L’envoyé de Trump dit qu’il y aura « forcément » une seconde phase au cessez-le-feu
Selon Steve Witkoff, le président américain "veut voir" la prochaine phase ; pressée par les États-Unis, la délégation israélienne part négocier au Caire, mais sans mandat pour la deuxième phase

L’envoyé du président américain Donald Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a déclaré dimanche que, malgré les difficultés rencontrées par les négociations au sujet de la poursuite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, la deuxième étape de l’accord sur les otages « va vraiment se faire », ajoutant que le président « tient à la voir ».
Devant les caméras de Fox News, Witkoff a indiqué avoir eu des échanges téléphoniques « très productifs et constructifs », ce dimanche, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le Premier ministre qatari Mohammed Al Thani et le chef des services de renseignement égyptiens, Hassan Rashad, au cours desquels les responsables ont évoqué « le calendrier de la deuxième phase, les positionnements des parties pour voir où nous en sommes, et les pourparlers qui vont se poursuivre cette semaine », au Caire ou à Doha.
Il a ajouté que la deuxième phase était « un peu plus complexe et difficile en ce qui concerne le rapprochement des deux parties », mais que les pourparlers sur la deuxième phase se tiendraient dans un « lieu à déterminer ».
La deuxième phase porte sur la fin de la guerre, a-t-il indiqué, « mais aussi sur le fait que le Hamas n’aura plus de rôle au sein du gouvernement et qu’il quittera Gaza. Il nous faut donc concilier ces deux choses. »
L’accord ne dit pas en lui-même que le Hamas ne sera plus au pouvoir à la fin de la deuxième phase, mais les administrations Biden et Trump, tout comme Israël, n’envisagent rien d’autre.
« Mais la phase deux va vraiment se faire », a ajouté Witkoff.
Steve Witkoff, enviado especial de ????????Estados Unidos a Oriente Medio desmiente al presidente de ????????Ucrania, Zelensky. pic.twitter.com/7EPZ9bSBGO
— Ada Jitza Cortés ???????????????? (@ajitza) February 16, 2025
Witkoff a également déclaré lors de cette interview télévisée en direct que la deuxième phase passait aussi par la libération de 19 soldats de Tsahal. « Nous pensons qu’ils sont tous en vie », a-t-il ajouté. Parmi eux, Edan Alexander, le dernier ressortissant américain encore aux mains du Hamas.
Israël ne pense pas qu’il y ait 19 soldats israéliens vivants retenus en captivité à Gaza. À l’heure actuelle, moins de 10 soldats de Tsahal en service actif seraient retenus, en vie, dans la bande de Gaza, ainsi qu’un certain nombre de dépouilles de soldats. Pour le Hamas, tous les Israéliens adultes de sexe masculin sont des soldats de Tsahal et il est difficile de dire dans quelle mesure Witkoff a fait référence à cette manière d’appréhender les choses.
Cinquante-neuf otages sont exclus de la première étape du cessez-le-feu – dont 35, dont Israël a annoncé qu’ils étaient décédés.
Le journaliste d’Axios, Barak Ravid, a ensuite écrit sur X que Witkoff lui aurait confié que « la grande majorité des 19 jeunes hommes que le Hamas retient en otage et qui font partie de la phase 2 de l’accord avec Gaza sont des civils enlevés à leur domicile », et qu’en réalité « seulement trois ou quatre d’entre eux sont des soldats ».
En réalité, la majorité des jeunes hommes vivants toujours entre les mains du Hamas ont été enlevés au festival de musique électronique Nova.
Lors d’un événement organisé à Miami en mémoire des 500 jours qui se sont écoulés depuis le massacre de Nova, M. Witkoff a déclaré : « Je promets que nous n’abandonnerons personne ».
Steve Witkoff, Special Envoy to the Middle East, at a ceremony marking 500 days to October 7 in Miami: "We are not leaving anybody behind." pic.twitter.com/nsLtR7CcLx
— Open Source Intel (@Osint613) February 17, 2025
Dimanche toujours, Witkoff a déclaré à la chaîne N12 que Trump tenait à « voir la deuxième phase si cela permettait de faire libérer des otages et de sauver des vies, et de mener à la paix ».
« C’est tout l’objet de son programme politique », a ajouté Witkoff. « La paix par la force. »
Witkoff a déclaré que « le Hamas avait menacé, la semaine dernière, de ne libérer aucun otage et regardez! Ils ont fait marche arrière et ils en ont libéré ». Il a ajouté que « nous sommes reconnaissants que trois personnes soient sorties vivantes hier. Espérons que les libérations d’otages se poursuivront ce week-end. »

