachent derrière la série.

Qui était Charles Lindbergh ?

C’était un aviateur américain médaillé, un écrivain, un militant et, malheureusement, un antisémite.

En 1927, le pilote de la compagnie aéropostale de Detroit, âgé de 25 ans, est devenu célèbre en effectuant le premier vol transatlantique en solo et sans escale. Lindbergh tentait par là de remporter le prix Orteig, offert par l’hôtelier américain Raymond Orteig à quiconque pouvait effectuer le premier vol sans escale de New York à Paris. Le prix était doté de 25 000 dollars, soit l’équivalent d’environ 345 000 euros aujourd’hui.

« Lucky Lindy », comme on le surnommait, est devenu une icône américaine après son vol, les foules l’acclamaient partout où il allait. Son récit autobiographique de son vol, « WE », est devenu un best-seller, et le président Calvin Coolidge lui a décerné une médaille – la Distinguished Flying Cross. Une statue à son effigie a été érigée dans le Maryland – ironiquement par un sculpteur juif, Louis Rosenthal.

Charles Lindbergh, portant un casque avec des lunettes relevées, dans le cockpit ouvert d’un avion à Lambert Field, St Louis, Missouri, 1923. (Photo par Underwood Archives/Getty Images via JTA)

L’enlèvement tragique de son bébé de 20 mois en 1932 avait fait sensation à l’époque. Lindbergh a payé la rançon, mais son fils a été retrouvé mort deux mois après l’enlèvement.

Lindbergh a utilisé sa notoriété pour devenir un militant et promouvoir l’aviation dans le monde entier. Mais il est également devenu un leader du mouvement America First [L’Amérique d’abord].

Comme l’a écrit Uriel Heilman pour la JTA en 2016 : « Créé en 1940 après qu’Hitler avait déjà envahi la Pologne, l’America First Committee soutenait que les États-Unis devraient adopter une approche neutre envers l’Allemagne nazie, et même faire des affaires avec elle, parce que le régime nazi ne menaçait pas directement l’Amérique. »

Donald Trump a été critiqué pour son utilisation fréquente de l’expression « America First » pendant sa campagne présidentielle.

Était-il antisémite ?

Les propos de Lindbergh, tant dans ses discours que dans ses lettres et ses journaux, indiquent qu’il était à la fois un suprémaciste blanc et un antisémite.

En 1939, il a écrit dans le Reader’s Digest : « Nous ne pouvons avoir la paix et la sécurité que si nous nous unissons pour préserver ce bien le plus inestimable, notre héritage de sang européen, que si nous nous protégeons contre les attaques des armées étrangères et la dilution des races étrangères. »

John Turturro dans le rôle d’un rabbin et partisan de Charles Lindbergh dans « The Plot Against America ». (Michele K. Short/HBO)

Lindbergh, le fils d’immigrants scandinaves, croyait en l’eugénisme. Il croyait également que l’Allemagne avait un « problème juif » et que l’influence des Juifs dans la société devait être limitée.

Il était très ami avec Henry Ford, un autre antisémite notoire.

A-t-il vraiment tenu ce vibrant discours antisémite ?

Dans le premier épisode de « The Plot Against America », Herman Levin entend à la radio un discours de Lindbergh rempli d’antisémitisme.

Le « plus grand danger pour ce pays réside dans le fait qu’ils [les Juifs] possèdent et influencent largement nos films, notre presse, notre radio et notre gouvernement », y déclare Lindbergh, entre autres choses.

Furieux, Herman appelle sa femme, Bess, et dit : « Il nous traite de fauteurs de guerre ».

La réponse est oui : les extraits utilisés dans la série proviennent d’un véritable discours que Lindbergh a prononcé à Des Moines, Iowa, le 11 septembre 1941.

Mais alors que dans « The Plot Against America », le public adhère au discours de Lindbergh, en réalité, ses paroles ont suscité un tollé dans tout le pays. Comme l’a rapporté la JTA, des vétérans, des chefs religieux et des éditoriaux de journaux de tout le pays ont dénoncé ce discours.

« La voix est celle de Lindbergh, mais les mots sont ceux d’Hitler », écrivit un grand journal.

