« On ne peut s’opposer à rien. Cela pourrait vous coûter la vie », raconte une ex-otage sur CBS
Yarden Roman-Gat raconte que la crainte d'une agression sexuelle l'a hantée constamment pendant ses 54 jours de captivité. Maintenant, elle se bat pour la liberté de sa belle-sœur, Carmel Gat
Yarden Roman-Gat, enlevée par des terroristes du Hamas le 7 octobre et libérée après 54 jours de captivité, a déclaré qu’elle était constamment surveillée et faisait face à une peur perpétuelle de violences tout au long de ses 54 jours de captivité, dans une interview avec le réseau américain CBS diffusée dimanche soir.
Yarden Roman-Gat, 34 ans, enlevée par le Hamas chez ses beaux-parents au kibboutz Beeri le 7 octobre, a raconté à Leslie Stahl de « 60 Minutes » de l’horreur de la vie en otage, notamment du manque de contrôle sur ce qui lui arrivait et d’avoir été forcée de paraître heureuse lors de sa libération dans le cadre d’un accord de trêve le 30 novembre.
Alon Gat, le mari de Yarden, est également apparu dans le reportage, visitant les ruines de la maison de ses parents à Beeri, où Yarden, Alon et sa sœur Carmel étaient en vacances au moment de l’assaut du Hamas le 7 octobre.
Alon a décrit à Stahl comment, après avoir pris d’assaut les portes du kibboutz, les terroristes du Hamas ont pénétré dans la maison de la famille Gat et ont abattu sa mère, Kinneret Gat. Yarden, Alon et leur fille Geffen ont été poussés dans une voiture, et la sœur d’Alon, Carmel, a disparu.
Lors de l’assaut du 7 octobre, environ 3 000 terroristes du Hamas ont envahi Israël, tuant, mutilant et brûlant environ 1 200 personnes, principalement des civils, violant des victimes et prenant quelque 240 otages, dont 40 enfants. Carmel Gat, 39 ans, est toujours détenue par le Hamas.
Alon a expliqué à Stahl comment, alors qu’ils étaient conduits à Gaza par des membres du Hamas, ils ont croisé un char israélien. Les terroristes ont arrêté la voiture et se sont cachés dans les bois environnants, permettant à la famille de s’enfuir. Alon, qui courrait plus vite, a pris Geffen avec lui, et ensemble, ils se sont cachés dans un fossé pendant près de neuf heures jusqu’à ce que le danger soit passé.
Yarden, toujours en pyjama, a couru aussi, jusqu’à ce qu’elle tombe par terre, trop épuisée pour continuer. Les terroristes l’ont rapidement rattrapée.
« J’ai fait semblant d’être morte, mais retenir ma respiration était presque impossible », a-t-elle déclaré dans l’interview. « Alors ils ont dit, ‘Non, elle n’est pas morte. Il n’y a pas de sang. Alors, prenez-la’. Et ils ont attrapé mes bras et ont commencé à me traîner sur le sol vers la voiture. »
Pendant qu’ils la traînaient, les vêtements qu’elle portait ont accroché le sol et ont commencé à se détacher. Craignant qu’ils ne la violent, elle a décrit ce moment comme « l’un des plus effrayants ».
Des témoins et d’autres personnes ont raconté que parmi les atrocités commises lors de l’assaut du 7 octobre figuraient des cas de violence sexuelle, dont des viols. Il y a eu de nombreuses spéculations selon lesquelles le Hamas continuait à utiliser la violence sexuelle comme arme contre les otages à Gaza.
Cependant, Roman-Gat a indiqué que ses ravisseurs étaient plutôt concentrés sur leur mission, à savoir, la faire entrer à Gaza, où elle a été exhibée comme un trophée devant des foules en liesse, a-t-elle dit.
À Gaza, Roman-Gat a été emmenée dans une maison et a reçu un hijab qui couvrait la majeure partie de son corps : « Ma seule protection », a-t-elle dit à Stahl.
Sous la surveillance constante de gardes exclusivement masculins, Roman-Gat avait peur d’être agressée sexuellement : « On ne peut s’opposer à rien. Cela pourrait vous coûter la vie. »
Yarden Roman-Gat, one of the Israelis taken hostage by Hamas during the Oct. 7 attacks and held for nearly two months, shares her experience: "You're hopeless. You have no protection. You cannot object to anything, it could cost you your life."
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— Face The Nation (@FaceTheNation) December 17, 2023
Elle avait également peur d’être tuée par une frappe aérienne israélienne.
Trois semaines après sa captivité, Roman-Gat a connu un éclair d’espoir. En entendant la radio, elle a remarqué qu’une cousine d’Alon se référait à elle et à sa belle-sœur Carmel comme des otages. Roman-Gat en a déduit que son mari Alon et sa fille Geffen avaient échappé à l’enlèvement.
Pendant ce temps, en Israël, Alon œuvrait à la libération des membres de sa famille retenus captifs par le Hamas, prenant à peine le temps de pleurer sa mère assassinée.
« J’étais déconnecté émotionnellement », a-t-il dit, « et je le suis toujours, je pense. » Lui et sa famille ont créé une « salle de guerre familiale » et se sont rendus à Washington pour demander de l’aide.
Au cours de la dernière semaine de novembre, dans le cadre d’un accord négocié par le Qatar, Israël a temporairement accepté une pause dans les combats à Gaza et a accepté un accord qui consistait à libérer 240 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale, en échange de la libération 105 femmes et enfants – des civils innocents – retenus en otage par le Hamas.
Pendant six jours, Israël a libéré des prisonniers et a reçu une liste d’otages à libérer le lendemain. Gili Roman, le frère de Yarden, a décrit le processus à Leslie Stahl comme une « émission de téléréalité tordue ».
Le nom de Yarden Roman-Gat figurait sur la liste finale avant que l’accord ne s’effondre et que les combats ne reprennent.
Roman-Gat a raconté comment ses gardes insistaient pour qu’elle paraisse joyeuse à sa libération.
« Ils se demandaient pourquoi je n’étais pas heureuse. Ils l’exigeaient presque. ‘Sois heureuse, sois heureuse déjà. Tu rentres chez toi' », a-t-elle raconté
Elle a refusé de dire si elle avait été droguée, comme d’autres otages.
« Je ne veux pas en parler », a-t-elle dit à Stahl.
Alon Gat, le mari de Yarden, a raconté avoir annoncé la nouvelle de sa libération à sa fille à 2 heures du matin. « Je l’ai réveillée et je lui ai dit ‘Nous avons trouvé Maman. Nous avons trouvé Maman et elle revient.' »
Yarden a déclaré à « 60 Minutes » qu’elle fait maintenant partie de la salle de guerre familiale et se bat pour la liberté des 128 otages toujours détenus à Gaza, dont la sœur d’Alon.
« Ma belle-sœur Carmel et plusieurs autres otages sont toujours à Gaza », a-t-elle déclaré. « Et c’est mal. Et nous devons arrêter ça. Et si nous pouvons faire quelque chose pour aider, nous le ferons. »
« En tant que femme, la peur d’être violée ou de subir différents sévices ne vous quitte jamais, jamais, ce n’est tout simplement pas une option parce que tant que vous êtes là, vous êtes désespérée, vous êtes sans protection, vous ne pouvez pas vous opposer à quoi que ce soit, cela pourrait vous coûter la vie », a-t-elle expliqué à l’intervieweur.
« Et cette peur n’était pas aussi intense durant toute la captivité, mais elle ne disparaîtra jamais. Elle est toujours là », a-t-elle poursuivi.