« Pas de sionistes ici » : des militants anti-Israël manifestent contre un hôpital à New York
Des centaines de personnes ont manifesté contre la "destruction" du système de santé à Gaza ; Un partisan d'Israël a rétorqué : "Manifester devant un hôpital. C'est n'importe quoi"
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK – Des centaines de manifestants anti-Israël ont manifesté lundi devant le centre hospitalier Langone de l’Université de New York.
La manifestation était organisée par Within Our Lifetime, organisation extrémiste proche du discours du Hamas, qui s’est réjouie du pogrom commis le 7 octobre 2023 en Israël et appelle régulièrement à la fin d’Israël. Des dizaines de groupes activistes new-yorkais se sont dits solidaires de cette manifestation, à commencer par des organisations étudiantes, socialistes et pro-palestiniennes.
Les organisateurs ont expliqué avoir choisi l’hôpital pour « appeler l’attention sur la destruction » du système de santé de Gaza.
Les manifestants ont scandé des slogans du type : « Haut et fort, nous le disons clairement, nous ne voulons pas de sionistes ici » ou encore « La résistance est justifiée en cas de colonisation ».
Dans la foule, on pouvait voir de nombreuses banderoles et notamment des drapeaux palestiniens, transgenres, anarchistes ou encore libanais. Les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « En finir avec Israël » ou « Droit au retour ». Certains tenaient des tracts avec des photos de personnels des services de santé de Gaza.
« Il n’y a qu’une seule solution – l’Intifada, la révolution », pouvait-on les entendre dire.
La foule s’était rassemblée dans un froid glacial sur le trottoir, face à l’entrée principale de l’hôpital Tisch. Des dizaines de policiers se trouvaient devant les portes de l’hôpital et, en sortant, les patients s’arrêtaient pour regarder la manifestation.
Un manifestant a écrit « Gaza » à côté d’un triangle inversé, symbole pro-Hamas, dans la neige, sur le pare-brise d’une voiture.
Une dizaine de contre-manifestants pro-Israël ont agité des drapeaux américains. Les deux camps ont échangé des insultes de part et d’autre d’une barrière métallique, les militants pro-palestiniens qualifiant les pro-Israël de « tueurs de bébés », « fascistes » et « putain de sionistes », ce à quoi ces derniers ont répondu en les traitant de « terroristes » et en se moquant d’eux qui dissimulaient leur visage sous des masques chirurgicaux.
« Manifester dans un hôpital. C’est n’importe quoi », a crié un partisan d’Israël.
Des policiers se trouvaient physiquement entre les deux groupes, les responsables de l’hôpital se tenant à l’écart.
« Préparez vos meilleures insultes mais restez bien à une distance d’un mètre. Vous pouvez vous crier dessus autant que vous voulez », a déclaré un policier.
Un manifestant portant un bandeau du Hamas s’est moqué des otages israéliens détenus à Gaza en disant aux contre-manifestants : « Où sont vos otages ? Où sont-ils ? Allez-y, allez donc les chercher. »
Pro-Hamas anarchist Nerdeen Kiswani from 'Within Our Lifetime' is calling on healthcare workers to participate in a sick-out, which would deny patients medical attention at NYU Langone. https://t.co/vDCkfd9dsd pic.twitter.com/ufoVz5ZEv8
— Sam E. Antar (@SamAntar) January 6, 2025
Cette manifestation devant un hôpital fait suite à un raid de l’armée israélienne sur l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, fin décembre. L’armée israélienne avait déclaré que des terroristes du Hamas opéraient depuis l’hôpital et que les forces israéliennes avaitn fait le nécessaire pour évacuer les civils et limiter les dégâts.
Depuis le début de la guerre, le Hamas livre des combats depuis l’intérieur des hôpitaux, allant même jusqu’à y cacher des otages israéliens. Le droit international interdit de prendre pour cible les hôpitaux en temps de guerre, sauf à ce qu’ils soient utilisés à des fins militaires.
L’an dernier, Within Our Lifetime a manifesté devant le Memorial Sloan Kettering Cancer Center, dans l’Upper East Side.
On ignore à ce stade la raison précise pour laquelle les manifestants ont choisi l’hôpital Tisch, d’autant que Within Our Lifetime refuse de parler aux « médias sionistes ». Cet établissement est, comme tant d’autres, affilié au Langone Health Center de l’Université de New York et porte le nom d’une célèbre famille juive aux nombreuses actions caritatives. Une de ses membres, Jessica Tisch, a d’ailleurs été nommée cheffe du NYPD le mois dernier.
D’autres militants pro-palestiniens ont tenté de faire des questions médicales des arguments du champ de bataille.
La rapporteuse spéciale des Nations Unies pour les Palestiniens, Francesca Albanese, a demandé la semaine dernière aux professionnels de santé de cesser tout lien avec les institutions israéliennes. Albanese est connue pour avoir déjà tenu des propos antisémites et des discours extrémiste contre Israël.
Les prestataires de soins de santé juifs font état d’un antisémitisme généralisé depuis le 7 octobre.
L’American Jewish Medical Association a qualifié la manifestation de lundi de « scandaleuse ».
« Il faut mettre un terme aux mensonges. Il faut que l’instrumentalisation des soins de santé cesse », a déclaré par voie de communiqué Yael Halaas, fondatrice et présidente du groupe. « Ce n’est pas une coïncidence si cet événement scandaleux a eu lieu à NYU – un hôpital fréquenté par des Juifs. C’est un fait : l’antisémitisme dans le milieu de la santé a une conséquence sur les soins de toute la population. »
Le président de l’arrondissement de Manhattan, Mark Levine, Démocrate et juif, a qualifié la manifestation de « manifestement antisémite ».
A New-York, les manifestations anti-Israël ont commencé au lendemain de l’attaque du 7 octobre et des centaines de rassemblements ont eu lieu depuis, devant des stations de transport, des musées, des universités ou des lieux de fête.