« Les chambres à gaz ne sont pas, n’ont jamais été et ne seront jamais un détail de l’histoire », dit le rabbin de Bordeaux
La synagogue de Bordeaux accueillait vendredi la commémoration annuelle de la rafle du 10 janvier 1944, dans un contexte d'explosion de l'antisémitisme en France
La grande synagogue de Bordeaux (Gironde) a accueilli dimanche 12 janvier les commémorations de la rafle du 10 janvier 1944, dans laquelle 462 personnes juives de la région bordelaise ont été arrêtées, parmi lesquelles 365 ont été enfermées dans cette même synagogue, transformée en prison de transit en attendant que les détenus soient envoyés à Drancy.
« Quelles étaient leurs fautes ? Ils étaient juifs », a martelé le rabbin de Bordeaux Moïse Taieb à cette occasion, comme le rapporte le journal local Sud Ouest.
Le rabbin a par ailleurs souligné « l’importance du devoir de mémoire » dans une France marquée par un inquiétant regain de l’antisémitisme depuis le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël. « Aucune victime, quel que soit son camp ou sa religion, ne doit être oubliée », a-t-il déclaré.
Concluant son discours en faisant une claire référence à la phrase antisémite la plus emblématique du fondateur du Front national Jean-Marie Le Pen, Moïse Taieb a tenu à rappeler que « les chambres à gaz ne sont pas, n’ont jamais été et ne seront jamais un détail de l’histoire ».
Le Pen, dont la carrière politique a été jalonnée de propos profondément antisémites et négationnistes, mais aussi racistes et homophobes, est mort le 7 janvier dernier.
La synagogue de Bordeaux avait été pillée par les nazis l’année précédent la rafle du 10 janvier 1944. Les nazis avaient notamment volé des rouleaux de la Torah, abîmé le grand chandelier et détruit l’orgue – qui vient d’être rénové à l’identique et réinstallé en décembre 2023.
Après cette rafle, des politiques et des résistants ont à nouveau été enfermés dans la synagogue en juillet 1944, avant d’être emmenés dans les camps.
Sur les 1 665 Juifs déportés dans l’un des dix convois Bordeaux-Drancy pendant l’occupation, très peu ont survécu.