A-t-il vraiment été candidat à la présidence ?

Non, il ne l’a pas été – mais cette idée n’est pas purement née de l’imagination de Roth. En 2000, alors que Roth lisait une autobiographie de l’historien Arthur Schlesinger Jr, le célèbre auteur juif « est tombé sur une phrase dans laquelle Schlesinger note que certains isolationnistes républicains voulaient présenter Lindbergh comme candidat à la présidence en 1940 », a révélé Roth au New York Times.

« C’est tout ce qu’il y avait, cette phrase avec une référence à Lindbergh et à un élément que je ne connaissais pas à son sujet », a déclaré Roth, « Cela m’a fait penser : « Et s’ils l’avaient fait ? ».

Le sondage sur l’attitude envers les Juifs cité dans « The Plot Against America » est-il réel ?

À un autre moment du premier épisode, un réalisateur juif de films d’actualité parle à Herman d’un sondage de 1939 dans lequel « seulement trente-neuf pour cent des personnes interrogées étaient d’accord pour que les Juifs soient traités comme tout le monde ». Cinquante-trois pour cent pensaient que « les Juifs sont différents et devraient être soumis à des restrictions ». Et dix pour cent d’entre eux pensaient que les Juifs devaient être déportés ».

Malheureusement, il s’agissait d’un vrai sondage réalisé cette année-là.

Lindbergh était-il vraiment un ami d’Hitler ?

Non, mais il a reçu une médaille du Führer. En 1938, Lindbergh a été décoré de la médaille de l’ordre de l’Aigle allemand, décernée par Hermann Goering sur ordre d’Adolf Hitler.

Lindbergh avait également des contacts au sein du ministère des Affaires étrangères nazi.

Morgan Spector, (au centre), dans le rôle d’Herman Levin, et Zoe Kazan, (à droite), dans le rôle de Bess Levin, dans « The Plot Against America » de HBO. (Michele K. Short/HBO/via JTA)

Comme l’a rapporté la JTA en 1962, « dans une communication marquée ‘très urgent et top secret' », les nazis ont déclaré au ministère allemand des Affaires étrangères et au chef d’état-major allemand que « Lindbergh représente le meilleur des Américains, qui sont les plus importants pour nous maintenant et à l’avenir. Les contacts avec lui sont entretenus par un groupe de l’état-major général de la plus grande importance en tant que contrepoids contre les Juifs et les bellicistes ».

Que s’est-il réellement passé lors de l’élection présidentielle de 1940 ?

Roosevelt a facilement battu le républicain Wendell Wilkie, un candidat de l’opposition et ancien démocrate, pour remporter un troisième mandat sans précédent. Le candidat sortant a recueilli 55 % des voix et remporté le collège électoral par une large avance.

Philip Roth a-t-il vraiment grandi dans une banlieue du New Jersey ?

Oui, il a grandi dans le quartier de Weequahic à Newark, tout comme les Levin dans la série télévisée.

Dans ce dossier photo du 8 septembre 2008, l’auteur Philip Roth pose pour une photo dans les bureaux de son éditeur Houghton Mifflin, à New York. (AP Photo/Richard Drew, file)

Son père s’appelait aussi Herman, sa mère, Elizabeth, portait également le surnom de Bess, et son frère aîné, Sanford, le surnom de Sandy. Et pour rappel, le plus jeune des Levin de la série s’appelle Philip. Roth est né en 1933, il avait donc 7 ans lors de l’élection de 1940.

Tout comme Sandy dans le livre et la série, le vrai frère de Roth était un artiste doué. Et tout comme le père de la série télévisée, celui de Roth était courtier en assurances.

L’antisémitisme a-t-il vraiment fait partie de l’enfance de Roth ?

« Avant même que je n’aille à l’école », a relaté Roth au New York Times l’année où The Plot Against America est sorti, « je savais déjà quelque chose sur l’antisémitisme nazi et l’antisémitisme américain qui était alimenté, d’une manière ou d’une autre, par des personnalités éminentes comme Henry Ford et Charles Lindbergh, qui, à cette époque, avec des stars du cinéma comme Chaplin et Rudolph Valentino, comptaient parmi les célébrités internationales les plus en vue du siècle ».

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