Lapid : la meilleure solution serait de rendre Gaza à l’AP après la défaite du Hamas

Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a déclaré jeudi que la meilleure solution pour la bande de Gaza après la chute du Hamas serait de remettre l’enclave côtière sous le contrôle de l’Autorité palestinienne (AP), basée en Cisjordanie.

« Je pense qu’en fin de compte, la meilleure chose est que l’Autorité palestinienne retourne à Gaza », a-t-il déclaré en réponse à une question du Times of Israel lors d’un point presse à Tel Aviv, au 13e jour de la guerre d’Israël contre le groupe terroriste qui dirige l’enclave.

« Ce n’est pas idéal, et si vous me demandez quelle devrait être la stratégie de sortie, elle devrait consister à aider la communauté internationale à aider [l’Autorité palestinienne à prendre le contrôle] », a-t-il ajouté. « C’est ainsi que les choses se passaient auparavant. »

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En 2007, le Hamas a chassé l’AP de Gaza par un coup d’État violent. Il dirige depuis la bande de Gaza comme un État indépendant du contrôle de l’AP. Le siège de celle-ci se trouve à Ramallah, en Cisjordanie, d’où elle contrôle les villes et les villages, mais son pouvoir est de plus en plus précaire en raison d’accusations de corruption, de faiblesse et de collaboration avec Israël.

Promettant que « nous ne nous reposerons pas tant que le Hamas n’aura pas disparu », Lapid a précisé que « nous combattons le Hamas, pas la population de Gaza ».

Israël est engagé dans une guerre contre le Hamas depuis l’assaut meurtrier sans précédent mené par l’organisation terroriste contre plusieurs communautés en territoire israélien le 7 octobre. Ce jour-là, quelque 2 500 terroristes ont franchi la barrière frontalière israélienne, ont pénétré en Israël sous un barrage de milliers de roquettes et ont tué quelque 1 400 personnes, en grande majorité des civils. Les terroristes ont également enlevés et conduit plus de 200 otages de tous âges à Gaza.

Le chef du parti Yesh Atid a tenu ces propos lors d’un point de presse international, où il a dénoncé la partialité des médias étrangers dans la guerre actuelle d’Israël contre le Hamas.

Des partisans du groupe terroriste palestinien du Hamas lors d’une manifestation de soutien à Gaza dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, le 18 octobre 2023. (Crédit : Thomas Coex/AFP)

Lapid a particulièrement dénoncé la rapidité avec laquelle les médias se sont ralliés à la version de l’organisation terroriste accusant Israël d’être responsable d’une explosion meurtrière dans un hôpital de Gaza, alors que de plus en plus de preuves indiquent que l’explosion était le résultat d’un tir de roquette palestinien raté visant Israël.

Parmi les autres affirmations du Hamas, l’explosion aurait tué jusqu’à 500 personnes, alors que des images montrent que l’explosion s’est produite sur le parking de l’hôpital et qu’aucun bâtiment n’a été détruit.

Possible impact crater at the Ahli Hospital in Gaza, roughly 1×1 meter, maybe 30cm deep. pic.twitter.com/ue28AfX0rM

— OSINTtechnical (@Osinttechnical) October 18, 2023

Les pays arabes et musulmans ont été prompts à dénoncer Israël. Aucun d’entre eux n’est revenu, par la suite, sur ses déclarations.

Citant un rapport du Pentagone et des services de renseignement israéliens, le président américain Joe Biden a déclaré mercredi que l’explosion de la veille était très probablement l’œuvre d’un groupe terroriste palestinien.

Dans les heures qui ont suivi l’explosion meurtrière, la majorité des groupes de presse étrangers ont repris la version du Hamas et affirmé qu’il s’agissait vraisemblablement d’une attaque israélienne.

D’avantages d’efforts ont depuis été déployés pour présenter la position d’Israël, qui, depuis le début, nie toute implication, mais pour beaucoup de commentateurs et de personnalités israéliennes, ces efforts sont beaucoup moins convaincants et accompagnés de beaucoup plus de scepticisme que lorsqu’il s’agissait des allégations du Hamas.

Le chef de l’opposition a demandé aux journalistes :  » Vous croyez vraiment qu’un groupe qui n’a aucun problème à massacrer des bébés, à charcuter des femmes enceintes et à kidnapper une jeune fille autiste de 14 ans avec sa grand-mère de 80 ans, a des scrupules à mentir ? La politique du Hamas, c’est de mentir ».

