Le Consistoire condamne les propos « scandaleux » d’un imam qui met en doute la recrudescence de l’antisémitisme
Abdelali Mamoun a demandé "où sont" les quelque 1 500 "actes antisémites qu'il y a en France ?" et souhaite "des éléments", tels que "telle synagogue a été profanée, tel cimetière a été profanée, tel individu de confession juive a été agressé"
Le Consistoire central israélite de France a condamné mardi les propos « scandaleux et inacceptables » d’un imam qui s’est publiquement demandé « où sont » les actes antisémites recensés en France.
« Profondément outré », le Consistoire s’est insurgé dans un communiqué que cet imam de la Grande mosquée de Paris « se fasse le porte-voix de thèses complotistes, en laissant entendre que le recensement des actes antisémites ne correspondrait pas nécessairement à la réalité des faits ».
Mardi matin sur RMC, l’imam Abdelali Mamoun a demandé « où sont » les quelque 1 500 « actes antisémites qu’il y a en France ? ». « J’aimerais bien qu’on les dévoile pour que nous soyons solidaires » des Juifs de France, a-t-il poursuivi.
« Je ne dis pas que les chiffres sont faux mais ils ne sont pas dévoilés, pas apparents », a regretté cet imam de la Grande mosquée de Paris, souhaitant non « pas des preuves » mais « des éléments », tels que « telle synagogue a été profanée, tel cimetière a été profanée, tel individu de confession juive a été agressé ».
???? Abdelali Mamoun, imam de la Grande mosquée de Paris, sur RMC : "Où sont ces 1200 et quelques actes antisémites qu'il y a en France ?" #ApollineMatin pic.twitter.com/Fuihm9vpTq
— RMC (@RMCInfo) November 14, 2023
Ces propos ont été rejetés par le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, qui s’est « inscrit en faux » contre les paroles de l’imam s’exprimant selon lui « à titre personnel ».
« La Grande mosquée de Paris ne nie pas, ne minimise pas et ne relativise pas l’ensemble des actes antisémites survenus en France ces dernières semaines, et a une confiance totale dans les chiffres diffusés par le ministère de l’Intérieur », a-t-il ajouté, assurant que l’imam lui avait fait part de « son regret d’avoir été très confus, alors qu’il n’entendait pas remettre en cause les chiffres alarmants des actes antisémites en France ».
Se félicitant de cette mise à distance, le Consistoire a regretté que malgré tout « le venin du doute s’est instillé ».
Un total de 1 518 actes et propos antisémites ont été recensés en France depuis le début de la guerre qui oppose l’Etat d’Israël au groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas, a indiqué mardi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Dénonçant des « insinuations très choquantes », le ministre a précisé que 50 % de ces actes étaient des tags, affiches, banderoles, 22 % des menaces et insultes, 10 % une apologie du terrorisme, 8 % des atteintes aux biens, 6 % des comportements suspects, 2 % des coups et blessures et 2 % des atteintes aux lieux communautaires.