Israël en guerre - Jour 477

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Les hôpitaux du nord d’Israël se préparent à une « troisième guerre du Liban »

Les directeurs de l'hôpital Ziv de Safed et de l'hôpital Galilée de Nahariya font des réserves, anticipant les pires scénarios, tout en coordonnant leurs futures réponses avec le Magen David Adom

Les équipes médicales attendent des blessés à l'entrée de l'hôpital Ziv de Safed après une attaque au drone contre le village druze de Hurfeish, dans le nord du pays, le 5 juin 2024. (Crédit : David Cohen/Flash90)
Les équipes médicales attendent des blessés à l'entrée de l'hôpital Ziv de Safed après une attaque au drone contre le village druze de Hurfeish, dans le nord du pays, le 5 juin 2024. (Crédit : David Cohen/Flash90)

NAHARIYA — Alors que le Hezbollah tire des roquettes et des drones en direction d’Israël quasi-quotidiennement depuis le 8 octobre, le personnel soignant qui travaille dans les deux hôpitaux les plus proches de la frontière nord ont d’ores et déjà l’impression d’être en état de siège.

Au cours des neuf derniers mois, les employés de l’hôpital Galilée de Nahariya et de l’hôpital Ziv, à Safed, soignent des soldats et des civils qui ont été blessés lors des frappes qui ont été commises par le groupe terroriste chiite, allié de l’Iran. Ils s’occupent de bébés, d’enfants, de femmes ; ils effectuent des interventions chirurgicales en toute urgence dans des pièces fortifiées ou dans des bunkers souterrains.

Le professeur Masad Barhoum, le directeur de l’hôpital Galilée, déclare tout de go que les deux établissements « sont en train de se préparer à la Troisième guerre du Liban ».

Barhoum et le professeur Salman Zarka, le directeur de l’hôpital Ziv, expliquent que les deux établissements hospitaliers sont « en état d’alerte accru ». Le personnel fait des réserves, qu’il s’agisse de produits alimentaires ou d’autres approvisionnements, au cas où les hôpitaux deviennent « des îlots isolés » dans le cadre d’un potentiel conflit – suite à des pannes en matière de communications ou d’infrastructures, d’attaques massives ou de destructions, par exemple.

Le Hezbollah a tiré des milliers de roquettes, de missiles et de drones en direction du nord d’Israël, expliquant que ces attaques visent à soutenir Gaza dans le contexte de la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas. La guerre avait commencé le 7 octobre quand les terroristes du Hamas – ils étaient environ 3 000 – avaient franchi la frontière séparant la bande de l’État juif et qu’ils avaient commis un pogrom dans le sud du pays. Ils avaient massacré près de 1 200 personnes et ils avaient enlevé 251 personnes, qui avaient été prise en otage au sein de l’enclave côtière, se livrant par ailleurs à des violences sexuelles à grande échelle et à des atrocités.

Jusqu’à présent, les hostilités, au nord du pays, ont entraîné la mort de douze civils du côté israélien ainsi que celle de 17 soldats et réservistes.

L’hôpital Galilée passe en mode souterrain

Dans les jours qui avaient suivi le 7 octobre, avant même que le ministère de la Santé et que le Commandement intérieur n’émettent des directives en direction des hôpitaux, les employés de l’hôpital Galilée, qui est situé à moins de dix kilomètres de la frontière, avaient commencé à transférer les bébés qui étaient pris en charge au sein de l’unité néonatale de soins intensifs dans la structure souterraine fortifiée du bâtiment.

« Nous sommes descendus ici avant même que les premières roquettes ne soient tirées depuis le Liban », explique la docteure Vered Fleisher Sheffer, à la tête du département néonatal. « Nous ne voulions prendre aucun risque avec des petits bébés ».

La docteure Vered Fleisher Sheffer, cheffe de l’unité unité de soins intensifs néonatale à l’hôpital Galilée. (Crédit : Diana Bletter/The Times of Israel)

Barhoum a ensuite donné pour instruction de transférer d’autres départements d’une importance primordiale – avec parmi eux les services chargés des dialyses, ou le département d’oncologie – à l’abri, dans la structure souterraine. D’autres encore, avec parmi eux les unités de chirurgie, de pédiatrie, de gynécologie, ont été déplacés à la fin du mois d’octobre.

Tous les départements sont dorénavant accueillis dans des pièces fortifiées et notamment l’unité de soins intensifs, les urgences et la maternité, qui sont installés dans les souterrains.