Interrogé sur le projet très controversé de Trump qui veut prendre le contrôle de Gaza, Witkoff a déclaré qu’on lui reprochait, en fait, de faire des « propositions novatrices et originales ».
« Mais cela a aussi beaucoup fait parler », a-t-il poursuivi. « Désormais, les Égyptiens disent que nous avons un projet, les Jordaniens, pareil, et les gens ont à ce sujet des discussions vraiment importantes et convaincantes. »
L’Égypte et la Jordanie n’ont pas encore présenté de projet, mais Le Caire a indiqué réfléchir à un projet de gestion de Gaza après la guerre qui permettrait aux Palestiniens de rester sur place.
L’objectif de Trump est de déterminer à quel endroit la population de Gaza, qui compte environ deux millions d’habitants, pourrait être déplacée, a expliqué Witkoff : « Les réponses évidentes sont, pour certains, l’Égypte, pour d’autres, la Jordanie, sans oublier tous ces pays qui nous ont appelés et qui nous ont spontanément dit : « Nous voulons participer à cette action humanitaire’. C’est très louable de leur part. » Il n’a pas précisé quels pays avaient proposé de participer à la réinstallation des Gazaouis.

Trump lui-même a déclaré dimanche avoir dit à Netanyahu : « Faites ce que vous voulez » en ce qui concerne l’accord de cessez-le-feu, accord qui a ouvert la porte à la libération des otages.
Avant de monter à bord d’Air Force One, Trump a été interrogé par des journalistes à propos de la date butoir de samedi, spontanément imposée la semaine dernière au Hamas pour qu’il remette en liberté jusqu’au dernier des otages. Le non-respect de cette échéance, par le groupe terroriste, n’a eu aucune conséquence particulière.
Trump a, pour la première fois, clairement dit avoir proféré cette menace parce que le Hamas avait déclaré qu’il ne libérerait pas les trois otages prévus samedi, conformément à l’accord. Ces derniers jours, des membres des autorités américaines ont laissé entendre que c’était la menace de Trump qui avait amené le Hamas à revenir sur ses propres menaces de ne pas libérer d’otages.
Mais la menace de Trump était contraire aux termes de l’accord, qui stipulait seulement que le Hamas devait libérer trois otages samedi dernier, pas tous.
S’agissant des prochaines étapes de l’accord sur les otages, Trump a déclaré : « Ce sera à Israël de jouer… en me consultant. »
Netanyahu : Le projet de Trump pour Gaza est le seul viable
S’exprimant lors de la Conférence des présidents à Jérusalem dimanche, Netanyahu a déclaré que sa rencontre avec Trump en début de mois, à la Maison Blanche, avait été « l’une des réunions les plus importantes » entre un Premier ministre israélien et un président américain.
« Nous sommes en train de remodeler le Moyen-Orient », a-t-il déclaré.
L’armée israélienne a « décimé une grande partie du Hamas », a affirmé Netanyahu en ajoutant : « Le travail n’est pas encore fini, mais il le sera. Israël va détruire le Hamas en tant que force militaire. »
Le Premier ministre a également de nouveau dit tout le bien qu’il pensait du projet de Trump pour Gaza et de la migration de son peuple – un projet qu’il a qualifié de « nouvelle vision audacieuse » pour l’avenir de Gaza, suggérant que les Palestiniens devaient avoir la possibilité de quitter la bande de Gaza s’ils le souhaitent.
« Il ne s’agit ni d’une expulsion ni d’un nettoyage ethnique », a-t-il assuré « mais d’un choix pour ceux qui veulent un avenir différent. »
Qualifiant le projet de « parfaitement adapté aux circonstances », il a ajouté que c’était « le seul projet viable, selon moi ».

