Le plastique jetable utilisé à Yom HaAtsmaout nuit gravement à la planète
Greenpeace critique le ministère de l'Agriculture pour son rapport optimiste sur la hausse de la consommation de viande bovine ; Adam Teva V'Din veut interdire le plastique jetable
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Des groupes de défense de l’environnement ont averti lundi que la planète et la santé publique étaient lourdement impactés par les traditionnels barbecues dans la nature, un incontournable de Yom HaAtsmaout,
Adam Teva V’Din a émis un « très humble » calcul des assiettes, verres et couverts jetables utilisés par 1,5 million d’Israéliens qui prévoient des pic-nics dans les forêts gérées par le KKL-JNF jeudi, et qui généreront 132 tonnes de gaz à effet de serre, ce qui équivaut à la pollution émise par 30 000 voitures parcourant les 67,5 kilomètres séparant Jérusalem de Tel Aviv. Ce chiffre couvre toute la durée de vie des produits en plastique, de la production à l’élimination des déchets dans les décharges.
De plus, l’organisation estime qu’un barbecue au charbon émet en moyenne 15 kilos de dioxyde de carbone (alors qu’un barbecue au gaz en émet seulement 5) et que le coût d’un kilo de bœuf en dioxyde est de 60 kilos, en additionnant les coûts de transports, de nourriture et d’abattage.
Adam Teva V’Din a prédit l’accumulation de 22 tonnes de déchets plastiques sur les aires de pic-nic du KKL.
De son côté, Greenpeace Israël a fustigé l’attitude « archaïque et désobligeante » dont fait preuve le ministère de l’Agriculture à l’égard de la protection de l’Environnement, de la santé publique et du bien-être animal dans un communiqué émis lundi au sujet de l’augmentation de la consommation de viande bovine et des réductions dans le prix de la viande dans les jours qui ont précédé Yom HaAtsmaout l’an dernier.
« La viande bon marché coûte cher à la planète et à notre santé », a déploré l’organisation dans un communiqué.
Le ministère a rapporté que lors des festivités de l’an dernier, qui se sont déroulées dans l’ombre de la Covid-19, les Israéliens avaient acheté trois fois plus de viande qu’en temps normal, pour Yom HaAtsmaout, plutôt que quatre fois plus, comme c’est généralement le cas durant cette période.
Malgré la pandémie et ses retombées économiques, l’année 2020 a été marquée par une hausse de 7 % de consommation de viande bovine par rapport à 2019, et l’unité de recherche du ministère a constaté que la consommation de bœuf par habitant était de 18 kilogrammes pour l’année.
La plupart de la viande bovine fraîche provient d’expéditions de veaux vivants vers Israël pour l’engraissement et l’abattage.
Les chiffres du ministère montrent que 66 137 têtes de bétail ont été importées en Israël au cours du premier trimestre cette année, soit près du double du nombre (39 130) expédié au cours de la même période l’année dernière.
Selon le ministère, l’importation de viande bovine fraîche est également en hausse, conformément aux politiques gouvernementales visant à augmenter les quotas, qui ont atteint 18 300 tonnes en 2019. L’importation de viande fraîche est tombée à 15 500 en 2020 parce que les hôtels et les restaurants, fermés pour cause de coronavirus, n’ont pas passé commande.
D’autre part, la décision du ministère de prolonger la durée de conservation de la viande fraîche signifie que des pays comme les États-Unis et le Brésil peuvent désormais exporter vers Israël, alors qu’auparavant, ils étaient limités à un transport aérien coûteux, selon le communiqué. L’importation de viande surgelée a diminué, selon le ministère qui n’a toutefois pas fourni de chiffres.
Israël est champion du monde de consommation de poulet par habitant et quatrième en consommation de viande bovine, après les Etats-Unis, l’Argentine et le Brésil, selon Greenpeace. Entre 2015 et 2019, la consommation de viande bovine par habitant avait augmenté de 24 %. Il s’agissait de l’augmentation la plus importante au sein de l’OCDE.
« Le bétail cause d’énormes dommages à la planète et est responsable, entre autres, d’environ 14 à 18 % des émissions de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement accéléré de la planète », a déclaré Greenpeace. « Pour mettre fin à la crise climatique, une réduction drastique de la consommation de viande est nécessaire. »
Greenpeace a affirmé que l’augmentation de la consommation de bœuf en Israël ces dernières années correspondait principalement à de la viande décongelée provenant d’Amérique du Sud, dans des zones où les forêts ont été coupées et brûlées pour être transformées en pâturages pour le bétail.
L’organisation a également critiqué le ministère de l’Agriculture qui a souligné que le prix des saucisses congelées avait baissé de 14 % l’an dernier avant Yom HaAtsmaout, « alors que l’Organisation mondiale de la Santé avait émis des données claires établissant un lien entre la viande rouge, la viande transformée et le cancer. De quoi le ministère de l’Agriculture veut-il encore s’enorgueillir ? D’importer du tabac pour réduire le coût de la cigarette ? »
Selon Adam TevaV’Din, Israël est le deuxième plus grand consommateur de plastique au monde. L’organisation a déclaré qu’elle introduirait un projet de loi à la Knesset entrante pour interdire ce qui, selon eux, « pollue dès lors que c’est fabriqué. Cela pollue les sols, crée d’importantes quantités de gaz à effet de serre. Pour quelques minutes d’utilisation, l’espace public entier est contaminé ».
Quelques municipalités, notamment la Haute-Galilée et Eilat, ont émis des arrêtés interdisant l’utilisation de vaisselle jetable en plastique dans l’espace public.
Les fonctionnaires du ministère de la Justice avaient précédemment fait marche arrière sur leur position précédente, à savoir que le plastique à usage unique était largement utilisé et faisait partie d’un consensus, et ne devait donc pas être interdit.
Un sondage réalisé en 2019 par l’Institut israélien pour la démocratie a révélé que 58 % des Israéliens étaient favorables à une législation visant à interdire les articles en plastique jetables.