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Le guet n’est – vraiment – pas qu’une affaire de femmes…

Répondant à l'appel de la WIZO France, 82 hommes ont signé une lettre de soutien, affirmant que la situation des agounot ne doit pas rester “le seul combat des femmes”

La salle de la du département des Agounot au sein du tribunal rabbinique de Jérusalem, le 17 septembre 2017. (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)
La salle de la du département des Agounot au sein du tribunal rabbinique de Jérusalem, le 17 septembre 2017. (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

En août dernier, le grand-rabbin ashkénaze d’Israël David Lau a pris une décision aussi extrême qu’inédite : bloquer l’inhumation d’une Américaine dont le fils refusait d’accorder le guet à son épouse. Suite à cet épisode, qui se serait soldé par un échec, Diana-Paola Levy, présidente de la WIZO France, soutenue par les présidente et vice-président de WIZO Mondial, a rédigé une lettre ouverte publiée dans l’hebdomadaire Actualité Juive, dans laquelle elle appelle à la création d’une commission qui serait chargée de discuter de la question du divorce religieux dans la société juive actuelle.

En vertu de la loi juive, un mariage est contracté par une ketouba, un acte de mariage. Ce dernier devient nul et non avenu et le mariage dissous dès lors qu’un guet, un acte de divorce est remis par le mari et accepté par la femme.

A l’époque de la Bible, ce document assurait la protection des femmes et leur garantissait de ne pas se retrouver démunies si leur conjoint décidait unilatéralement de les répudier.

Le Talmud précise que cet acte de divorce doit être remis par le mari, et ce, de son plein gré. Et c’est précisément là que le bât blesse. Si les textes juridiques juifs évoquent certaines méthodes coercitives, incitatives et autres pressions, aucun tribunal rabbinique ne peut obliger un homme à remettre le guet. Contrairement au droit civil, ce n’est pas le tribunal rabbinique qui prononce le divorce, il ne fait que le constater.

Scène de Guett – Le Procès de Viviane Amsalem (Crédit : autorisation Films Distribution)

Et force est de constater que dans les divorces litigieux, les maris récalcitrants sont nombreux à se servir du guet comme levier de pression, tel une monnaie d’échange pour harceler leur ex-épouse et leur infliger d’importantes violences morales et psychologiques.

Tant qu’une femme n’a pas reçu son guet, elle ne peut pas, au regard de la loi juive, se remarier. Si elle entretient des rapports sexuels avec un autre homme, et que naissent des enfants, ils auraient alors le statut de mamzer (enfant illégitime), un statut hautement compliqué du point de vue de la Halakha (loi juive).

Il est important de souligner que si le guet était initialement un acte unilatéral, qui, s’il protégeait les femmes, était décidé par le mari, il est véritablement devenu un acte réciproque impliquant pleinement les deux parties du couple.

Depuis le décret de Rabénou Guershom (11e siècle), un guet ne peut être donné sans le consentement de la femme. Ce décret fut accepté dans le monde ashkénaze avant de l’être dans l’ensemble du monde juif. Lors de la cérémonie du guet, réglée comme du papier à musique, la femme doit physiquement signifier qu’elle accepte l’acte de divorce.

C’est précisément cette évolution qui invite à la réflexion.

En sa qualité de présidente de la WIZO, un mouvement international apolitique et areligieux, Mme Levy a à cœur de défendre une question profondément religieuse. Et pour cause, l’activité de la WIZO se concentre sur trois pôles principaux : le statut des femmes, l’éducation et la détresse familiale. Autant de problématiques qui sont au cœur de la question du guet.

Dans sa lettre ouverte, elle appelle les dirigeants juifs français à se mobiliser pour faire évoluer la situation des agounot – littéralement ‘femmes enchaînées’ – dans le respect de la Halakha et au regard de la modernité de la société juive contemporaine.

Lettre ouverte de la présidente de la Wizo France Diana-Paola Levy dans Actualité Juive au sujet du problème du guet. (Autorisation)

Cette lettre ouverte a suscité un engouement inédit auprès de nombreuses personnalités masculines juives. Au nombre de 84, ils se sont portés signataires d’un appel à la mobilisation. Rabbins, médecins, hommes d’affaires, au service de la communauté, issus du secteur privé ou encore à la tête de grands groupes juifs, ils sont tous profondément préoccupés par le statut des femmes privées de leur liberté.

Intitulée “ENSEMBLE, MOBILISONS-NOUS”, 84 signataires exclusivement masculins – listés ci-dessous – clament haut et fort que la situation des agounot ne doit pas rester “le seul combat des femmes”.

