Le père d’un Israélien détenu à Gaza critique la campagne des autres familles
Shaban al-Sayed, dont le fils schizophrène Hisham s’est aventuré dans la bande de Gaza en 2015, appelle à faire pression sur le Hamas, pas sur Israël
Le père d’un Israélien souffrant d’une maladie mentale et retenu prisonnier par le Hamas dans la bande de Gaza a appelé les autres familles dont les proches sont à Gaza à cesser leur campagne pour faire pression sur le gouvernement.
Shaban al-Sayed, dont le fils Hisham s’est aventuré dans la bande de Gaza en avril 2015 et n’a pas été vu depuis, a déclaré mardi à la radio militaire que faire pression sur le gouvernement israélien « ne ferait que nuire aux intérêts de nos garçons ».
Il s’agissait de la première interview médiatique d’al-Sayed sur son fils disparu. Elle a été diffusée au moment où la Haute cour de justice auditionnait un appel des familles des soldats israéliens Oron Shaul et Hadar Goldin, qui ont été tués à Gaza en 2014 et dont les corps sont détenus par le Hamas, contre l’accord de réconciliation signé le mois dernier entre Israël et la Turquie, au motif qu’il ne force par le Hamas à rendre les corps et à libérer les deux Israéliens détenus à Gaza.
Le second Israélien, Avraham Abera Mengistu, s’est aventuré dans la bande de Gaza en 2014. Il souffre lui aussi d’une maladie mentale, selon sa famille.
Les familles de Shaul, Goldin et Mengistu ont organisé dimanche matin une manifestation au poste-frontière de la principale route commerciale entrant dans l’enclave palestinienne, alors qu’une première livraison de milliers de tonnes d’aide turque devait y être transférée.
Les familles ont manifesté contre un accord de détente entre Israël et la Turquie la semaine dernière, qui permet le transfert d’aide à Gaza via le port d’Ashdod mais n’oblige pas au retour de Mengistu et des corps des deux soldats.
Ils ont exprimé leur indignation devant le fait que le sujet de leurs proches n’était pas traité, alors qu’Israël facilitait le passage quotidien de 1 000 camions d’aide humanitaire vers le territoire palestinien assiégé, dont la livraison turque.
Mais al-Sayed a souligné que les manifestations étaient contre-productives.
Israël, a-t-il déclaré « fait des efforts pour ramener nos garçons de toutes sortes de manières, par des voies internationales et par des interlocuteurs locaux. Même nous, nous ne connaissons pas tous les moyens. Il ne laisse personne derrière, ni les soldats, ni les civils. C’est très connu. Israël prend soin de ça d’une manière ou d’une autre. »
« Nous pensons que c’est n’est pas une bonne idée maintenant de faire pression de notre côté, et qu’il faudrait plutôt faire pression de leur côté, parce que la balle est dans le camp du Hamas », a-t-il ajouté.
« Cette pression qu’ils appliquent à présent ne fera que nuire aux intérêts des garçons », a déclaré al-Sayed.
Il faisait peut-être référence aux récentes spéculations disant que la pression publique en Israël augmenterait les demandes du Hamas pour un possible échange de prisonniers.
Un responsable israélien a déclaré cette semaine que le Hamas voulait assurer la libération de centaines de prisonniers palestiniens détenus en Israël en échange du retour des corps de Shaul et de Goldin, ainsi que de Mengistu et d’Hisham al-Sayed.
Le quotidien israélien Yedioth Ahronoth a annoncé lundi que bien qu’Israël ait cherché, via des intermédiaires étrangers, à initier des négociations pour le retour des civils et des corps des soldats, il ne veut pas céder quelque chose simplement pour faire venir le Hamas à la table des négociations. Israël n’acceptera pas non plus un échange du même type que celui qui a vue la libération de 1 027 Palestiniens en échange de Gilad Shalit, un accord négocié avec l’aide d’un diplomate allemand.
« Le Hamas veut un accord ‘Shalit 2’, avec la libération de centaines de prisonniers », avait déclaré un haut responsable israélien anonyme dans le quotidien.
Shaban al-Sayed a accusé le Hamas de maltraiter son fils.
« Hisham est schizophrène. Il est entré deux fois dans la bande de Gaza avant, et ils l’avaient rendu au poste-frontière Erez », a-t-il déclaré.
Hisham « aime traverser les frontières. Il est un peu malade. Il était conscient de certaines de ses actions, et inconscient de certaines autres. Il y était une semaine à dix jours à chaque fois, et a été détenu par le Hamas les deux fois et rendu sans l’intervention de quiconque. Ils ont juste informé l’armée qu’il était là et l’ont rendu. »
La troisième fois, a dit al-Sayed, le Hamas a décidé d’agir autrement : « nous n’avons reçu aucun [signe de vie]. C’est comme ça que le Hamas fait pression. Mais nous savons, par l’Etat et par des personnes à qui nous avons parlé, qu’il est vivant et qu’il va bien. »
La famille, a-t-il déclaré, a travaillé pour « informer le Hamas, par des personnes que nous connaissons et par les médias, qu’il est malade, mais ils n’ont jamais répondu. Ils ne voulaient pas admettre qu’ils l’avaient. Ce n’est que récemment qu’ils ont reconnu avoir quatre ‘soldats’. »
« Nous ne voulions pas de bruit médiatique autour de lui. Nous pensons, et la famille pense, que cela n’aidera pas. Cela n’aide pas. Je pense que ça ne fait que nuire. »