Le Qatar confirme le départ des chefs du Hamas, mais la mission à Doha pourrait rester
Un porte-parole qatari souligne que le bureau politique du Hamas est inutile sans médiation, mais aucune décision n’a été prise quant à sa fermeture définitive
Une antenne du Hamas basée dans la capitale qatarie est toujours ouverte, mais les négociateurs du groupe terroriste palestinien ne se trouvent plus dans le pays, a confirmé mardi le Qatar, précisant que cette décision pourrait encore être renversée.
Dimanche, un diplomate arabe s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a confié au Times of Israel que des membres importants de la branche politique du Hamas avaient quitté le Qatar pour la Turquie, probablement sous la pression des États-Unis, qui exhortent Doha à cesser d’héberger les dirigeants du groupe.
Mardi, Majed Al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, a déclaré que « les dirigeants du Hamas faisant partie de l’équipe de négociation ne se trouvent plus à Doha ».
Cette déclaration intervient après que l’administration Biden, frustrée par le rejet des propositions d’accord sur les otages, a exigé, le 8 novembre, que le Qatar expulse les dirigeants du Hamas.
Le Qatar a, par la suite, confirmé avoir demandé le départ des dirigeants du groupe, mais a pris cette décision de manière autonome, en raison de son irritation face au refus des deux parties de s’engager de manière constructive dans des négociations. Il a par ailleurs ajouté que cette décision était réversible, insistant sur le fait qu’il ne serait disposé à reprendre son rôle de médiateur que si Israël et le Hamas modifiaient leur approche des pourparlers.
Il a également indiqué que la mission du Hamas au Qatar, ouverte en 2012, pourrait rester ouverte à l’avenir.
Lors d’une conférence de presse, Al-Ansari a expliqué que le bureau politique du Hamas à Doha n’avait pas été fermé définitivement. « Si une telle décision devait être prise, elle sera annoncée par le Qatar et par personne d’autre », a-t-il ajouté, une remarque adressée de toute évidence aux responsables de l’administration Biden, qui avaient annoncé cette mesure le 8 novembre dernier.
Le Qatar, tout comme les États-Unis et l’Égypte, a mené pendant des mois des négociations infructueuses pour instaurer une trêve dans la guerre de Gaza, mais l’État du Golfe a déclaré au début du mois qu’il mettait un terme à ses efforts de médiation.
« Le processus de médiation est actuellement suspendu, à moins que nous ne décidions de revenir sur cette décision, qui dépend des positions des deux parties », a affirmé Al-Ansari mardi.
« Le bureau du Hamas à Doha a été créé dans le cadre du processus de médiation. Sans médiation, il est évident que ce bureau n’a aucune raison d’exister », a-t-il ajouté, tout en refusant de confirmer si le Qatar avait demandé aux responsables du Hamas de quitter les lieux, comme l’ont rapporté certaines sources.
De son côté, un haut responsable du Hamas a affirmé lundi à l’AFP que
« personne ne nous a demandé de partir ». Il a également nié les informations selon lesquelles des membres s’étaient réinstallés en Turquie, précisant que plusieurs responsables y ont des familles et y séjournent fréquemment, selon un diplomate arabe.
« Des dirigeants de différents niveaux de l’échelon politique du Hamas effectuent de temps à autre des visites coordonnées en Turquie », a ajouté ce responsable du Hamas.
La Turquie a confirmé lundi que les principaux dirigeants étrangers du Hamas se trouvaient à Ankara, mais elle a insisté qu’aucun bureau ne leur avait été accordé, afin d’éviter, semblerait-il, les foudres de l’administration Biden. Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a néanmoins mis en garde la Turquie contre tout soutien ou hébergement de membres du Hamas.
De son côté, Israël a intensifié ses échanges avec des responsables turcs afin de relancer les négociations sur les otages. Le chef du Shin Bet, Ronen Bar, s’est rendu à Ankara ce week-end pour rencontrer son homologue turc à ce sujet, selon le diplomate arabe.