Le professeur de Cornell, ayant fait l’éloge du 7 octobre, autorisé à reprendre son poste
La décision marque une volte-face par rapport à la réprimande initiale de l'université et fait suite au départ de la doyenne ; la représentante de l'État de New York est écœurée de cette décision
L’Université Cornell a autorisé un professeur qui avait qualifié « d’exaltant » le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël à reprendre ses cours, s’attirant ainsi des critiques pour n’avoir pas abordé la question de l’antisémitisme sur son campus, a rapporté dimanche le New York Post.
Le professeur d’histoire Russell Rickford a déclenché une pluie de protestations en octobre après que ses déclarations lors d’un rassemblement anti-Israël sont apparus dans des vidéos diffusées en ligne, ce qui l’avait conduit à prendre une pause dans son enseignement, alors que des appels à son licenciement étaient lancés. Il a depuis présenté ses excuses.
L’université new-yorkaise d’élite a confirmé au New York Post que les déclarations du professeur ayant été faites « en tant que citoyen privé pendant son temps libre », il a été décidé de ne pas lui interdire d’enseigner.
Rickford a fait ses premiers commentaires lors d’un rassemblement anti-Israël organisé le 15 octobre sur le campus d’Ithaca, dans l’État de New York, alors que l’ampleur des atrocités commises par le Hamas était déjà apparue clairement.
Debout devant des banderoles affirmant que l’anti-sionisme n’est pas de l’antisémitisme, il avait annoncé que « le Hamas a remis en cause le monopole de la violence » et « modifié l’équilibre du pouvoir », ajoutant : « C’était exaltant, c’était énergisant. »
Il s’est ensuite excusé « pour le choix horrible de ses mots », soulignant son opposition à l’antisémitisme et à la violence, et a pris un « congé volontaire » qui a duré jusqu’au début du semestre d’automne, la semaine dernière, selon le New York Post.
Rickford devait enseigner deux cours intitulés « Visions afro-américaines de l’Afrique » et « Socialisme en Amérique » au cours du semestre d’automne, selon le site web du département d’histoire de l’université.
La décision de l’autoriser à revenir après sa période d’interruption semble marquer un revirement par rapport à la réaction initiale de l’université.
Dans une déclaration publiée en octobre, la présidente de l’époque, Martha E. Pollack, s’était désolidarisée, ainsi que l’université, de ce « commentaire répréhensible qui ne témoigne d’aucune considération pour l’humanité ».
Plus tard, Pollack a elle-même démissionné de son poste, invoquant les « défis énormes et inattendus » posés par la guerre menée contre le Hamas à Gaza et les actes antisémites et islamophobes.
Cornell est l’un des nombreux campus américains où des étudiants anti-Israël ont organisé des manifestations dans des campements au cours de l’année universitaire écoulée. L’établissement a suspendu plusieurs des étudiants/manifestants.
La communauté juive du campus a également été secouée par des menaces à l’encontre des Juifs publiées en ligne par un ancien étudiant peu après le début de la guerre d’Israël contre le Hamas, ce qui avait entraîné un renforcement de la protection policière.
Le retour de Rickford a suscité de vives critiques, notamment de la part de la représentante de l’État de New York, Claudia Tenney, qui s’est déclarée « profondément dégoûtée » par le fait que le professeur soit à nouveau autorisé à « façonner et influencer de jeunes esprits », dans une lettre adressée au président intérimaire de Cornell, Michael Kotlikoff, consultée par le New York Post.
La gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, qui siège au conseil d’administration de l’université en vertu de sa fonction, n’a pas condamné la décision de réintégrer le professeur, mais a réitéré sa condamnation de ses remarques passées.
Dans un courriel adressé au New York Post, son bureau a qualifié toute glorification des massacres du 7 octobre de « scandaleuse et inacceptable » et a invoqué ses récents efforts « pour protéger les étudiants contre le harcèlement et la violence antisémites ».
Cette décision s’inscrit dans le contexte d’une montée en flèche de l’antisémitisme aux États-Unis à la suite de la guerre déclenchée par le pogrom du 7 octobre, qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes et lors duquel 251 autres ont été enlevées et emmenées de force dans la bande de Gaza .
Une enquête menée début janvier par l’Anti-Defamation League (ADL) a révélé que près d’un quart des Américains ont des convictions antisémites, avec un renversement de tendance inquiétant montrant que les jeunes générations sont plus susceptibles de croire aux clichés antisémites que les générations précédentes.