« Aux côtés de Monsieur le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, et de Monsieur le Président du CRIF, Francis Khalifa, les personnalités dont les noms suivent ont souhaité s’associer à l’appel de la WIZO dans ces termes :

ENSEMBLE, MOBILISONS-NOUS !

Nous avons pris connaissance de la lettre ouverte de la présidente de la WIZO sur l’évolution nécessaire des conditions de remise du guet par l’époux(se) récalcitrant(e).
Nous considérons que la situation de ces femmes qui ne peuvent pas se remarier, et celle de ces enfants qui subissent le statut de mamzer ne doivent pas rester le seul combat des femmes. C’est tous ensemble que l’action doit être menée.
Nous souhaitons donc nous associer à l’initiative de la WIZO pour que la communauté juive française porte haut les valeurs de nos traditions dans la modernité qu’elle appelle de ses vœux. »

ABECASSIS Armand, Philosophe, Écrivain‬
‪ABENSOUR Gabriel, Créateur du site MODERN ORTHODOX, un des fondateur de Beit Hamidrash indépendant Ta-shma à Jérusalem‬
‪ABITBOL Richard, Président de la Confédération des juifs de France et des Amis d’Israël‬
ADLER Alexandre, Journaliste ‬
‪ALLAL Elie, Trésorier du Centre Communautaire de Paris ‬
‪AMAR Joël, Fondateur cabinet SEN-SO‬
‪AMSALEM Bernard,Président Fédération Française d’Athlétisme‬
‪AMSELLEM Louis, Collaborateur de Jack Lang à l’Institut du monde arabe‬
‪AOUIZERATE Erick, Président du Consistoire de Bordeaux‬
‪AZOULAY Mickaël, Rabbin de la synagogue de Neuilly sur Seine ‬
‪AZOULAY Simon, Président de la société ALTEN‬
‪BENSEMHOUN Arié, Directeur général d’ELNET ‬
‪BERDUGO Yehuda, Rabbin, Aumônier Militaire du Consistoire de Paris‬
BETTACH Raphy, Professeur de médecine ‬
‪BOTBOL Claude, Pharmacien‬
‪DAHAN Daniel, Grand Rabbin d’Aix en Provence‬
‪EISENBERG Marc, Président de l’Alliance Israélite Universelle ‬
‪ELALOUF Elie, Ancien Directeur Général de RACHI, ancien membre de la Knesset‬
‪ELALOUF Edmond, Ancien Président du Centre Communautaire de Paris ‬
‪ELICHA Tony, Homme d’affaires ‬
‪ELICHA Alexandre, Fondateur THE KOOPLES‬
‪ELICHA Laurent, Fondateur THE KOOPLES‬
‪ELICHA Raphaël, Fondateur THE KOOPLES‬
‪ENKAOUA Fred, Vice Président du Centre Communautaire de Paris ‬
‪EPSTEIN Daniel, Rabbin, psychanalyste ‬
FORSTER Lev, Avocat‬
‪GOLDMANN Ariel, Président du Fonds Social Juif Unifié et de la Fondation du Judaïsme français ‬
GOLDNADEL William, Avocat‬
‪GUEDJ Jean-Luc, Commissaire aux comptes‬
GUEZ Philippe, Banquier‬
‪GUTHMANN Jean-François, Président de l’OSE‬
HADDAD Philippe, Rabbin de la synagogue Copernic ‬
‪HADDAD Jérémie, Président des Eclaireurs et éclaireuses israélites de France‬
HAIK Daniel, Journaliste ‬
‪HOFFENBERG Théo, Fondateur de Reverso‬
‪HUSTER Francis, Acteur, réalisateur, membre de la Comédie Française ‬
‪IBGUI Gad, Directeur Général du Centre Communautaire de Paris‬
‪KALIFAT Francis, Président du CRIF‬
‪KANDEL Ariel, Ancien directeur de l’Agence juive, Directeur de Qualita‬
‪KARSENTY Philippe, Éditeur et conférencier ‬
‪KARSENTY Robert, Banquier‬
‪KLUGMAN Patrick, Avocat‬
‪KORSIA Haïm, Grand Rabbin de France **‬
LASSERI Bruno, Avocat‬
‪LASSERI Jean-Louis, Avocat‬
‪LEVY Georges-Henri, Homme d’affaires ‬
‪LEWIN Moshé, Rabbin‬
‪LUSTYK Jean-Philippe, Journaliste ‬
‪MAJERHOLC Norbert, Avocat‬
‪MALKA Shlomo, Journaliste ‬
‪MALLET Albert, Ancien Président de Radio Shalom‬
‪MAMAN Claude, Grand rabbin de Bordeaux‬
‪MANDEL Marc, Homme d’affaires ‬
‪MARCIANO Raphy, Directeur général de l’Alliance Israélite Universelle‬
‪MAREK Michel,Président de la communaut de Sucy en Brie ‬
‪MERGUI Yossi, Rabbin (Loubavitch)‬
‪MEYER Philippe, Journaliste ‬
‪NAKACHE Michel, Ancien Président des EEIF‬‬
‪NAOURI Aldo, Pédiatre‬
NEDDAM Gilbert, Administrateur de l’Espace culturel et universitaire juif d’Europe‬
‪NISENBAUM Haim, Porte parole du mouvement Loubavitch de France ‬
ODIER Richard, Directeur général du Fonds Social Juif Unifié‬
‪PINTO Sam, Président d’Alliance -Kiah‬
PODEMSKI Maurice,Trésorier de l’association KADIMA‬
‪PRASQUIER Richard, Président du Keren Hayessod, Ancien Président du CRIF‬
‪RABINOVITCH Gérard, Directeur de l’institut européen Emmanuel Levinas‬
‪RAPPAPORT Didier, Fondateur de Happn‬
‪RAUSKY Franklin, Directeur des études à l’Institut universitaire Elie Wiesel ‬
‪ROTHSCHILD de Eric, Président du CASIP @COJASOR et du Mémorial de la Shoah‬
‪ROUAS Yves, Président de l’Espace culturel et universitaire juif d’Europe et de l’Institut Elie Wiesel‬
‪SITRUK François, Président de la communauté consistoriale de Saint Brice sous Forêt‬
‪STEG Gabriel, Professeur de médecine
‪STEMMER Armand, Chef d’entreprise
‪STROUF Jean-François, Directeur adjoint l’Espace culturel et universitaire juif d’Europe et de l’Institut Elie Wiesel‬
SUISSA Steve, Cinéaste, metteur en scène ‬
‪SULTAN Nissim, Rabbin de Grenoble ‬
‪TOLEDANO Jo, Président de l’Ecole Juive Moderne‬
‪WIZMAN Ariel, Journaliste ‬
‪ZERAH Dov, Ancien Président du Consistoire de Paris ‬
‪ZERBIB Hubert, Ingénieur informatique et membre du CA du Centre Communautaire de Paris

