Le Bnai Brith réclame la levée de la Commission d’enquête de l’ONU contre Israël
Cette demande répond aux "remarques odieuses" de membres de la Commission qui questionnent l'adhésion d'Israël à l'ONU et affirment que le "lobby juif" contrôle les réseaux sociaux
Bnai Brith International, une organisation juive qui existe depuis 180 ans, a demandé la dissolution de la Commission d’enquête (COI) des Nations Unies mise en place suite au conflit de mai 2021 entre Israël et les groupes terroristes de Gaza, en raison de récentes « remarques odieuses » de certains de ses membres et « d’autres violations flagrantes ».
Dans une déclaration mercredi, le président du Bnai Brith International, Seth J. Riklin, a déclaré : « Il incombe à l’ONU de faire preuve d’équité et de neutralité dans son travail, mais cette Commission est-elle équitable et neutre ? Manifestement pas. »
Israël avait déjà déclaré qu’il ne coopérerait pas avec la Commission, affirmant que ses membres « avaient pris à plusieurs reprises des positions publiques et hostiles contre Israël sur le sujet même sur lequel ils étaient appelés à enquêter de manière « indépendante et impartiale ». »
Le Bnai Brith a ensuite repris les commentaires récents de Miloon Kothari, membre de la Commission, qui a déclaré dans un podcast sur Mondoweiss, un site web très critique à l’égard d’Israël, que des efforts étaient déployés pour « discréditer » le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, qui a créé la Commission, et que les réseaux sociaux étaient « en grande partie contrôlés par le lobby juif. »
« Il n’y a pas que les gouvernements. Nous sommes très découragés par les réseaux sociaux qui sont contrôlés en grande partie par – que ce soit le lobby juif ou des ONG spécifiques. Beaucoup d’argent est injecté pour essayer de nous discréditer », a déclaré Kothari.
« Si les gens pensent que nous sommes partiaux, alors nous sommes partiaux », a-t-il ajouté.

Kothari a également remis en question le fait même qu’Israël soit membre de l’ONU et l’a accusé de ne pas respecter et de saper les mécanismes de l’ONU.
« J’irais même jusqu’à soulever la question de savoir pourquoi [Israël est] même membre des Nations unies. Parce que […] le gouvernement israélien ne respecte pas ses propres obligations en tant qu’État membre de l’ONU. En fait, il essaie systématiquement, de manière directe ou par l’intermédiaire des États-Unis, de saper les mécanismes de l’ONU », a-t-il déclaré à Mondoweiss.
Dans un rapport publié le mois dernier, la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations unies sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël a imputé la responsabilité des violences entre les deux parties à la « discrimination persistante à l’encontre des Palestiniens ». Le rapport était le premier soumis à la COI, créée l’an dernier par le Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations Unies.
La Commission a effectué deux voyages pour rédiger son rapport, l’un à Genève et l’autre en Jordanie.
Israël a refusé de coopérer avec la Commission et ne lui a pas permis d’entrer en Israël ou d’accéder aux zones contrôlées par les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza.
Kothari a déclaré au podcast que si Israël pensait avoir « une histoire à raconter, il devrait nous laisser entrer et nous faire part de son point de vue sur l’ensemble de la situation ». Donc, nous espérons. Nous continuons nos tentatives. Nous continuerons à le faire. Et nous espérons qu’a un moment donné, ils nous laisseront entrer ».
Kothari a déclaré dans une déclaration publiée par le CDH en juin que « mettre fin à l’occupation israélienne, en pleine conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité, reste essentiel pour arrêter le cycle persistant de la violence. Ce n’est qu’avec la fin de l’occupation que le monde pourra commencer à inverser les injustices historiques et avancer vers l’autodétermination des peuples palestiniens. »
Dans son entretien avec Mondoweiss, Kothari a déclaré que le terme « apartheid » était un « paradigme/cadre utile pour comprendre la situation, mais qu’il n’était pas suffisant. »
« Nous devons tenir compte du colonialisme de peuplement, des questions générales de discrimination, de l’occupation et d’autres dynamiques pour obtenir une image plus complète des causes profondes de la crise actuelle… mettre fin à ‘l’apartheid’ ne mettra pas fin à la crise de l’occupation pour les peuples palestiniens… la question de l’autodétermination nécessite de nombreux autres changements », a-t-il déclaré.
Dans son rapport, la Commission de l’ONU a déclaré : « Les déplacements forcés, les menaces de déplacements forcés, les démolitions, la construction et l’expansion des colonies, la violence des habitants et le blocus de Gaza » ont été identifiés comme des « facteurs contribuant aux cycles récurrents de violence. »

Le rapport réaffirme que l’ONU considère les implantations israéliennes comme illégales, y compris à Jérusalem-Est et sur le plateau du Golan.
Il dénonce également les restrictions imposées par Israël à la liberté de mouvement des Palestiniens et la violence des habitants des implantations. Selon la COI, Israël détruirait les infrastructures hydrauliques palestiniennes et tenterait de faire taire les voix critiques de la société civile palestinienne.
Le rapport a été présenté au Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 14 juin. À cette occasion, un autre membre de la Commission, Chris Sidoti, a rejeté les accusations d’antisémitisme portées contre la Commission et a déclaré qu’elles étaient « jetées comme du riz à un mariage ».
« L’antisémitisme est une atrocité en soi. Il est à la base de certaines des atrocités les plus extrêmes de l’histoire, la Shoah en particulier, les pogroms, les persécutions qui remontent à des siècles », a déclaré Cidoti.
« C’est une tragédie et une parodie de banaliser l’antisémitisme à des fins politiques, de le vider de son sens, de l’utiliser comme bouclier pour une critique ordinaire des actions d’un État… Il semble que ces accusations d’antisémitisme sont jetées comme des grains de riz à un mariage », a-t-il ajouté.
Riklin, du Bnai Brith, a déclaré que « le fait que les dés aient été, comme on pouvait s’y attendre, pipés contre Israël, et que ces commissaires n’aient pas hésité à cacher leur partialité, nécessite une intervention immédiate de tous les pays qui financent des opérations de l’ONU ».
Le Bnai Brith s’en est également pris à la présidente de la Commission, Navi Pillay, qui a déclaré que la commission n’avait pas « d’idées préconçues », qualifiant ses commentaires d’affirmation « éhontée » d’impartialité « alors qu’elle et ses collègues commissaires ont chacun un dossier public établi de longue date de positions hostiles envers Israël ».

L’enquête de l’ONU a été initiée lors d’une session spéciale du Conseil le 27 mai – suite au conflit entre Israël et des terroristes palestiniens dans la bande de Gaza – quand le CDH de l’ONU a décidé de créer une Commission d’enquête sur « toutes les violations présumées du droit international humanitaire et toutes les violations et tous les abus présumés du droit international des droits de l’homme » en Israël, à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza.