L’armée israélienne restera dans cinq postes stratégiques du Sud-Liban après le retrait de mardi
Il s'agit de postes situés sur des collines proches de villages frontaliers libanais ; l'armée renforce également ses défenses, côté israélien, à l'approche de la date limite de retrait
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

L’armée israélienne a confirmé lundi que ses soldats resteraient stationnés au niveau de cinq positions stratégiques dans le sud-Liban après la date limite fixée pour leur retrait, ce mardi.
Conformément à l’accord de cessez-le-feu négocié par les États-Unis en novembre dernier, l’armée israélienne a eu 60 jours pour se retirer du sud-Liban, où elle menait une offensive terrestre contre les hommes armés du groupe terroriste libanais Hezbollah depuis début octobre.
Au cours de cette même période, les membres du Hezbollah étaient supposés quitter la zone et les soldats libanais s’y déployer. La date limite initiale avait déjà été prorogée du 26 janvier au 18 février.
La semaine dernière, les États-Unis ont autorisé l’armée israélienne à rester dans les cinq points, sans préciser combien de temps.
L’armée s’est dite prête à assurer une présence de longue durée, jusqu’au complet retrait du Hezbollah derrière les rives du fleuve Litani et jusqu’à réception d’un ordre de retrait de la part des autorités israéliennes.
Sur ces cinq positions, l’armée israélienne a construit des postes militaires qui seront occupés par ses soldats.

Ces postes sont situés respectivement sur une colline non loin de Labbouneh, face à la ville frontalière israélienne de Shlomi, sur le pic Jabal Blat, en face de Zarit, sur une colline qui fait face à Avivim et à Malkia, sur une colline face à Margaliot et enfin sur une colline face à Metula.
Aucun de ces postes ne se trouve dans des agglomérations libanaises, desquelles l’armée israélienne se retirera d’ici mardi, 10 heures.
L’armée israélienne a également renforcé ses défenses du côté israélien de la frontière, avec plusieurs nouveaux postes, un devant chaque communauté frontalière israélienne, et de meilleures capacités de surveillance – plus de caméras, de radars et de capteurs et trois fois plus de soldats qu’avant la guerre.
L’armée pense que les partisans du Hezbollah vont organiser des manifestations au moment où les habitants des villages frontaliers du sud-Liban rentreront chez eux, souvent pour n’y trouver que des gravats suite aux combats. D’ici là, les soldats israéliens se seront retirés de toutes les villes et villages et il ne devrait donc pas y avoir de frictions directes, estime Tsahal.

L’armée israélienne a fait savoir qu’elle empêcherait les suspects de s’approcher de la frontière israélienne et des postes militaires nouvellement établis aux cinq points stratégiques.
Ces derniers jours, l’armée israélienne dit avoir mené une « activité intensive » dans le sud-Liban en éliminant les dernières menaces existantes – caches d’armes du Hezbollah ou tunnels. Les soldats ont opéré dans des zones allant jusqu’à huit kilomètres à l’intérieur du Liban.
Elle a assuré que la zone proche de la frontière israélienne a été totalement débarrassée des infrastructures et des armes du Hezbollah, après un ratissage précis, ces derniers mois, de la quasi-totalité des bâtiments, des arbres et des vallées.
L’armée israélienne se dit déterminée à faire respecter l’accord de cessez-le-feu à l’issue de ce retrait, que ce soit au moyen de en menaces contre le Hezbollah ou du signalement des violations auprès du comité dirigé par les États-Unis qui est chargé de superviser la mise en oeuvre du cessez-le-feu et qui est composé de représentants des États-Unis, de la France, du Liban et de la force d’observation internationale FINUL.
Elle espère que l’armée libanaise interviendra à l’avenir davantage contre le Hezbollah, estimant que, jusqu’à présent, son action contre le groupe terroriste a été plus lente que prévue. Toutefois, ces derniers jours, l’armée israélienne a dit avoir constaté une amélioration des actions de l’armée libanaise contre le Hezbollah.
Si l’armée libanaise n’agit pas, l’armée israélienne a annoncé qu’elle le fera, comme elle l’a fait pendant le cessez-le-feu, en se coordonnant avec les États-Unis et avec le mécanisme de supervision du cessez-le-feu dirigé par les Américains.

Si le cessez-le-feu tient suite au retrait de Tsahal, des dizaines de milliers d’habitants déplacés du nord d’Israël pourront rentrer chez eux à compter du 2 mars prochain.
Le Hezbollah a fait comprendre qu’il refusait les explications fournies par Israël pour se maintenir au Liban et il a demandé au gouvernement libanais de faire en sorte que les soldats israéliens partent. Le groupe n’a toutefois pas explicitement menacé d’une reprise des combats.
L’accord conclu le 27 novembre dernier a mis fin à deux mois de guerre de grande intensité, une guerre qui a suivi des mois entiers d’hostilités de moindre intensité.
Le Hezbollah a commencé à attaquer presque quotidiennement le nord d’Israël dès le lendemain du pogrom commis le 7 octobre 2023 en Israël par son allié palestinien, le Hamas, qui a déclenché la guerre à Gaza. On estime à 60 000 le nombre d’Israéliens du nord du pays évacués en raison des attaques du Hezbollah, les tirs de roquettes se propageant finalement au centre du pays.

Israël a intensifié sa campagne contre le Hezbollah en septembre dernier en portant plusieurs coups sérieux contre la direction du groupe et en tuant son chef de longue date, Hassan Nasrallah, avant de lancer une offensive terrestre dans le sud-Liban destinée à sécuriser la frontière et permettre à terme le retour des Israéliens évacués.
Depuis octobre 2023, les attaques du Hezbollah contre Israël ont entraîné la mort de 46 civils auxquels s’ajoutent 80 soldats et réservistes de Tsahal, morts lors d’escarmouches transfrontalières, d’attaques contre Israël ou de l’offensive terrestre dans le sud-Liban, fin septembre.
L’armée israélienne estime à 3 500 le nombre de membres du Hezbollah tués au Liban lors de ce conflit, plus une centaine de membres d’autres organisations terroristes ainsi que des centaines de civils.