D’autre part, David de Rothschild, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, s’est également montré solidaire de cette démarche.

« Vous m’avez saisi de la lettre de soutien à la lettre ouverte de la présidente de la WIZO-France sur l’évolution nécessaire des conditions de remise du « guet » par l’époux récalcitrant.
Ce combat mérite effectivement d’être mené pour aider les femmes concernées à sortir de situations dramatiques sur le plan personnel et à reconstruire leur vie familiale en plein accord avec les principes du judaïsme.
Nous ne pouvons, conformément à notre pratique constante, signer cette pétition mais je tiens à vous assurer, sans aucune ambiguïté, au nom de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et en mon nom personnel, de mon plein soutien à cette initiative qui vise à défendre, aujourd’hui et demain, les droits et la dignité des femmes juives
. »

Le Times of Israël en français s’est donc entretenu Diana-Paola Levy pour aborder cette question cruciale.

Diana-Paola Lévy, Entrepreneur & Présidente WIZO-France. (Autorisation)

La question centrale qui ressort de cet échange est la suivante : “est-on obligé d’aller dans les extrêmes que sont la prison, le blocage d’une inhumation, pour faire avancer les choses ? »

La WIZO, qui oeuvre pour la dignité et le statut des femmes, souhaite “qu’ensemble, avec le consistoire, avec le Beth Din de Paris, avec les forces juridiques en France, nous trouvions des idées à présenter au Beth Din d’Israël, en tant que deuxième communauté juive de la Diaspora”.

Depuis 2018, le Parlement israélien (Knesset) a adopté une loi donnant aux tribunaux rabbiniques une compétence internationale et de sanction contre les juifs refusant le divorce, sous certaines conditions.

Certaines femmes juives non israéliennes seront désormais autorisées à demander le divorce devant les tribunaux rabbiniques israéliens, après que la Knesset a adopté une loi étendant la compétence des organes juridiques religieux gérés par l’État au-delà des frontières de l’État juif.

Times of Israël : Concrètement, qu’attendez-vous du Beth Din
d’Israël ? Quels moyens peuvent-être mis en oeuvre ?