L’hôpital est doté d’environ 800 lits « hors période de guerre », commente une porte-parole de l’établissement, mais la majorité d’entre eux sont dorénavant vides.

Il y a 450 lits dans la structure souterraine. Le ministère de la Santé a donné pour instruction à l’administration de l’hôpital Galilée de conserver un taux d’occupation des lits de seulement 30 % « pour être prêt à tous les scénarios susceptibles de se produire sur la frontière nord », précise la porte-parole.

Jusqu’à présent, l’hôpital a soigné environ 1 500 blessés, des soldats en majorité.

Les conditions de travail, dans les souterrains, sont « très difficiles », confie Sheffer, la responsable de l’unité néonatale, au Times of Israel, les personnels devant évoluer dans un environnement rempli de diverses machines – couveuses, respirateurs, moniteurs – et se faire une place parmi les parents et les travailleurs sociaux.

Le personnel de l’unité néonatale fait un exercice de réanimation d’un bébé en utilisant une poupée. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)

La guerre, toutefois, « ne saurait pas excuser une diminution de nos normes en matière de soins », note-t-elle alors que les employés, dans la salle, pratiquent un exercice de réanimation sur un bébé, remplacé ici par une poupée.

Le complexe souterrain, d’une très grande propreté, consiste en un labyrinthe de couloirs, avec l’aspect compact d’un sous-marin. Les lumières sont douces, les machines font entendre leur ronronnement et l’odeur de l’air est différente.

« Il y a un système spécial de filtration de l’air qui nous protège contre les armes biologiques et chimiques », explique le docteur Uriel Trachtenberg, directeur du département de soins intensifs en médecine générale et respiratoire aux urgences, traversant son unité pour nous montrer une douche susceptible d’être utilisée dans un tel cas de figure.

Quelques minutes plus tard, Trachtenberg s’arrête devant une autre unité et il lèvre les bras pour nous montrer une porte à double battant qui peut résister aux attaques à la roquette du Hezbollah.

Le docteur Uriel Trachtenberg montre la porte à double battant qui a été installé dans son unité souterraine, à l’hôpital Galilée. (Crédit : Diana Bletter/The Times of Israel)

Pendant la guerre du Liban, en 2006, le Hezbollah avait tiré près de 4 000 roquettes en direction d’Israël. 49 civils et 121 soldats israéliens avaient alors perdu la vie.

La structure souterraine – qui était alors plus petite qu’elle ne l’est maintenant – avait été utilisée pendant tout le conflit. Elle avait été initialement construite à la fin des années 1970 suite à la décision prise par le chef de l’établissement, le docteur Shaul Shasha, qui avait anticipé les menaces qui pouvaient planer sur la région.

A l’époque, « les gens avaient considéré qu’il était fou », selon un porte-parole de l’hôpital. Mais pendant la guerre de 2006, des roquettes du Hezbollah avaient endommagé le département d’ophtalmologie qui était situé au 4e étage.

« Une menace persistante est présente au grand jour devant les fenêtres de notre hôpital », avait écrit Barhoum dans le Times of Israel, en 2016. Aujourd’hui, estime-t-il, « le Hezbollah pourrait bien tirer des centaines, voire des milliers de missiles en direction de la Galilée. »

« Nous nous préparons à un tel cas de figure depuis 2006 », explique-t-il. « Nous devons être prêts à nous adapter à tous les scénarios ».

L’hôpital de Safed est prêt pour une guerre de grande envergure

A Safed, Zarka affirme que l’hôpital Ziv est dorénavant prêt à affronter un conflit à grande échelle.

Le directeur de l’hôpital Ziv, le docteur Salman Zarka, à droite, pendant un exercice dans son établissement situé dans la ville de Safed, dans le nord d’Israël, le 11 décembre 2022. (Crédit : David Cohen/Flash90)

L’hôpital est situé à un peu plus d’onze kilomètres de la frontière, et à un peu plus de 80 kilomètres de la frontière que partage Israël avec la Syrie. En 2013, alors qu’il était chef du Corps médical au sein du Commandement du nord de Tsahal, Zarka avait envoyé des blessés syriens à Ziv pour qu’ils y soient pris en charge. Il est devenu directeur de l’établissement en 2014.

Depuis le 7 octobre, l’hôpital a accueilli plus de 290 civils et soldats qui ont été blessés alors qu’ils se trouvaient sur le territoire israélien.

