L’armée va fournir aux hôpitaux des centaines de respirateurs de fortune
Les militaires affirment que les appareils improvisés peuvent, si nécessaire en cas d'une aggravation de l'épidémie, remplir la même fonction que des respirateurs plus coûteux
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

L’armée israélienne a annoncé jeudi qu’elle commencerait à livrer des ventilateurs de fortune aux hôpitaux à partir de la semaine prochaine afin de remédier à une éventuelle pénurie de ces appareils, nécessaires pour traiter les patients atteints de coronavirus.
Ces ventilateurs ont été créés à partir de machines CPAP – des appareils qui sont utilisés pour réguler la respiration mais qui n’ont pas les capacités de surveillance des respirateurs – dans le cadre d’une initiative de l’unité d’élite 81 du renseignement militaire, appelée « Air to Breathe » [De l’air pour respirer].
Le chef du projet – qui, pour des raisons de sécurité, ne peut être identifié que par son grade et la première lettre hébraïque de son nom, le major Samekh – a déclaré qu’une centaine de machines seraient livrées dimanche au centre médical Sheba, près de Tel Aviv, puis des centaines d’autres dans les hôpitaux du pays.
Le programme a été lancé le mois dernier, car on craignait que les hôpitaux israéliens ne disposent pas de suffisamment de respirateurs artificiels en cas d’épidémie généralisée. Comme le coronavirus rend difficile la respiration autonome dans les cas graves, ces machines, qui pompent l’air dans et hors des poumons, sont essentielles pour maintenir ces patients en vie.
Une enquête menée au début de la crise a révélé qu’Israël en dispose d’environ 4 000, ce qui est jusqu’à présent bien plus que ce dont nécessitent les quelque 130 patients qui en utilisent, mais les responsables craignent que cette quantité soit insuffisante si la maladie continue à se propager. En conséquence, le gouvernement s’est efforcé d’en acheter à des entreprises israéliennes et étrangères, et a encouragé des projets comme « Air to Breathe » pour développer des appareils de fortune si nécessaire.
Le Maj. Samekh a déclaré que l’un des principaux avantages des dispositifs improvisés est leur coût – qui est « bien, bien moins cher » que celui des respirateurs classiques – tout en étant capables d’assurer les fonctions nécessaires pour aider les patients atteints de coronavirus.

Il a fait savoir que son unité avait été confrontée à trois difficultés principales lors de la conversion des appareils CPAP : s’assurer que l’air sortant des appareils était stérile, qu’il sortait en quantité correcte et que les informations sur les patients étaient facilement accessibles aux médecins et aux infirmières.
« Il a fallu relever ce défi », a-t-il indiqué.
Pour résoudre ces problèmes, l’unité 81 a créé un moniteur externe qui contrôle le flux d’air et assure une respiration correcte, en envoyant les données dans un format facilement reçu par les systèmes utilisés par les hôpitaux.
« Nos machines sont la principale alternative en cas d’afflux de patients dans les hôpitaux qui doivent être mis sous respirateur, au-delà du nombre disponible aujourd’hui », a commenté le Dr Amit Zabtani du centre médical de Sheba, qui a participé au projet.

L’initiative « Air to Breathe » a été lancée le mois dernier, dans le cadre d’une série de défis technologiques que les militaires se sont attachés à résoudre.
La semaine dernière, Tsahal a également annoncé que l’unité d’élite du commando naval Shayetet 13 avait trouvé un moyen de convertir ses bouteilles de plongée en bouteilles d’oxygène médical. Bien que ces citernes ne soient pas destinées aux patients atteints de coronavirus, un porte-parole de l’armée a expliqué qu’elles étaient destinées à soulager la pression sur le système de santé en général à la lumière de la pandémie.
L’armée a déclaré que l’unité 81 avait également développé une méthode pour sceller l’avant d’une ambulance afin qu’un conducteur ne soit pas exposé à un risque d’infection lors du transport d’un patient contaminé.