Diana-Paola Levy : J’attends que nous Français, nous nous asseyons autour d’une table avec la partie religieuse, c’est-à-dire le président des Consistoires et le rabbin concerné, avec des avocats spécialistes du droit de la famille et peut-être du pénal, avec la Cour de Cassation et des associations comme la WIZO, mais pas que, et créons une commission d’hommes et de femmes qui œuvrent sur la souffrance faite aux femmes et sur le statut des femmes dans notre communauté.

Cette étape 3, consistera à s’asseoir autour d’une table et à réfléchir chacun dans sa partie. Dans le respect de la Halakha, dans le respect de la loi française et dans le respect du statut des femmes.

C’est dans la discussion et dans la concertation que l’on arrivera à créer quelque chose. Ce que je considère, c’est qu’il suffit qu’il y ait une femme qui souffre, et c’est déjà trop.

Je remarque que ce sujet est problématique partout dans le monde. Contrairement aux anglo-saxons, qui ont le contrat prénuptial, et qui fonctionne autrement, qui ont une autre mentalité sur la séparation, sur l’argent, sur le mariage – même s’il y a des problèmes partout – je suis aujourd’hui préoccupée par la France.

Il suffit qu’il y ait une femme qui souffre, et c’est déjà trop

Ce que l’on attend du Beth Din, c’est la même solution qu’il a trouvé pour les ascenseurs pour Shabbat. Faire fonctionner les choses de manière soft et dans l’intérêt de tous, traditionalistes, religieux, dans la douceur et le respect de nos traditions et de notre religion et dans le respect de la Halakha.

Aujourd’hui en France, qui sont les femmes concernées par la question du guet ? Qui sont les femmes qui répondent au titre de ‘agouna’ ?

Jane Zimero, spécialiste du droit des femmes et du guet depuis des années au sein de la WIZO, a fait une étude très intéressante, avec l’accord du Consistoire et des Consistoires de France, en faisant une analyse auprès des Beth Din de France et des femmes concernées. L’étude explique l’état des lieux, interviewe des personnalités qui sont à la fois dans les Consistoires et les Beth Din, et comprend également des témoignages de femmes, anonymes. Ce sera l’étape 4. Nous transmettrons cette étude à la commission pour qu’elle travaille dessus.

Il y a trois types de femmes qui sont en attente du guet : il y a les femmes de 55 ans et plus, qui sont divorcées, et qui n’ont pas demandé leur guet, parce que le sujet des enfants n’est plus un sujet, et elles estiment qu’elles n’ont pas à le demander. On le voit réellement dans notre population WIZO France et nous sommes 6 000 en France.

Il y a les femmes qui ont entre 35 et 50 ans, qui elles, ne veulent pas d’autres enfants, mais estiment que c’est un devoir de retrouver leur liberté. Elles viennent chercher leur liberté morale, ne plus être attachées à un homme, même si les vies de chacun sont refaites. Et malgré ça, quand les vies de chacun sont refaites, il y a problème sur la remise de guet, alors qu’il n’y a plus d’enjeu, que le divorce civil ait été prononcé ou pas, et même si l’on sait que la loi française dit que le guet peut-être remis au moment du divorce civil.

Et enfin il y a la femme qui est jeune, qui est en âge de vouloir avoir d’autres enfants, et qui attend d’avoir le guet, et là, ce sont les chiffres que l’on connaît.

Selon l’étude et selon un recensement approximatif, il y a en moyenne par an 750 à 800 mariages juifs en France, et le nombre de divorces annuels est de l’ordre de 40 à 50 %.

Toujours sur la base des informations recueillies auprès des rabbins, les procédures de guet ne soulèvent pas de problème dans 70 à 75 % des cas. Le drame surgit lorsqu’un époux, pour des raisons qu’il n’est pas obligé d’exprimer, refuse de « donner le guet », précise l’étude.

Comment expliquer que des femmes, notamment les Wizéennes, qui se revendiquent d’un mouvement areligieux, vont se mobiliser pour obtenir un sésame profondément religieux ?

Je crois que l’on est un peuple plein de merveilles et plein d’ambiguïté en même temps. Le guet est un sujet profondément religieux, a priori. C’est aussi un sujet profondément sociétal, parce qu’on sait qu’à ketouba, le contraire est la répudiation et le guet. Et donc plus on en parle, plus on s’y sent attaché.

C’est davantage une question de liberté et de principe.

Quand on connaît la signification de ce guet, on y accorde une autre mesure. C’est le revers de la médaille de la liberté que l’on souhaite acquérir.

