Le premier indice boursier israélien sans énergies fossiles se veut écologique
Les écologistes espèrent que le nouvel indice excluant les sociétés pétrolières et gazières du TA-125 aidera les investisseurs à agir contre le changement climatique
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
La Bourse de Tel Aviv a lancé dimanche un indice sans combustible fossile, dans une démarche qui, espèrent les organisations écologistes, permettra aux investisseurs institutionnels de se sevrer plus facilement de certaines des compagnies pétrolières et gazières qui contribuent au réchauffement climatique.
Le lancement du TA-125 Fossil Free Index marque le premier indice de capitalisation boursière sur la principale bourse d’Israël qui est conçu pour exclure les entreprises pétrolières et gazières.
Le mois dernier, la bourse basée à Ramat Gan a lancé un indice sectoriel des technologies propres, qui offre également une opportunité à ceux qui souhaitent investir dans des entreprises vertes. Ceux qui souhaitent investir dans les combustibles fossiles ont la possibilité de choisir des indices tels que l’indice dédié au pétrole et au gaz, [TA Oil & Gas] qui fonctionne depuis 2011.
L’indice Fossil Free regroupe 112 des plus grandes entreprises de tous les secteurs cotées en bourse sur l’indice TA-125 (qui compte actuellement 128 entreprises), moins 16 entreprises impliquées dans l’exploration pétrolière et gazière, les centrales électriques à combustibles fossiles ou les raffineries de pétrole.
C’est l’idée du Clean Money Forum, créé au début de l’année pour traiter des aspects financiers de la crise climatique, sous l’égide de Life and Environment, l’organisation qui chapeaute les organisations écologiques à but non lucratif du pays.
Selon le contrat qu’elle a signé avec la bourse, c’est à Life and Environment qu’il incombe de décider quelles entreprises doivent être exclues.
Roy Mimran, de l’Israel Forum for Pension Savings, membre du Clean Money Forum, a expliqué que l’idée était née en août à l’issue de discussions sur la manière d’encourager les investisseurs institutionnels tels que les banques, les fonds d’investissement et les fonds de pension à investir l’argent du public de manière à ne pas aggraver le changement climatique et la qualité de vie sur la planète.
Certains de ces grands investisseurs aiment acheter dans des indices généraux, qui fournissent un éventail de sociétés, plutôt que d’entrer dans le détail de chaque domaine individuel, a-t-il dit.
L’arrivée quelque peu tardive des investissements écologiques en Israël va commencer à harmoniser le pays avec une tendance croissante dans le monde développé.
Des sociétés telles que Standard & Poor’s et MSCI Inc. utilisent déjà des indices sans énergie fossile, tandis que les grandes banques, les fonds de pension et les compagnies d’assurance étrangers sont de plus en plus nombreux à annoncer leur désinvestissement des énergies fossiles, utilisant le pouvoir de la finance pour aider à réduire les émissions de dioxyde de carbone et de méthane, principaux moteurs du changement climatique.
L’indice israélien exempt d’énergie fossile est un premier coup de semonce. Il exclut les acteurs les plus évidents dans le domaine tels que Delek et Ratio, qui sont investis dans les champs de gaz naturel d’Israël.
Les choses sont moins claires en ce qui concerne les sociétés d’investissement figurant sur la liste, dont certaines peuvent investir dans le pétrole et le gaz.
Alors que Migdal, qui s’occupe d’assurances, de retraites et d’épargne, a annoncé le mois dernier son intention d’intégrer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans toutes ses décisions d’investissement, et que la société d’investissement Altschuler Shaham a presque cessé d’investir dans les énergies fossiles (et gère un Fonds vert depuis quelques années), la situation est plus floue avec certains autres noms de la liste des entreprises sans énergies fossiles.
« Nous ne pouvons pas tout corriger en une seule fois », a déclaré M. Mimran, faisant remarquer que de grandes entreprises telles que Menorah, Clal et Phoenix – qui a été vendue par la société pétrolière et gazière Delek Group il y a un an – n’avaient pas répondu aux demandes d’informations sur leurs stratégies d’investissement.
« Dans un premier temps, nous devons faire en sorte que toutes les sociétés d’investissement proposent ce nouvel indice », a-t-il déclaré au Times of Israel, ajoutant que Life and Environment prévoyait de publier un classement écologique des sociétés d’investissement dans les semaines à venir.
Mimran, un militant écologiste de longue date, a créé le Israel Forum for Pension Savings il y a dix ans. Au lendemain de la crise financière mondiale de 2008, qui a durement touché l’épargne retraite, il a remarqué que, contrairement aux banques, aux compagnies d’assurance et aux grands syndicats de travailleurs, les personnes à la retraite n’étaient ni regroupées ni représentées.
Il a également réalisé que « même si je gagnais plus [en investissant dans des entreprises de production d’énergie fossile], que cela vaudrait-il ? Je vivrai dans un monde plus chaud, avec moins d’eau disponible… Quel monde vais-je laisser à mes enfants et petits-enfants ? Nos fonds de pension devraient travailler pour nous, et non contre nous ».
Dans une interview accordée dimanche au quotidien économique Calcalist, Mark Haefele, directeur des investissements chez UBS Global Wealth Management, a déclaré que la performance des investissements durables ou verts durant la pandémie était identique aux investissements conventionnels, les dépassant parfois, dans une tendance qui devrait s’accentuer. Les actions du pétrole et du gaz ont été durement touchées pendant la pandémie, et si d’autres secteurs ont rebondi, celui-ci est resté dans le caniveau.
« Si les investissements traditionnels peuvent encore convenir à tout le monde, l’UBS estime qu’un portefeuille d’investissement durable peut offrir des rendements similaires ou supérieurs aux portefeuilles d’investissement traditionnels, et permet d’avoir un portefeuille d’investissement plus diversifié », a-t-il déclaré.
Le gouvernement israélien et le ministère de l’Energie prévoient toujours de faire dépendre le pays en grande partie du gaz naturel, qui émet du méthane lié au réchauffement climatique, après les importantes découvertes de gaz au large des côtes méditerranéennes du pays.
Mais le coût des énergies renouvelables étant désormais inférieur à celui des énergies fossiles, et la pression publique augmentant, le ministre de l’Energie Yuval Steinitz a augmenté l’objectif pour les énergies renouvelables de 17 à 30 % d’ici 2030 – une mesure encore critiquée comme insuffisante par le ministère de la Protection de l’environnement et les organisations écologiques.