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Migrants : Le HCR espère qu’Israël va « reconsidérer » son annulation

Cet accord prévoit la réinstallation de plus de 16 000 Soudanais et Erythréens vivant en Israël dans des pays occidentaux

Des demandeurs d'asile africains et des activistes israéliens manifestent devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, contre leur expulsion, le 3 avril 2018. (Crédit : Hadas Parush / Flash90)
Des demandeurs d'asile africains et des activistes israéliens manifestent devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, contre leur expulsion, le 3 avril 2018. (Crédit : Hadas Parush / Flash90)

Le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU espère qu’Israël va « bientôt reconsidérer » sa décision d’annuler un accord sur les migrants africains qu’il venait de conclure, a affirmé mardi à l’AFP un porte-parole du HCR.

« Nous continuons de croire dans la nécessité d’un accord gagnant-gagnant qui puisse bénéficier à Israël, à la communauté internationale et aux personnes qui ont besoin d’un asile », a expliqué par mail, William Spindler, porte-parole du Haut-Commissariat, ajoutant : « nous espérons qu’Israël va bientôt reconsidérer sa décision » d’annuler cet accord.

Cet accord prévoit la réinstallation de plus de 16 000 Soudanais et Erythréens vivant en Israël dans des pays occidentaux. En échange, l’Etat hébreu s’engageait à donner un titre de séjour à un nombre équivalent d’entre eux devant rester sur son territoire.

Quelques heures à peine après avoir annoncé cet accord ayant vocation à se substituer à un programme d’expulsions très controversé, M. Netanyahu l’a d’abord suspendu, puis l’a annulé.

Certains de ces habitants dénonçaient le fait que des milliers de Soudanais et d’Erythréens soient autorisés à rester en Israël.

Selon les autorités israéliennes, 42 000 migrants africains vivent actuellement en Israël. Les femmes et les enfants n’étaient pas menacés par le plan initial d’expulsions.

Ces migrants sont arrivés majoritairement après 2007, à partir du Sinaï. La frontière à l’époque poreuse avec l’Egypte a depuis été rendue quasiment hermétique. Ils se sont installés en nombre dans des quartiers pauvres de Tel-Aviv, la grande ville côtière.

La suspension de l’accord avec le HCR a été saluée par des responsables de droite et les militants opposés à la présence des migrants en Israël. Elle a en revanche été vivement critiquée par l’opposition qui, la veille, avait salué l’annonce de l’accord.

« Aucune obligation morale »

« Israël est un Etat juif et démocratique qui doit s’efforcer de conserver son identité (…). Les clandestins illégaux doivent repartir dans leurs pays », avait asséné la ministre de la Culture, Miri Regev, un soutien d’ordinaire indéfectible de M. Netanyahu.

Mardi, le ministre de l’Education Naftali Bennett, dirigeant du parti nationaliste religieux Foyer juif, a également jugé à la radio publique qu’Israël n’avait « aucune obligation morale d’accueillir des clandestins à la recherche de travail ».

Il a réaffirmé vouloir l’annulation pure et simple de cet accord « problématique » avec l’ONU, et non sa seule suspension.

Benjamin Netanyahu, qui avait promis l’an dernier de « rendre le sud de Tel-Aviv aux citoyens d’Israël », doit rencontrer les représentants de ces habitants ce mardi.

Dans une première réaction à l’AFP, le HCR a déploré la suspension de l’accord.

« Nous restons disposés (à l’appliquer) car tout le monde en aurait tiré profit », a affirmé une porte-parole, Carlotta Salma.

Dans le cadre de cet accord, des pays comme « le Canada, l’Allemagne et l’Italie » ont vocation à accueillir ces milliers de migrants, selon M. Netanyahu. Ces deux derniers pays ont toutefois démenti lundi soir.

Mme Salma a elle évoqué un « malentendu », assurant que le HCR s’était donné pour mission de « trouver un accord avec (les pays) se portant disponibles ».

« Girouette apeurée »

La suspension de l’accord avec le HCR a été saluée par des responsables de droite et les militants opposés à la présence des migrants en Israël. Elle a en revanche été vivement critiquée par l’opposition qui, la veille, avait salué l’annonce de l’accord.

Le chef du parti travailliste, Avi Gabbay, s’est inquiété sur son compte Twitter des capacités du Premier ministre israélien à diriger le pays.

« Nous n’avons aucune raison de penser que, sur les questions de sécurité, les décisions de Netanyahu sont les meilleures », a-t-il écrit.

« A 16H00, c’est un dirigeant qui prend des décisions difficiles. A 23H00, c’est une girouette apeurée », a renchéri Ofer Shelach, député du parti Yesh Atid.

L’éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot, Sima Kadmon, a estimé que ce revirement constituait « un signal d’alarme sur la conduite générale » de M. Netanyahu.

« Il a suffi de quelques tweets et de vibrations négatives sur les réseaux sociaux pour que six heures quarante-cinq après l’annonce de l’accord, une décision si importante soit annulée », a raillé Mme Kadmon, tout en évoquant le soutien de la gauche à « une décision courageuse et logique ».

Durant la rencontre entre M. Netanyahu et les habitants de Tel-Aviv, une manifestation contre la suspension de ce plan doit se tenir à Jérusalem devant le bureau du Premier ministre.

Pour Shefi Paz, une des militantes opposées à la présence de migrants africains à Tel-Aviv, « il est temps que le gouvernement trouve une solution à long terme ».

Mme Paz, qui doit rencontrer M. Netanyahu, a déclaré à l’AFP qu’elle allait lui dire « que tous les clandestins doivent être expulsés ».

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