Et c’est pour cela que je voudrais avoir un propos pacifique et dire que ces solutions, nous ne pourrons les trouver qu’aux côtés des hommes. Au même titre qu’un homme qui n’arrive pas à remettre le guet à sa femme est également embêté. Pas dans la même mesure et pas pour les mêmes raisons, mais ça arrive. La souffrance n’est pas la même et c’est une véritable forme de violence.

Je pense que la non-remise de guet est l’une des premières violences faite aux femmes, parce que la violence n’est pas que physique, elle peut être verbale, mentale.

Un juif hassidique célèbre un mariage en Israël, où mariage et divorce sont sous l’autorité légale du grand rabbinat orthodoxe. (Crédit : Yaakov Lederman/Flash90)

Je voudrais faire, à ce sujet, un clin d’œil au travail que fait l’association NOA – Osez le dire, qui est une centrale d’écoute justement sur les violences faites aux femmes, et qui a été créée par la WIZO il y a une dizaine d’années et rejointe par la Coopération féminine qui appartient au FSJU et par différentes associations comme l’OSE, et qui font un gros travail d’écoute.

Comment est arrivée cette lettre de soutien, qui a reçu un accueil inédit ?

A la lettre ouverte, certaine personnes m’ont contacté pour me féliciter de ma prise de parole et ont dit que c’était une bonne chose de bouger à travers des médias, parce que cette situation est inadmissible. Et au fil du temps, je leur ai dit : “Signe-le ! Écris-le !”

Une chaîne s’est faite et nous avons obtenu 82 signatures, bien au-delà des 26 initialement espérées. Nous avons eu le président du CRIF, Francis Kalifat, le grand-rabbin de France, de nombreux rabbins du Consistoire qui nous ont dit « ce n’est pas qu’un sujet de femmes, ce guet« .
L’objet de la signature à cette lettre de soutien était de clamer cela haut et fort.

Aujourd’hui, de nombreuses villes de province soutiennent l’action de la WIZO France et notre objectif c’est véritablement de travailler ensemble, avec le consistoire, avec les Beth Din et avec les associations qui défendent le statut des femmes de notre communauté, sans attendre.

En tant que présidente de la WIZO, que pensez-vous des nouvelles mesures comme les campagnes de shaming, chose qui ne se faisait pas il y a encore quelques années.

Étant issue du milieu de la communication, j’ai pensé à me tourner vers les réseaux sociaux pour faire avancer les choses. J’ai une appréhension. Que cela sorte de notre communauté. C’est pour cela que je rêve que l’on puisse s’asseoir autour d’une table, vraiment travailler et ensemble apporter des solutions et des actions. J’aimerais éviter ces actions là et qu’on ait, ensemble, l’intelligence de trouver des solutions.

Si l’objectif est de mettre au devant de la scène ces hommes récalcitrants, ça fonctionne, dans 80 % des cas. Parce que le guet devient un sujet de pression, d’ego, de social.

Mais après, c’est comme la prison, c’est comme bloquer une inhumation. Est-on obligés de faire ça ? Je rêve d’une évolution plus pacifique. On parle d’antisémitisme, d’assimilation, on parle de mariage mixte, n’est-on pas au cœur du problème ? Est-ce que le guet ne dépasse pas un sujet religieux ? N’est-ce pas un sujet de société ?

Est-ce que les décisions que vous souhaitez voir le Beth Din d’Israël prendre profiteront aux femmes de France concernées ?

La WIZO, qui fête ses 99 ans, intervient à la Knesset. Elle travaille sur le statut des femmes, l’éducation et la détresse familiale, qui sont nos trois piliers depuis 99 ans.

La WIZO était signataire de la création de l’Etat d’Israël, ce qui veut dire qu’on a vraiment une action. On est le premier partenaire social privé de l’Etat d’Israël.

La salle de la du département des Agounot au sein du tribunal rabbinique de Jérusalem, le 17 septembre 2017. (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

Mon action est sur la libéralisation de la parole des femmes. Ces décisions seront entre les mains du Consistoire et des Consistoires de France. Et j’aimerais qu’ils s’approprient le projet, ensemble, qu’on ait chacun notre voix.

Je pense qu’il y a trois voix dans ce sujet : le statut des femmes, le côté juridique, puisqu’il faut divorce civil pour qu’il y ait guet et le Beth Din de Paris et de Province. Si chacun reste dans son secteur, on trouvera un consensus et je suis très positive à cette idée. Dream Big. Quand on est engagé, on a besoin de rêver.

Voilà ce que je souhaite pour les femmes et les hommes de notre communauté, pour favoriser la continuité de notre peuple, de nos traditions, selon la Halakha, dans l’évolution de la modernité et de qui nous sommes.

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