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Yom HaAtsmaout : « Ramassez vos déchets », supplient les responsables des parcs

Pour un seul espace vert du centre du pays, les employés ont besoin d'au moins huit bennes à ordures pour nettoyer les déchets après Yom HaAtsmaout

Barbecue israélien lors des célébrations du 69e anniversaire de l'indépendance par Israël à Jérusalem, le 2 mai 2017. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)
Barbecue israélien lors des célébrations du 69e anniversaire de l'indépendance par Israël à Jérusalem, le 2 mai 2017. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

Chaque fête en Israël a une odeur bien à elle – boules de matzah à Pessah, latkes frits et beignets à Hanoukka et autres feux allumés à l’occasion de Lag BOmer.

C’est également le cas à Yom HaAtsmaout, lorsque les familles affluent en masse dans les parcs du pays, d’Eilat à Metullah, pour y allumer leur barbecue – remplissant l’air de la senteur particulière de la viande qui grésille.

Nitai Zecharya, en charge des forêts dans les parcs de Ben Shemen et du Canada, situés dans le centre du pays, pour le KKL-JNF (Keren Kayemet L’Yisrael/Jewish National Fund), adore observer les familles batifoler sous les grands pins alors que la fumée des barbecues s’élève dans le ciel, entre les troncs.

En revanche, il n’apprécie pas du tout de devoir faire appel aux huit ou neuf bennes à ordures remplies à ras-bord qui sont nécessaires pour nettoyer la véritable montagne d’assiettes en plastique, d’ustensiles et de détritus abandonnés pendant cette seule journée dans le parc de Ben Shemen.

Ce dernier, situé à équidistance entre Jérusalem et Tel Aviv, est particulièrement prisé en raison de sa localisation.

« Lors de Yom HaAtsmaout, il y a plus de 100 000 personnes dans le parc », explique Zecharya. « C’est donc la quantité de déchets produite par une ville. Et ce ne sont pas des gens qui mangent des sushis : ils préparent des barbecues. On se retrouve ainsi avec la quantité de déchets qui serait produite par toute une ville, mais lors d’une journée où il y en aurait particulièrement beaucoup ».

Alors que la plus grande partie du pays est en congé ce jour-là, pour Zecharya et ses employés, Yom HaAtsmaout est l’une des journées de travail les plus chargées de l’année.

« Ce jour-là, tous nos employés sont présents, c’est comme une opération militaire », s’amuse Zecharya. « Dans chaque zone, nous avons une équipe assignée dotée d’un camion qui distribue des sacs poubelles et un prospectus expliquant les démarches à suivre ».

Les ordures retrouvées par Nitai Zecharya, chargé des forêts au KKL-JNF, au parc Ben Shemen dans le centre d’Israël, le 30 avril 2019. (Autorisation : Nitai Zecharya)

Zecharya explique que le travail de ses employés pourrait être bien plus efficace et facile si toutes les familles voulaient bien jeter les déchets dans les poubelles prévues à cet usage ou, si ces dernières sont déjà pleines, de les poser dans des sacs en plastique fermés à côté des conteneurs.

Les poubelles sont espacées au maximum de 70 mètres dans les aires de pique-nique du parc Ben Shemen, note-t-il.

Mais nombreux sont ceux qui rechignent à se donner le mal de disposer leurs ordures de manière appropriée, explique Zecharya.

« Beaucoup de gens pensent qu’ils peuvent mettre leurs déchets dans un sac et les laisser sur le parking ou ailleurs. Ils pensent avoir fait comme ça leur part du travail », déplore-t-il.

« La nuit, les animaux viennent, ils sentent l’odeur de la nourriture et déchirent les sacs. Ça peut être terrible », ajoute-t-il. « Il s’agit seulement d’aller quelques dizaines de mètres plus loin pour poser les sacs dans le conteneur à ordures. Mais les gens ne le font pas, et c’est à nous de passer des heures entières à nettoyer le périmètre ».

« C’est très israélien – cette idée que quelque chose a été de la nourriture quelques minutes auparavant, mais que ce n’est plus le cas et que maintenant, c’est quelqu’un d’autre qui devra s’en occuper », note Zecharya.

« A Yom HaAtsmaout, on ne peut pourtant pas aller partout. On fait de notre mieux pour distribuer des sacs poubelle, mais on ne peut pas être partout. Il y a une limite à la quantité de déchets qu’on sera en mesure de récupérer en une journée », dit-il.

Des piles d’ordures devant un panneau demandant d’éviter les dépôts sauvages (Autorisation : Yael Argov)

Zecharya explique que le parc tente de limiter la quantité d’ordures produites en déplaçant les espaces de stationnement, en les mettant un peu plus loin que les aires de pique-nique. Ce qui signifie qu’il faudra réfléchir à deux fois à tout ce qui sera amené sur place, parce qu’il faudra tout transporter à pied.