Dans les prochaines semaines, confie Zarka, l’hôpital sera prêt en tant que centre de traumatologie de Niveau 1 – ce qui signifie qu’il aura les capacités de procéder à des interventions en neurochirurgie ou en chirurgie thoracique sur tous les blessés de guerre et que leur transfert vers un autre hôpital ne sera ainsi plus nécessaire.

Construit sur une colline qui surplombe la Galilée, l’hôpital est presque pittoresque avec les arbres immenses qui bordent son entrée et les personnes qui boivent un café en terrasse d’un bar, juste à côté de la porte principale. Et pourtant, dans la vallée située en contrebas, le paysage porte les cicatrices des attaques du Hezbollah, avec son sol calciné et ses arbres aux feuilles roussies.

Des arbres brûlés par des tirs de roquette du Hezbollah, près de Safed. (Crédit : Diana Bletter/Times of Israel)

Et alors que la guerre se rapproche, Zarka explique que l’hôpital a combiné les soins apportés aux patients originaires du nord du pays et les préparations en vue d’un conflit plus large.

« Au cas où nous devenions ‘un îlot isolé’, » déclare Zarka, « nous avons des produits alimentaires, nous avons des médicaments et nous avons de l’oxygène pour tenir plusieurs jours ».

Le Magen David Adom déterminant après « le séisme d’origine humaine » du 7 octobre

Les deux directeurs se coordonnent avec les équipes du Magen David Adom (MDA) en ce qui concerne « les scénarios du pire », explique le chef du personnel au sein de ces services de secours, Uri Shacham.

Si la région de Galilée est attaquée et que les hôpitaux deviennent « des îlots isolés », note Shacham, le MDA utilisera ses 600 médicycles – des motos et des scooters dotées d’un équipement médical – pour livrer du sang de la banque du sang qui a été mise en place par le Magen David Adom aux hôpitaux du nord du pays.

Shacham déclare que le MDA s’est rendu compte « qu’il y a un séisme tous les 100 à 150 ans » et que l’organisation s’est préparée à cette possibilité.

Des employés du Magen David Adom sur leurs médicycles pendant un exercice récent. (Crédit : Eliran Avital)

Et il y a eu en effet, continue-t-il, un « séisme d’origine humaine » le 7 octobre. Il pense qu’une guerre contre le Hezbollah pourrait poser « des difficultés similaires ».

Shacham note que si les réseaux de communication sont endommagés, les motards pourront faire office de courriers, transmettant des informations.

« On va revenir à la base », poursuit-il, en garantissant que « les informations seront rassemblées et ce, même si les communautés ne peuvent plus utiliser leurs téléphones cellulaires ou si les lignes terrestres sont coupées ».

Et si les routes sont détruites, Shacham fait remarquer que le MDA pourra compter sur ses véhicules tout-terrain, connus sous le nom d’Unimogs, qui pourront quitter les artères de circulation pour aller là où ils doivent se rendre.

Zarka indique qu’il a dit à ses personnels « de préparer leur valise » pour être en mesure de séjourner à l’hôpital, avec des tours de garde qui pourront durer jusqu’à douze heures. Les établissements hospitaliers situés dans le centre du pays mettront également leurs employés à disposition si des renforts s’avèrent être nécessaires, déclare Zarka.

Et s’ils sont dans l’incapacité de pénétrer dans les zones de guerre, précise Shacham, alors le MDA mettra à disposition ses 23 ambulances blindées pour assurer le transport des personnels.

Et pendant ce temps, à ce moment où une guerre semble poindre à l’horizon, le travail continue pour les employés des deux hôpitaux.

De nouvelles barrières en béton aux abords de l’hôpîtal Ziv de Safed. (Crédit : Diana Bletter/The Times of Israel)

A Ziv, Zarka note que les employés sont « Juifs, chrétiens, musulmans, circassiens, druzes et bédouins – et tous travaillent d’un seul corps, côte à côte, pour sauver les vies de tous, ici ».

Un sens de la solidarité qui se retrouve également du côté des personnels de l’hôpital Galilée.

« La proximité de la frontière et la situation très tendue auraient pu se transformer en poudrière pour les employés comme pour les patients », indique Trachtenberg. « Mais nous sommes devenus plus forts, plus proches les uns des autres. Nous œuvrons, tous ensemble, à faire le bien. C’est un message très puissant ».

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