L’Israélien Helios s’associe à OHB SE pour produire de l’oxygène sur la lune
La start-up signe un accord avec la société allemande pour prouver que sa technologie d'oxygène issu du sable lunaire fonctionne dans des conditions d'apesanteur
Ricky Ben-David est journaliste au Times of Israël

La startup israélienne Helios a annoncé lundi la signature d’un nouvel accord avec la multinationale technologique européenne OHB SE afin de fournir la technologie Helios pour produire de l’oxygène et des métaux sur la lune à bord du système d’atterrissage lunaire LSAS (Lunar Surface Access Service).
Le système d’atterrissage s’appuie sur la conception de l’alunisseur israélien Beresheet, co-développé par l’organisation SpaceIL et Israel Aerospace Industries (IAI), qui s’est embarqué dans une mission d’atterrissage ratée en 2019 et doit faire une deuxième tentative dans trois ans. IAI et OHB ont uni leurs forces il y a deux ans pour développer le LSAS pour des clients commerciaux mondiaux.
Basé en Allemagne, OHB gère et coordonne le projet LSAS – de la sélection des charges utiles, à leur intégration sur l’alunisseur, jusqu’au lancement de la mission – ainsi que les missions individuelles sur la lune.
Dans le cadre du nouvel accord, la technologie d’Helios volera sur les trois premières missions LSAS vers la surface lunaire à partir de 2025.
Helios a été créée en 2018 dans le cadre d’un atelier d’innovation organisé par l’Agence spatiale israélienne lors de la semaine de l’espace en Israël cette année-là. L’entreprise affirme avoir développé une technologie capable de produire l’oxygène nécessaire au carburant à partir du sol lunaire, ce qui rendra économiquement viables les missions multiples et à long-terme sur la Lune, car cela permettra aux colonies lunaires de « vivre de la terre » au lieu de devoir transporter tout leur carburant et autres ressources depuis la Terre.
L’un des principaux obstacles à l’envoi de missions sur la Lune est le coût du transport des objets de la Terre à la surface lunaire. Le lancement de fusées avec une cargaison nécessite du carburant ; plus la cargaison est lourde, plus il faut de carburant. Ce carburant supplémentaire s’ajoute au poids, ce qui nécessite encore plus de carburant. L’oxygène est un composant vital pour la combustion du carburant.
L’installation d’une base lunaire ou l’organisation de visites lunaires récurrentes, comme le prévoient les entreprises spatiales privées telles que SpaceX pour la prochaine décennie, pourrait nécessiter des milliers de tonnes d’oxygène par an utilisées comme carburant pour fusée.

Il en coûte plusieurs centaines de milliers de dollars par kilogramme pour expédier quoi que ce soit sur la lune – ce qui rend les missions à long-terme économiquement non viables, à moins que l’oxygène puisse être produit sur la lune, a déclaré Helios.
Le processus que la société a mis au point s’appelle l’électrolyse du régolithe fondu et utilise un réacteur alimenté par le sol. Il fait fondre le sol lunaire à 1 600 degrés Celsius, puis, par électrolyse, crée de l’oxygène qui est stocké pour être utilisé.
L’entreprise a simulé la plupart des conditions de la lune pour tester son système, en utilisant du sable semblable à celui de la lune, développé par l’Université de Floride centrale, sur la base d’échantillons ramenés de la lune. La mission va maintenant lui permettre de tester sa technologie sur la lune, en l’absence de gravité, pour voir comment elle se comporte.
Basée à Tzur Yigal, dans le centre d’Israël, Helios a reçu des fonds de l’Agence spatiale israélienne et du ministère de l’énergie.
« La production d’oxygène sur la surface lunaire est essentielle pour permettre l’expansion de l’humanité au-delà de la Terre et pour réduire considérablement le coût de l’exploration spatiale. L’oxygène sera le consommable le plus recherché dans l’espace, car il représente plus de 60 % de la masse de tout véhicule spatial entièrement chargé destiné à des missions lunaires et au-delà », a déclaré Jonathan Geifman, cofondateur et PDG d’Helios, dans un communiqué lundi.
« La mission lunaire d’Helios avec OHB permet de faire évoluer sa technologie de production d’oxygène dans un environnement lunaire réel, et constitue une étape importante dans la réalisation de l’industrie cislunaire à venir », a-t-il ajouté.
« Le retour et l’établissement d’une base permanente sur la lune nécessitent une coopération internationale et la création de partenariats entre les agences spatiales et les entreprises privées », déclare le brigadier-général (Rés.) Uri Oron, directeur général de l’Agence spatiale israélienne. La coopération entre Helios et OHB « démontre la relation forte et durable entre l’Allemagne et Israël, et la contribution que ce partenariat peut apporter à l’industrie spatiale. »

OHB espère fournir aux clients européens et internationaux des communautés scientifiques et commerciales « un accès rapide à la lune », a déclaré le Dr Lutz Bertling, membre du conseil d’administration de OHB SE. « Dans le développement du marché économique lunaire, nous avons l’intention de combler une lacune avec LSAS en tant que premier service européen de navette lunaire, puisque selon les plans actuels, un alunisseur européen institutionnel sera disponible en 2029 au plus tôt. »
Le Dr Timo Stuffler, responsable du développement commercial chez OHB, a déclaré qu’Helios « franchissait une étape importante vers la possibilité de tester rapidement du matériel pour l’utilisation in situ des ressources sur la lune. »
En juillet, Helios a annoncé son intention de se joindre aux deuxième et troisième missions sur la lune de la société japonaise d’exploration lunaire ispace, dans le cadre d’un accord distinct visant à envoyer ses technologies sur la surface lunaire. Selon l’accord, ispace livrera la technologie à bord de l’atterrisseur d’ispace d’ici fin 2023 et mi-2024.
L’entreprise japonaise est une société d’exploration lunaire qui emploie plus de 150 personnes et possède des bureaux au Japon, en Europe et aux États-Unis. Elle construit un petit alunisseur commercial, qui vise à fournir un service de livraison à haute fréquence et à faible coût sur la Lune, ainsi qu’un rover lunaire pour l’exploration de la surface. Sa première mission lunaire est prévue pour 2022.
Shoshanna Solomon a contribué à cet article.