Lorsqu’il est possible de se rendre en voiture sur les zones de pique-nique, les résultats en termes de gestion des déchets sont désastreux, dit-il.

Le parc JNF/KKL dispose également de camions mobiles de ramassage des ordures qui tentent de gérer la question des déchets pendant toute la journée, ainsi que des employés qui se rendent auprès des familles pour leur rappeler de récupérer leurs ordures et de les jeter à la poubelle.

Zecharya indique ne pas avoir remarqué beaucoup de changement en termes de quantités de détritus au fil des années, malgré la sensibilisation du public et le travail des groupes de défense de l’environnement.

« Par tête, c’est resté à peu-près la même chose », précise-t-il. « Mais parce qu’il y a de plus en plus de gens, avec le même pourcentage de personnes qui laissent des ordures derrière elles, il est clair qu’il y en a davantage ».

Cette semaine, le bureau central des statistiques a annoncé que la population israélienne avait franchi la barre des neuf millions pour la toute première fois.

Le Conseil pour un bel Israël recommande d’amener des ustensiles réutilisables plutôt que jetables pendant les pique-niques de Yom HaAtsmaout pour réduire les déchets.

Il prône également la prise en charge individuelle des ordures, demandant qu’elles soient ramenées dans les foyers où les matériaux recyclables pourront être triés : bouteilles en plastique, compost…

Des Israéliens autour d’un barbecue à l’occasion de la fête de Yom HaAtsmaout au parc Sacher de Jérusalem, le 2 mai 2016 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

L’organisation de défense de l’environnement Zalul note que l’Etat juif est deuxième au classement des plus grands consommateurs d’assiettes et de couverts en plastique dans le monde.

Ainsi, le pays utilise environ 4,5 milliards d’assiettes et de couverts jetables dans le monde, selon Maya Jacobs, directrice-générale de Zalul. Cette quantité place le pays derrière les Etats-Unis, dont la population est 36 fois plus importante que celle en Israël.

La baisse de l’utilisation des assiettes et couverts en plastique est l’un des meilleurs moyens de réduire les quantités de détritus générés lors de Yom HaAtsmaout.

Le Conseil pour un bel Israël encourage également les citoyens à s’assurer que les barbecues sont bien surveillés, en vérifiant notamment qu’il y a un endroit permettant de disposer le charbon brûlant à la fin du repas.

Les feux, à même le sol, ne sont pas permis dans les parcs israéliens, parce qu’ils peuvent incendier et détruire les racines peu profondes des arbres, explique Zecharya. Les seuls barbecues autorisés sont ceux qui sont placés au-dessus du sol d’au moins quelques centimètres, ou des réchauds à gaz.

L’Autorité de la nature et des parcs partage ce sentiment, rappelant aux Israéliens de ne pas faire brûler de serviettes ou de papier toilette pour « nettoyer » le secteur.

« Des années d’expérience nous ont appris que la majorité des incendies dans les espaces au grand air sont le résultat de l’action humaine, en général par manque de prudence, par manque d’attention ou en raison d’une mauvaise compréhension des dangers », commente le porte-parole de l’Autorité, Yaniv Cohen.

Il souligne par ailleurs que les feux et barbecues ne sont autorisés que dans des zones signalées. « S’il n’y a pas un panneau indiquant clairement que les feux sont permis, alors c’est qu’ils ne le sont pas », rappelle-t-il.

Les ordures retrouvées par Nitai Zecharya, chargé des forêts au KKL-JNF, au parc Ben Shemen dans le centre d’Israël, le 30 avril 2019. (Autorisation : Nitai Zecharya)

Zecharya prend le temps d’expliquer que les ordures laissées par les gens dans les parcs créent des dommages qui perdurent toute l’année.

« Nous devons vraiment expliquer la différence entre les ordures qui se trouvent dans les conteneurs, et que nous emmènerons, et les ordures qui sont jetées sur le site tout entier et qui nécessitent des heures de nettoyage de notre part », dit-il.

« Nous devons véritablement essayer d’expliquer que si nous gaspillons l’argent que nous avons pour ces nettoyages, c’est un argent dont nous ne disposerons pas pour autre chose ».

Zecharya précise qu’un quart de son budget est consacré à la prise en charge des déchets.

« Bien sûr, nous disposerons toujours d’un budget pour ça – mais cet argent pourrait plutôt servir aux pistes cyclables, aux sentiers de randonnée, au soin des arbres ou à l’installation de fontaines à eau », dit-il.

Mais le plus grave, continue Zecharya, est l’impact que ces détritus ont sur les animaux, qui déchirent les sacs qui n’ont pas pu être ramassés par les employés du parc pendant la journée.

« Dans tout le parc de Ben Shemen, à chaque fois que vous apercevez les déjections d’un animal, il y a toujours des bouts de sac plastique dedans. Ils ne peuvent pas manger sans avaler aussi du plastique. Et le plastique ne devrait en aucun cas figurer au menu d’un animal ».

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