Lycée Averroès : Elisabeth Borne fait appel de la décision de justice
La ministre invoque des « manquements graves aux principes de la République ». La polémique prend une tournure politique, impliquant aussi Bruno Retailleau et Xavier Bertrand

« J’ai décidé de faire appel. » Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé saisir le Conseil d’État après la décision du tribunal administratif de Lille de rétablir le contrat d’association entre l’État et le lycée musulman Averroès.
Sur TF1, la ministre a évoqué des « manquements graves aux principes fondamentaux de la République » pour justifier sa décision.
L’ex-Première ministre a notamment accusé l’établissement d’avoir « interdit l’accès à des inspecteurs de l’Éducation nationale, empêchant tout contrôle ». « Cela légitime une forme de perte de confiance et la résiliation de ce contrat », a ajouté la ministre.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a de son côté qualifié le lycée de « bastion de l’entrisme islamiste », affirmant que « l’argent des Français n’a rien à faire dans ce genre d’organisation ».
Enfin, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a déclaré qu’il ne verserait aucune subvention tant que la décision de justice ne serait pas définitive. Une prise de position que la ministre de l’Éducation nationale a tenu à recadrer, rappelant que l’État doit se soumettre aux décisions de justice.
Le lycée Averroès – fondé en 2003 à Lille – était jusqu’en septembre 2024 le principal lycée musulman sous contrat avec l’État français.
Le 7 décembre 2023, le préfet du département du Nord (représentant l’État) avait mis fin à ce contrat, privant l’établissement de subventions publiques depuis la rentrée 2024.
Le préfet avait dénoncé la mention, dans la bibliographie d’un cours d’éthique musulmane, d’un recueil de textes religieux contenant des commentaires prônant la peine de mort en cas d’apostasie ainsi que la ségrégation des sexes.
Mercredi dernier, le tribunal administratif de Lille avait expliqué avoir annulé la décision de résiliation parce qu’elle n’établissait pas « l’existence de manquements graves au droit » et que la procédure était « entachée d’irrégularités ».