Netanyahu a conclu son discours en vantant la force d’Israël après 16 mois de combats : « Aujourd’hui, tout le monde reconnaît la force d’Israël. L’alliance américano-israélienne est plus forte que jamais et le peuple juif, plus résilient que jamais. »
Une délégation envoyée au Caire pour négocier, mais pas la deuxième phase
Dimanche toujours, le Premier ministre a demandé à son équipe de négociateurs de se rendre au Caire, lundi, pour des pourparlers sur la poursuite de la première phase de l’accord conclu avec le Hamas, a annoncé son cabinet, en indiquant que la décision avait été prise « en coordination » avec Witkoff, lors de son entretien avec Netanyahu dimanche, et que les négociations sur la deuxième phase de l’accord commenceraient à l’issue de la réunion du cabinet de sécurité, ce lundi.

Selon les informations de la chaîne N12, la délégation part avec un mandat « très limité » et elle n’a pas reçu l’autorisation de discuter de la poursuite de l’accord dans ses deuxième et troisième phases, malgré les demandes des chefs des services de sécurité. Selon ces mêmes informations, ni le chef du Mossad, David Barnea, ni le chef du Shin Bet, Ronen Bar, ne font partie de cette délégation.
Dimanche soir toujours, Netanyahu a démenti les informations de la chaine N12 selon lesquelles il n’avait autorisé le départ de la délégation au Caire qu’après que le Secrétaire d’État américain, Marco Rubio, qui a rencontré le Premier ministre à Jérusalem dimanche, lui a dit qu’il était « inenvisageable » de refuser d’envoyer une délégation.
« Les discussions sur la deuxième phase portent sur le ‘jour d’après’, » a assuré le cabinet du Premier ministre, ce qui sera géré par la hiérarchie politique. »

Après s’être entretenu avec Netanyahu, Rubio s’est assuré de faire passer le message au Hamas de façon à ce qu’il respecte sa part de l’accord, appelant « nos partenaires à aider à faire comprendre aux dirigeants du Hamas qu’ils jouent avec le feu ».
Lorsque le Hamas a menacé de ne pas libérer d’otages samedi dernier, en raison des « violations israéliennes » de l’accord, Trump a répondu en disant que le groupe terroriste devait libérer « tous » les otages – sous peine de voir « les portes de l’enfer » s’ouvrir sur Gaza.
Suite à d’intenses interventions des pays médiateurs dans le but de résoudre la crise, l’échange d’otages et de prisonniers de samedi a eu lieu comme prévu, avec le retour en Israël de Sagui Dekel-Chen, Sasha Troufanov et Iair Horn après 498 jours de captivité à Gaza.
Sur les 251 otages enlevés le 7 octobre 2023, soixante-dix sont encore séquestrés à Gaza. Dix-neuf otages israéliens ont été libérés jusqu’à présent dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le mois dernier : quatre femmes civiles, cinq femmes soldats de Tsahal et 10 civils masculins. En outre, cinq otages thaïlandais ont été libérés en dehors du cadre de l’accord avec Israël.

Il est prévu que 14 nouveaux otages israéliens – dont huit sont morts selon le groupe terroriste – soient libérés, toujours dans le cadre la phase initiale de l’accord avec le Hamas.
Le groupe terroriste a libéré 105 civils lors de la trêve d’une semaine, fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérés un peu avant.
Huit otages vivants ont été secourus par des soldats et les corps de 40 d’entre eux ont été retrouvés – trois tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza, respectivement en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, lui aussi tué en 2014, a été retrouvé à Gaza en janvier dernier.