Le chef de l’opposition Yair Lapid s’adresse aux médias à Tel Aviv le 19 octobre 2023 (Crédit : Elad Gutman/Bureau de Yair Lapid)

Critiquant la couverture internationale de l’incident, Lapid a ajouté : « De toutes les distorsions commises par la presse ces derniers jours, la pire est [la tentative d’] établir un équivalent ». Il a ajouté que l’histoire d’un pays démocratique et celle d’un groupe terroriste ne devaient pas être présentées « de la même manière ».

« Bien que l’incident médiatique à l’hôpital n’ait duré qu’une demi-heure, cette demi-heure a suffi, car c’est à ce moment-là que les gens ont pris leurs décisions », a souligné Lapid. (En fait, Israël a mis plusieurs heures à démentir la frappe tout en déclarant qu’il enquêtait sur la question, voulant apparemment s’assurer qu’aucune erreur n’avait été commise.)

Lapid s’est par ailleurs plaint du fait que, même après avoir fourni de nombreuses preuves pour confirmer son déni, les médias ont « opté pour une version « équilibrée », qui est également un mensonge ».

« Quelqu’un a fait exploser cet hôpital, et c’est le Jihad islamique palestinien », a-t-il déclaré.

Lorsque la nouvelle de l’explosion s’est répandue mardi soir, des émeutes et des manifestations de masse ont éclaté en Jordanie et dans d’autres pays. Le Hezbollah a appelé à une journée mondiale du Jihad et la Jordanie a annulé un sommet prévu mercredi avec Biden, le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi et le dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas. Israël a organisé des vols d’évacuation pour rapatrier ses ressortissants de Turquie, tout en émettant un avertissement aux voyageurs en raison du niveau de menace le plus élevé dans le pays.

Tout en expliquant que la guerre actuelle nous a été « imposée » parce qu’Israël « ne peut plus vivre » aux côtés d’une « organisation terroriste meurtrière », Lapid a déploré que le soutien mondial initial à Israël se soit si rapidement érodé.

« Il est intéressant et choquant de voir à quelle vitesse le monde a changé son fusil d’épaule » depuis le massacre du 7 octobre, a-t-il déclaré. « Israël a bénéficié d’à peine une semaine de sympathie et d’un choc mondial. Puis le monde s’est remis à nous attaquer parce que nous nous défendions », a-t-il ajouté.

Des manifestants palestiniens brandissant des drapeaux du Hamas et scandent des slogans lors d’une manifestation contre les frappes aériennes israéliennes à Gaza, dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, le 18 octobre 2023. (Crédit : Majdi Mohammed/AP Photo)

« Je tiens à vous rappeler que les horreurs du 7 octobre n’ont rien à voir avec le conflit israélo-palestinien », a ajouté Lapid.

« Les terroristes ne font pas partie de la lutte pour un État palestinien. Le Hamas s’en moque. Tout comme l’État islamique et Al-Qaeda, ils ne veulent pas d’accord avec qui que ce soit », a affirmé le chef de l’opposition.

« Ils veulent tuer les Juifs parce qu’ils sont juifs, les chrétiens parce qu’ils sont chrétiens, les musulmans modérés parce qu’ils sont modérés », a-t-il poursuivi.

Le chef de l’opposition a réaffirmé qu’il avait mis fin aux pourparlers pour rejoindre le gouvernement d’urgence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais a assuré qu’il travaillait en coordination avec le gouvernement pour soutenir l’effort de guerre par le biais de la diplomatie publique et de visites aux communautés touchées.

« À bien des égards, nous travaillons mieux avec le gouvernement que certains éléments de la coalition elle-même », a-t-il déclaré, en réponse à une question visant à savoir si certains éléments du gouvernement de Netanyahu traitaient la guerre comme une campagne électorale.

« Ceux qui se préoccupent de leurs propres [gains] politiques dans des moments comme celui-ci ne méritent pas d’être appelés patriotes, et encore moins nationalistes », a-t-il ajouté, visant vraisemblablement le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui s’est retrouvé sous le feu des critiques pour ses propos incendiaires des derniers jours.

Jeudi, le Hamas a appelé les Palestiniens de Cisjordanie à « continuer à se mobiliser et à intensifier tout acte de résistance » dans le territoire gouverné par l’AP.

Alors qu’Israël se prépare à une incursion terrestre du nord de la bande de Gaza, il a conseillé à tous les habitants de de la bande de fuir vers le sud.

Israël est soumis à une pression de plus en plus forte pour autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’enclave et a annoncé qu’il autoriserait l’arrivée de l’aide dans le sud ainsi que l’établissement de zones de sécurité pour les civils.