Ben Gvir fustigé pour sa mise en garde contre de nouvelles émeutes inter-communautaires
En tournée à Sderot, le ministre d'extrême-droite déclare avoir ordonné à Shabtaï de se préparer à une éventuelle répétition des violences ethniques dans les villes mixtes

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a été réprimandé par l’ensemble du spectre politique mercredi pour avoir évoqué la possibilité d’une reprise des violences entre Juifs et Arabes dans les villes mixtes d’Israël, comme ce fut le cas il y a deux ans, des sources policières accusant le dirigeant d’extrême-droite d’être un alarmiste.
Lors d’une visite au commissariat de Sderot, une ville qui a été durement touchée ces derniers jours par l’assaut du groupe terroriste palestinien du Hamas, Ben Gvir a déclaré qu’il avait demandé au chef de la police israélienne Kobi Shabtaï de se préparer à « un scénario de Gardien des Murs 2 », une référence aux graves émeutes intercommunautaires dans les villes mixtes qui ont accompagné un précédent conflit avec le Hamas en 2021.
Ben Gvir a déclaré que son ministère avait « transformé Sderot en ville éligible », ce qui signifie que tous les habitants de Sderot peuvent désormais obtenir et porter des armes à feu, dans le cadre des efforts du ministère de la Sécurité nationale visant à renforcer la sécurité civile.
« Parallèlement, j’ai demandé au chef de la police israélienne de se préparer à un scénario ‘Gardien des Murs 2’ (…) de se préparer à l’infiltration des villes », a-t-il ajouté.
Un porte-parole de Ben Gvir a confirmé qu’il faisait référence à la possibilité que des citoyens arabes d’Israël se révoltent dans des villes mixtes.
Ben Gvir a tenu des propos similaires mardi lorsqu’il avait annoncé la distribution de fusils d’assaut aux équipes de sécurité civiles dans les villes frontalières, les implantations de Cisjordanie et les villes mixtes.

Cette guerre prouve que les citoyens sont des héros et qu’il est important d’armer les civils, les équipes de sécurité civile, parallèlement à une force de police puissante », a déclaré Ben Gvir.
Les terroristes du Hamas ont infiltré et occupé un poste de police central à Sderot au cours de leur attaque sauvage contre Israël samedi, qui a finalement été détruit dans un effort pour tuer les terroristes.
Les remarques de Ben Gvir ont été rapidement critiquées par le ministre de la Diaspora, Amichaï Chikli (Likud), qui a déclaré : « Jusqu’à présent, la population arabe a fait preuve de beaucoup de solidarité et de responsabilité, et c’est particulièrement vrai pour la population bédouine du Néguev, qui a subi des pertes et des disparitions et qui fait preuve de responsabilité et de solidarité en prenant un certain nombre d’initiatives pour accueillir les familles et aider les citoyens en détresse. »
Selon le quotidien Maariv, de hauts responsables du gouvernement ont critiqué Ben Gvir pour ses commentaires, le qualifiant de « personne irresponsable » et lui demandant de « se calmer ».

Israel Hayom a cité une source policière anonyme critiquant Ben Gvir – qui est en charge de la police – l’accusant d’avoir invoqué l’idée d’un Gardien des Murs 2 « à ses propres fins », et affirmant que le ministre l’avait fait en janvier avant les discussions du budget.
« La police se prépare et est prête, et la preuve en est qu’aucun incident irrégulier ne s’est produit jusqu’à présent. Naturellement, un tel scénario est pris en compte et nous répondrons avec force à tout cas de violence s’il se produit », a ajouté la source.
Elle a également déclaré que le Hamas avait tenté d’inciter les Arabes israéliens à la violence, ajoutant que les propos de Ben Gvir risquaient d’attiser les tensions.
Les villes mixtes d’Israël ont été le théâtre d’émeutes intenses lors du conflit de mai 2021 avec le Hamas. Trois personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées au cours de ces journées de troubles violents dans les villes mixtes.
Ben Gvir, qui était à l’époque député mais pas ministre, avait exhorté les civils israéliens armés à se rendre dans ces villes pour combattre les émeutiers arabes, ce qui avait conduit le chef de la police israélienne Kobi Shabtaï, qui occupe toujours son poste sous Ben Gvir, à accuser le politicien d’extrême-droite d’être à l’origine des émeutes.