Le mémorial de la gare de déportation de Bobigny ouvre ses portes au public
De juillet 1943 à août 1944, la gare de Bobigny, succédant à celle du Bourget, a été le lieu de départ de près d'un tiers des Juifs déportés de France vers Auschwitz

Le mémorial de la gare de déportation de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a ouvert ses portes au public ce mercredi 18 janvier, après deux ans de travaux de réaménagement. Ceux-ci, s’élevant à 4,5 millions d’euros, ont été financés par la ville, les ministères des Armées et de la Culture, la SNCF et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, parmi d’autres acteurs, a rapporté France 3 Régions.
Le lieu de mémoire, dont l’entrée est gratuite, est ainsi ouvert du mercredi au dimanche, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h (plus d’informations et de détails sur le site du mémorial).
Une commémoration sera organisée sur place à l’occasion de la Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité le 27 janvier, de 15h30 à 17h30.
Pendant la Shoah, la banlieue nord-est de Paris a été un endroit central dans la déportation et le meurtre des Juifs français ou résidant en France.
À partir de juillet 1943 et jusqu’en août 1944, succédant à celle du Bourget, la gare de Bobigny a été le lieu de départ de près d’un tiers des Juifs déportés de France vers Auschwitz-Birkenau. À partir de ce lieu, 22 407 hommes, femmes et enfants ont ainsi été déportés. La très grande majorité d’entre eux ont été exterminés dès leur arrivée au camp.
« La gare de Bobigny était située au milieu des champs, plus discrète donc que la gare du Bourget, et pratique, car elle se trouve à 3 kilomètres seulement du camp de Drancy », explique Adèle Purlich, directrice du mémorial. « Pratique aussi par sa grande taille, car elle permettait d’organiser facilement les convois. »
Bien que le lieu a longtemps été oublié, ce site industriel et ferroviaire a été tardivement redécouvert comme lieu de mémoire au début des années 90, alors qu’un des bâtiments qui le compose était menacé de démolition. La mémoire s’est ensuite construite autour de différents acteurs et suivant plusieurs étapes.
En 2005, la ville de Bobigny a acheté le bâtiment de la gare, dit des « voyageurs », pour 1 euro symbolique, et a fait inscrire le reste du site à l’inventaire des monuments historiques.
Puis, en 2011, la SNCF, qui a participé à la Shoah en collaborant avec l’occupant nazi, a cédé le terrain de la gare désaffectée à la mairie de Bobigny, pour le devoir de mémoire. Le président de la SNCF, Guillaume Pépy, avait alors reconnu l’implication du groupe ferroviaire dans la déportation. La SNCF était « réquisitionnée », « soumis(e) à l’effort de guerre nazi », avait-il néanmoins nuancé.
#Ouverture au public de l'ancienne gare de déportation de Bobigny. De l’été 1943 à l’été 1944, 22 407 Juifs de France – hommes, femmes et enfants – sont conduits du camp de Drancy à la gare de Bobigny pour être déportés vers Auschwitz-Birkenau. https://t.co/utIISz7yS9 https://t.co/5uEX6oWoWz
— Fondation pour la Mémoire de la Shoah (@Fondation_Shoah) January 18, 2023
Des plaques commémorant les événements qui s’y sont déroulés avaient été apposées dans l’immédiat après-guerre. Des cérémonies commémoratives y ont été régulièrement organisées, par les associations Fond Mémoire d’Auschwitz et Convoi 73. Le site Internet du mémorial retrace plus longuement l’histoire du lieu.
Le mémorial présente notamment 75 stèles à la mémoire de tous les convois de déportés juifs partis de France – dont 21 depuis Bobigny. Un mur des 22 453 empreintes des déportés partis de Bobigny est aussi présenté.
Premier jour d’ouverture de l’ancienne gare de déportation de bobigny.Félicitations à tous les partenaires qui ont participé à la réalisation de ce beau projet de mémorial !En présence de M. Thomas Fontaine commissaire d’exposition et des lycéens -nes de Montluçon:Madame De Stael pic.twitter.com/YxvVrPJfP6
— Abdel Sadi (@Abdel_Sadi) January 18, 2023
Tout a été fait pour garder les matériaux de l’époque de la Shoah. Les pavés menant aux rails, les mêmes qui ont été utilisés par les autobus et les camions qui venaient du camp de Drancy, ont été restaurés. Parmi les gares françaises qui ont servi à la déportation des Juifs, celle de Bobigny est la mieux préservée.
L’inauguration officielle du lieu aura lieu le 18 juillet prochain, date marquant le 80e anniversaire du départ du premier convoi de déportés parti de la gare de Bobigny.